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Sylviculture

Filière forêt-bois : une nouvelle stratégie départementale

Depuis une dizaine d’années, le Département de la Drôme accompagne les acteurs de la filière forêt-bois. Une nouvelle stratégie dotée de quatre millions d’euros jusqu’en 2028 a été présentée le 24 novembre dans le Royans.

Filière forêt-bois : une nouvelle stratégie départementale
À Saint-Laurent-Royans, l’entreprise Vercors Bois a servi de cadre à la présentation de la nouvelle stratégie forêt-bois du conseil départemental. ©plb

Avec 339 000 hectares, la forêt drômoise occupe 52 % du territoire. Elle est un marqueur fort de l’identité départementale tant dans le domaine environnemental que dans le travail du bois. « Cette ressource constitue un enjeu majeur pour notre collectivité et depuis dix ans nous accompagnons la filière bois avec des résultats probants », a déclaré Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental. Le 24 novembre, avec plusieurs élus, elle a visité deux entreprises aidées par la collectivité - Royans Charpente à La Motte-Fanjas et Vercors Bois à Saint-Laurent-en-Royans - avant de présenter la nouvelle stratégie 2023 -2028 du Département pour la filière forêt-bois.

Résilience et performance

Dans la continuité du précédent plan (2018-2022), le conseil départemental va poursuivre sa politique de soutien aux investissements, de la sylviculture au transport en passant par la transformation. Avec quatre millions d’euros (M€) pour la période 2023-2028, l’ambition est de conforter la filière bois locale dans les transitions en cours, maintenir une activité économique en milieu rural et encourager les propriétaires à gérer leur forêt durablement. Ce plan part du constat qu’actuellement, la forêt drômoise est sous exploitée, avec un taux de récolte inférieur à 30 % de l’accroissement naturel. 
Le Département souhaite ainsi accroître le potentiel forestier drômois notamment avec des aides pour les opérations d’amélioration sylvicole (plantation, taille, élagage…) jusquʼà 2 000 €/ha sur une surface minimale de deux hectares, en complémentarité des aides de la Région. Afin de lutter contre le morcellement, une aide à l’acquisition de parcelles dans un but de valorisation ou de préservation par les collectivités est mise en place, avec une intervention à hauteur de 50 % du montant de l’achat jusqu’à 100 000 €. Et pour faire face au risque accru d’incendies, la collectivité va cofinancer le dispositif européen Feader permettant la réalisation d’aménagements contre les feux de forêt (mise en place de points d’eau, création et amélioration de dessertes, matériel de surveillance).

« Une ressource précieuse »

Pour que les entreprises du bois restent compétitives sur un marché de plus en plus globalisé, un soutien à l’investissement est mis en place avec des aides à hauteur de 30 % pour faciliter l’acquisition de matériels (production, conditionnement, sécurité, logiciels…) et pour les scieries. De plus, face aux difficultés de recrutement de la filière, qui emploie actuellement 2 400 personnes, le Département s’engage à organiser des opérations ciblées pour permettre la rencontre entre les entreprises et des demandeurs d’emploi. Par ailleurs, une aide est créée pour inciter à l’utilisation du bois local pour les communes, groupements ou EPCI de plus de 25 000 habitants. Enfin, pour mieux faire comprendre le fonctionnement d’une forêt et son exploitation, une communication spécifique sera mise en œuvre.
Pour la présidente du conseil départemental, Marie-Pierre Mouton, « la forêt est une ressource précieuse, que nous devons entretenir et développer. En tant qu’acteur majeur des transitions environnementales, le Département est pleinement mobilisé pour maintenir le potentiel de séquestration carbone des forêts tout en préservant leur multifonctionnalité, dont la production de bois d’œuvre pour les entreprises de première et seconde transformation. Grâce à l’effet levier des financements régionaux et européens, cette stratégie dotée de 4 M€ va permettre près de 6 M€ de financement pour les acteurs drômois. »

P-L. B.

A lire également  notre dossier « Adapter la gestion forestière au changement climatique »

Vercors Bois

Exploitation forestière et entretien du réseau électrique

Exploitation forestière et entretien du réseau électrique
À Saint-Laurent-Royans, les trois associés de l’entreprise Vercors Bois avec, de gauche à droite : Jean Bourron, Guillaume Romey et Geoffray Colombo. ©plb

Entreprise familiale très innovante créée en 2007 par Jean Bourron et son père, Vercors Bois réalise des prestations de service en exploitation forestière, notamment en milieux périlleux : entretien du réseau électrique dans les forêts, en bordure des routes dans la Drôme, l’Isère et la Savoie, le long des voies ferrées... Sa première force est sa politique de diversification et d’investissement. Depuis 2016, date de l’arrivée de deux nouveaux associés - Guillaume Romey et Geoffray Colombo - Vercors Bois a investi près de deux millions d’euros. « Nous avons créé une flotte de matériels avec deux tracteurs forestiers et une pelle araignée ainsi que deux machines avec un bras télescopique pour élaguer le long du réseau électrique. Cette flotte est notre fierté. Elle nous a permis de nous diversifier et de répondre à des marchés particuliers comme l’élagage pour les stations de pistes de ski dans la Drôme et le Vercors », explique Guillaume Romey, 35 ans, l’un des trois associés.
« L’entretien des lignes électriques est devenu une de nos spécificités », indique Jean Bourron. Un contrat avec Enedis, jusqu’en 2026, représente 600 000 euros de travaux annuels. L’entreprise a aussi contractualisé avec RTE (réseau de transport d’électricité), avec l’ONF pour les communes de Méaudre et Autrans. « Un de nos plus gros clients est à Marches : la scierie Blanc, laquelle nous achète le bois sur pieds », ajoute Jean Bourron. L’an dernier, Vercors Bois a réalisé un chiffre d’affaires de 1,3 million d’euros.
La société emploie treize salariés, tous âgés de moins de 30 ans. « C’est difficile de recruter du personnel pour l’entretien des lignes électriques. C’est un métier dur physiquement car on est toujours dehors par tous les temps et l’on doit répondre aux urgences même de nuit », souligne Guillaume Romey. Pour attirer les jeunes, l’entreprise leur propose de travailler une semaine de cinq jours alternée avec une semaine de quatre jours. Les salaires moyens ont progressé de 8 % début 2023. 
P-L. B.

Royans Charpente 

Royans Charpente 
©www.royans-charpente.fr

Créée en 1988 et installée depuis 1995 à La Motte-Fanjas, Royans Charpente réalise des travaux de charpente, couverture, ossature bois et surélévations. L’entreprise est intervenue dans la construction des collèges de Saint-Donat-sur-lʼHerbasse et de Mercurol-Veaunes. La société a réalisé d’importants investissements lors de sa reprise en 2018 par Thibaud Helluy, avec notamment un centre d’usinage nouvelle génération, un laser d’assemblage, une scie à format et deux scies radiales à butée numérique.