Conception et rénovation de bâtiments agricoles : soyez accompagné
La chambre d’agriculture dispose d’une compétence spécifique pour accompagner les agriculteurs dans la conception et la rénovation de bâtiments agricoles.

Vous avez un projet de construction ou de réaménagement d’un bâtiment d’exploitation agricole ? Qu’il s’agisse d’un bâtiment d’élevage, d’une cave, d’un atelier de transformation ou de conditionnement… mieux vaut bien concevoir son projet avant de lancer le chantier. « Un accompagnement en amont permet, entre autres, d’assurer une bonne fonctionnalité des locaux, un respect des normes en vigueur, la prise en compte du bien-être animal ou encore une moindre consommation d’énergie, prévient Frédéric Sourd, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture de la Drôme. Réfléchir permet de modifier aussi souvent que nécessaire le projet sur le papier avant d’entamer les travaux. »
« Une co-construction du projet »
Lorsqu’il s’agit d’un réaménagement de l’existant, Frédéric Sourd se rend sur place pour voir le bâtiment et étudier avec l’agriculteur les évolutions qu’il souhaite apporter. Dans le cas d’une construction, la visite sur place permet de voir le lieu et les éventuelles contraintes qu’il peut y avoir comme la présence d’un cours d’eau, le voisinage, le relief… Une discussion s’engage alors avec l’exploitant pour cibler son projet et réfléchir à l’aménagement potentiel du bâtiment. « Une fois le plan de base établi, le projet de construction ou de réaménagement s’affine ensuite, indique Frédéric Sourd. Les idées peuvent être confortées par des visites d’autres exploitations. Cela permet de rassurer l’exploitant sur les solutions proposées. »
Entre le premier rendez-vous et la première proposition de plan, il s’écoule en général trois semaines. Pour obtenir une proposition stabilisée, il faut compter de deux à quatre mois, selon la réactivité de l’agriculteur et les besoins exprimés. « Il s’agit d’une co-construction du projet », souligne le conseiller.
Estimation financière, permis de construire
Frédéric Sourd réalise aussi l’estimation du coût du projet. « Nous ne faisons pas de maîtrise d’œuvre, je ne demande pas de devis pour le compte de l’agriculteur. Mon estimation tient compte des coûts observés dans le département », précise-t-il. Lorsqu’il a terminé son travail, il remet à l’agriculteur un descriptif des travaux et des plans détaillés. Muni de ces documents, l’exploitant peut consulter les différentes entreprises qui interviendront dans la construction. « Cette consultation se faisant sur la même base, cela facilite la comparaison des devis », souligne le conseiller.
Par ailleurs, une fois que le bâtiment est conçu, « je peux proposer le service permis de construire en m’occupant de tout le dossier administratif, ajoute Frédéric Sourd. L’avantage de passer par nous, c’est que nous connaissons bien la doctrine de l’administration en matière de construction de bâtiments agricoles. » Un point à ne pas négliger car le service agriculture de la DDT étudie de près la pertinence de chaque projet, son dimensionnement et son besoin réel pour l’exploitation.
Le conseiller de la chambre d’agriculture peut aussi accompagner l’agriculteur dans sa demande de subvention à l’investissement.
Christophe Ledoux
Une chèvrerie et un bâtiment de stockage tout neufs
À Mornans, dans le cadre de son installation et avec l’aide de la chambre d’agriculture de la Drôme, Fabien Bertrand s’est équipé de deux nouveaux bâtiments d’exploitation.

Fabien Bertrand est éleveur à Mornans, près de Bourdeaux. Installé en 2017 avec son père, le Gaec compte principalement 150 chèvres dont la production laitière est vendue à Agrial, coopérative située à Crest. L’exploitation produit tous ses fourrages, ce qui la rend autonome pour l’alimentation du troupeau qui compte aussi six vaches allaitantes. Dans son projet d’installation comprenant une augmentation du cheptel caprin (de 80 à 150 bêtes), a été prévue la construction d’une nouvelle chèvrerie d’environ 600 m² (incluant salle de traite, laiterie et logement pour les chevrettes). « Fin 2017, j’ai fait appel à la chambre d’agriculture pour la conception du bâtiment, le dossier de subvention PCAE* et le dépôt du permis de construire, explique l’éleveur. Frédéric Sourd est venu au tout début pour ensemble dégrossir le projet, étudier la meilleure orientation, choisir l’endroit nécessitant le moins de terrassement, prendre les mesures… » Aucune visite dans d’autres exploitations n’a été nécessaire car Fabien Bertrand, avec en poche un BTS Acse (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) à La Côte-Saint-André, une licence pro et des expériences dans d’autres élevages, avait une idée précise du type de construction souhaitée. « Le plus important était de trouver l’endroit où construire le bâtiment, principalement pour le terrassement, l’accès à l’électricité, aux chemins et routes », précise l’éleveur. Le déménagement des animaux de l’ancienne vers la nouvelle chèvrerie s’est fait en février 2020.
Des formalités allégées
L’année suivante, le Gaec entreprend la construction d’un bâtiment de stockage des fourrages, en remplacement d’un tunnel. « Comme pour la nouvelle chèvrerie, il a fallu bien étudier le projet, notamment en raison du passage, au-dessus, d’un câble électrique pour lequel on a demandé à EDF un rehaussement », indique Fabien Bertrand. Conçu sur le même modèle que la chèvrerie sans l’appentis de salle de traite et terminé en janvier dernier, le bâtiment a une dimension de 405 m2. L’idée d’un équipement photovoltaïque a été abandonné car le coût de raccordement vers le transformateur nécessitait d’engager des frais conséquents. De plus, cela allongeait le délai de construction.
Là encore, la chambre d’agriculture de la Drôme a accompagné le projet depuis sa conception et jusqu’au dépôt du permis de construire, ainsi que pour la demande de subvention. « Quand on s’installe, il y a beaucoup de formalités à accomplir, fait remarquer Fabien Bertrand. Si on peut en enlever certaines et être assuré que tout se déroule au mieux, c’est parfait. C’est pour cela que nous avons fait appel à la chambre d’agriculture pour nos deux bâtiments. »
C. Ledoux
* PCAE : plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles.
Estimation / Valeur de l’usage agricole
En cas de vente ou lors d’une transmission d’exploitation, par exemple, Frédéric Sourd peut estimer la valeur de l’usage agricole d’un bâtiment. S’appuyant sur une méthode établie au plan national par le réseau des conseillers bâtiments des chambres d’agriculture, il calcule une valeur à neuf et applique une décote en fonction de l’âge du bâtiment, de son état général et de sa fonctionnalité.
Point de vue de Nathalie Gravier, élue chambre d’agriculture de la Drôme
« Sur le plan technique, nous sommes l’une des rares chambres d’agriculture à avoir un service bâtiment et nous y tenons particulièrement, notamment pour fournir un appui technique à l’élevage. Avec l’expertise de notre conseiller, nous offrons une prestation de qualité. De plus, en tant qu’élus de la chambre d’agriculture, nous sommes très attentifs au maintien des “aides bâtiment” du PCAE, tant pour la modernisation que pour la création. En Drôme et dans la région, grâce au PCAE, le parc de bâtiments d’élevage est récent et de bonne qualité. Maintenir ces aides est essentiel pour avoir des constructions performantes, adaptées entre autres au changement climatique. Et nous nous battons pour qu’elles soient accessibles à toutes les productions animales, ce qui n’est hélas pas encore le cas aujourd’hui. »
Propos recueillis par C.L.