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DÉSHERBAGE

Comment les bio gèrent leurs mauvaises herbes ?

Souvent carencés en azote, les champs bio gèrent, de longue date, d’autres types de mauvaises herbes qu’en conventionnel. Leurs outils de lutte peuvent être source d’inspiration. 

Comment les bio gèrent leurs mauvaises herbes ?
En l’absence d’herbicide, les céréaliers bio ont recours à la lutte mécanique et à la prophylaxie (prévention), qui peuvent être utilisées en conventionnelle.

Les mauvaises herbes en céréales bio constituent également un sujet de préoccupation accru pour les producteurs ces dernières années, comme en conventionnel. Mais les raisons sont différentes. Si les problèmes de gestion des adventices s’accroissent, « c’est surtout parce que la sole de bio augmente. Les nouveaux producteurs doivent s’habituer à cette flore et apprendre à la gérer », explique Amélie Carrière, responsable du programme Agriculture biologique d’Arvalis. En bio, les adventices sont d’une tout autre nature. « Ce ne sont pas réellement le vulpin et le ray-grass qui posent des problèmes, car les sols en bio sont généralement plus carencés en azote et donc moins favorables aux graminées, explique Amélie Carrière. Nous avons davantage de soucis de chardon, de rumex, de folle avoine, de xanthium… ». La flore adventice s’avère plus diversifiée en raison de rotations culturales plus longues et contenant donc des espèces plus variées, ajoute l’experte.

Projet de couvert permanent

En l’absence d’herbicide, les céréaliers bio ont recours à la lutte mécanique et à la prophylaxie (prévention), qui peuvent être utilisées en conventionnelle : rotations diversifiées et plus longues, décalage de date de semis, semis sous couvert végétal, usage de variétés couvrantes, désherbage mécanique, etc. Diverses initiatives ont été lancées pour résoudre les soucis d’adventices en bio. Dans le cadre du plan Parsada, le projet Parad, doté d’un budget de 13,3 millions d’euros et porté par l’Inrae, est destiné à étudier leur biologie, et à trouver des leviers agronomiques innovants. Un volet robotique et numérique sera également travaillé. Le projet a été lancé en janvier 2025, pour une durée de cinq ans. Des essais sur le terrain, soutenus par les fermes Dephy et des réseaux de parcelles, permettront de valider les solutions proposées. Il ambitionne par ailleurs de renforcer les liens entre recherche et formation. Citons un autre projet à plus petite échelle : BBSOCOUL, piloté par l’Institut Agro Montpellier. Le but est de produire un couvert végétal permanent, empêchant l’apparition d’adventice, sans pénaliser les rendements. Le principe est de cumuler cultures de luzerne et de blé dur bio. La luzerne est semée en premier, et par la suite régulièrement tondue lorsqu’elle dépasse le blé. Initié en janvier 2024, il est doté d’un budget d’un peu plus de 815 000 €, pour une durée de 42 mois.

K.C