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Vœux de la chambre d'agriculture

« La coupe est pleine »

En pleine fronde agricole, le président de la chambre d'agriculture de la Drôme a appelé le pouvoir politique central à asseoir son autorité sur ses administrations.

« La coupe est pleine »
Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme, entourés de ses vice-présidents et du directeur, a largement évoqué la colère du monde agricole. ©CL-AD26

Ce devait être un rendez-vous consacré au centenaire des chambres d'agriculture, organismes créés en 1924. Mais la fronde agricole en a décidé autrement. Le 26 janvier, la traditionnelle cérémonie des vœux de la chambre d'agriculture de la Drôme s'est tenue dans une atmosphère bien particulière. « Je quitte à l’instant mes collègues agriculteurs mobilisés et je souhaite m’attarder quelques minutes sur les actions syndicales agricoles que nous vivons ces derniers jours », a dit Jean-Pierre Royannez, président de l'établissement consulaire, en accueillant ses invités : préfet, élus locaux et parlementaires, responsables d'administrations, responsables agricoles… Mais avant cela, une minute de silence a été observée en hommage à Alexandra Sonac, jeune éleveuse de vaches allaitantes et productrice de maïs semence, et à sa fille de 12 ans, toutes deux mortellement fauchées sur un barrage en Ariège.

« Retrouver notre agilité pour réussir »

Dénonçant, l’empilement des normes et des règles franco-françaises, « la coupe est pleine, a déclaré Jean-Pierre Royannez. Cela bloque toutes les initiatives : il faut que le gouvernement le comprenne et agisse très vite », a-t-il ajouté. Le président de la chambre d'agriculture de la Drôme a également demandé que « les mêmes règles s’appliquent à tous les agriculteurs européens, et que la France ne se livre à aucune surenchère normative et règlementaire, sans quoi la concurrence ne peut être que déloyale : nous devons pouvoir retrouver notre agilité pour réussir. »

Jean-Pierre Royannez a également pointé des décisions qui restent lettre morte. « De bonnes lois existent déjà en France, encore faudrait-il qu’elles soient appliquées. J’en veux pour preuve Egalim 2 : pourquoi Lactalis, par exemple, ne prend toujours pas en compte les coûts de production pour fixer ses prix ? Pourquoi l’État n’utilise pas ses pouvoirs judiciaires pour faire respecter la loi ? », a-t-il interrogé.

Des décisions incompréhensibles

Préfet, élus locaux et parlementaires, responsables d'administrations, responsables agricoles… ont assisté à la cérémonie des vœux de la chambre d'agriculture de la Drôme, le 26 janvier à Bourg-lès-Valence. ©CL-AD26

Autre point de crispation, la gestion de l’eau. « Celle-ci a été rendue aux territoires. Alors pourquoi les projets de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE) ne s'appliquent toujours pas ? », a questionné Jean-Pierre Royannez. Il a, également, évoqué les pertes de production inhérentes aux interdictions de matières actives phytopharmaceutiques. « Celles-ci devaient être compensées, d’après le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Nous attendons toujours ! »

Le président de la chambre d'agriculture a aussi fustigé la suppression des indemnités compensatoires de handicap naturels (ICHN) sur plusieurs zones du département. « Ce sont des territoires qui n'auraient jamais dû perdre les ICHN, c'est totalement incompréhensible. »

Les « grands chantiers »

Cette cérémonie des vœux s'est poursuivie par un propos sur le centenaire des chambres d'agriculture, plus particulièrement celle de la Drôme. Au fil des décennies, des évènements marquants ont été remémorés : création du journal L'Agriculture Drômoise en juin 1952, des fermes expérimentales de Mévouillon (devenue l'Ardema) et d'Étoile au milieu des années 1980, du laboratoire d'œnologie à la même époque, du salon Tech&Bio en 2007, de l’association Bienvenue à la ferme en 2008…

Transition climatique, transition écologique, gestion de l'eau sont « nos grands chantiers » d'aujourd'hui et de demain, a fait remarquer Jean-Pierre Royannez. De même que le renouvellement des générations, l'alimentation, les énergies renouvelables. Et de conclure : « L'aventure continue ».

Christophe Ledoux