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Assemblée générale

France Grenade : se faire connaître et s’imposer sur le marché

Le syndicat France Grenade tenait sa deuxième assemblée générale dernièrement dans la Drôme. Depuis sa création il y a deux ans, le nombre d’adhérents a fortement augmenté et les actions de communication se multiplient. Objectif : s’imposer face aux géants étrangers.

 France Grenade : se faire connaître et s’imposer sur le marché
©PAM
Le marché de la grenade en France est en pleine expansion, poussant les producteurs à trouver des solutions rapidement pour la commercialisation.

Fondé en février 2023, le syndicat France Grenade n’en est encore qu’à ses prémices. Mais il s’est déjà fixé des objectifs de taille. Il faut dire que depuis sa création, les productions de grenades se sont accrues. Un constat partagé par le président du syndicat, Jean-Francis Rispoli : « Les arbres plantés il y a trois à quatre ans, juste avant la création du syndicat commencent à produire du fruit ». Se pose donc maintenant un problème de taille pour les producteurs, « celui de la commercialisation ». Et dans ce sens, « le syndicat est d’une nécessité cruciale, car nous allons avoir de plus en plus de quantités à vendre », justifie le président en introduction de son assemblée générale, le 11 mars dernier à Bouchet.

Promotion et commercialisation

Les producteurs de grenades le savent : cela peut prendre du temps avant que les consommateurs se tournent vers un nouveau produit. Il faut donc réussir à vanter ses mérites, lui forger une bonne réputation. Un travail fastidieux. Le faire reconnaître par un signe officiel de qualité l’est encore plus. Alors, même si cela fait seulement deux ans qu’ils ont choisi de se regrouper, ils charbonnent déjà et ont de nombreux objectifs en tête : défendre et promouvoir la production de la grenade cultivée en France, assurer la représentation des intérêts des producteurs, mettre en place de la formation technique, faire la promotion de la grenade et de ses bienfaits, faire de la recherche et développer les produits et co-produits.
Des buts à atteindre qui nécessitent d’être « nombreux et groupés », rappelle le président, mais qui demandent aussi des moyens. C’est pour cela que le syndicat souhaite fédérer les collectivités territoriales et les organismes, pour l’aider à financer ses recherches, études et autres actions.
Jean-Francis Rispoli a bien conscience de l’état du marché actuel et a tenu à le rappeler aux producteurs : « Nous ne pourrons jamais être au même prix que les géants qui viennent de Turquie ou d’Iran. Mais on peut en revanche prouver aux consommateurs les bienfaits que la consommation de grenade peut avoir sur la santé. Nos produits, eux, ne sont pas stérilisés et conservent toute leur saveur, leurs antioxydants et autres avantages. C’est sur ce terrain-là que l’on peut se différencier ».

Présence sur le terrain

L’année dernière, les membres du bureau, également producteurs, n’ont pas chômé, présents sur tous les fronts pour développer le syndicat et mettre en avant la grenade française.
Ainsi, ils ont fait faire une étude sur la mise en place d’un signe officiel de qualité, à l’image d’une AOP ou d’une IGP. « Pour le moment, c’est encore trop tôt, rapporte Coralie Arnaud, la trésorière. C’est dans les tuyaux, mais il nous faut plus de recul au niveau de la production pour pouvoir aspirer à en obtenir une. L’important est de poser les jalons et nous nous sommes au moins renseignés. » Ils ont également réalisé une étude de marché sur les coproduits et commencé le démarchage d’entreprises pour la vente en fruits frais et en jus. Dans cette optique de commercialisation, les producteurs se sont aussi penchés sur le calcul d’un prix de vente collectif pour jus et fruits frais. Enfin, essentiel, ils ont rédigé le règlement d’usage et la charte de commercialisation de la marque commune.

La force du collectif

Car le syndicat a en effet sa propre marque : « France grenade ». L’un des objectifs de l’année à venir est de continuer à la développer, afin d’avoir plus de visibilité et espérer accroître les ventes.
Dans ce cadre, le collectif est une vraie force qui permet de faire connaître un produit mais aussi les producteurs, plus rapidement et plus efficacement. Pour cela, France Grenade souhaite poursuivre la promotion de la filière auprès des instances mais aussi de ses clients, en particulier dans des salons. Le syndicat était présent dernièrement au Salon de l’agriculture.
Autre force du groupe, celle de pouvoir porter des demandes professionnelles plus facilement. La dernière, toujours en cours, est une demande de dérogation concernant l’utilisation de la bouillie bordelaise, indispensable pour les producteurs. En effet, « rien ou quasi rien d’homologué n’existe pour les grenadiers », explique la trésorière, qui insiste sur un point : « Il faut impérativement passer par le syndicat si vous avez une demande d’homologation. C’est nous qui faisons ensuite remonter les demandes. Sinon, elle ne sera pas possible ».
Le syndicat France Grenade souhaite aussi mettre en place un partenariat avec la Ligue contre le cancer, à l’occasion du mois Octobre rose et du Movember. « C’est prouvé : la grenade a des vertus bénéfiques qui permettent de lutter contre le cancer. On s’est dit que cela permettrait de faire une bonne action, tout en faisant connaître le fruit et ses bienfaits », détaille Coralie Arnaud.
Côté technique, comme chaque année, deux rendez-vous vont être organisés, le syndicat souhaitant par ailleurs renouveler sa démarche GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental, ndlr), qui arrive à terme en mai. 

Capucine Lorain

Une filière qui grandit
Depuis l’année dernière le syndicat a obtenu 31 % d’adhésions en plus, atteignant un total de 77 adhérents et 238 hectares. C’est dans le Gard et le Vaucluse qu’il y a le plus de production recensée par France Grenade, avec respectivement 70 et 50 hectares. L’un des objectifs du syndicat dans les années à venir est aussi de continuer à regrouper les exploitants, leurs connaissances, et faire grandir la filière.

Des expérimentations et des questions

La grenade française étant une filière en construction, les producteurs avancent à tâtons. La culture est nouvelle, les produits et les pratiques pas encore au point. Alors, le collectif souhaite travailler avec le Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes (CTIFL), notamment autour d’une expérimentation permettant de conserver les fruits plus longtemps. Car, pour le moment, les grenades françaises en fruits frais sont disponibles à la vente jusqu’en décembre maximum. Mais la demande sur ce fruit excède cette date. « Cette expérimentation nous permettrait de conserver les grenades jusqu’à fin janvier, début février, au moment où la demande est forte. Et ainsi de concurrencer les fruits turcs et péruviens. C’est une véritable opportunité », précisent des producteurs.
Ces derniers se questionnent par ailleurs sur les différentes variétés de grenade. Ils sont à la recherche de la plus adaptée aux consommateurs, de la plus productive, que ce soit en termes de goût mais aussi de vertus. Pour répondre à ces questions, le syndicat compte bien évidemment sur des essais variétaux, mais envisage aussi de lancer des sondages clients, gustatifs et visuels. Se pose aussi la question de la mise en marché. « Faut-il s’affilier à une coopérative existante ? En créer une ? », s’interroge à voix haute le président. Et il ne faudra pas trop tarder car avec les quantités de grenades devenant plus importantes, il va rapidement falloir trouver des moyens de commercialisation supplémentaires.