Mobilisés en nombre jusqu'à la dernière journée du blocage
Le 1er février, la conférence de presse de Gabriel Attal et de ses ministres a marqué un tournant dans la mobilisation agricole. Récit d’une journée sur l’autoroute à Loriol, où les agriculteurs ont écouté ces nouvelles annonces avec plus ou moins de satisfaction. Le 2 février, ils ont tout de même levé le camp et, après dix jours d’un blocage inédit, ont rendu l’A7 à la circulation.

le barrage de Loriol le 1er février ont écouté attentivement
les nouvelles annonces de Gabriel Attal et de ses ministres.
La levée du barrage a été décidée pour le lendemain. ©S.S.-AD26
Dernière journée ou pas ? Le 1er février à Loriol, sur l’A7, la matinée s’est déroulée sans trop savoir si le blocage se poursuivrait jusqu’au week-end. Le tableau improvisé sur un grand carton, où chacun a inscrit son nom pour des tours de présence de six heures, confirmait pourtant que les agriculteurs étaient prêts à tenir encore quelques jours. Pourtant, à l’heure du repas, la mobilisation a pris un nouveau tournant. Un peu avant 13 h, le Premier ministre Gabriel Attal et ses trois ministres, Bruno Lemaire à l’Économie et aux Finances, Marc Fesneau à l’Agriculture et à la Souveraineté alimentaire et Christophe Béchu à la Transition écologique, ont tenu une conférence de presse pour présenter de nouvelles mesures pour l’agriculture française. Une nouvelle salve d’annonces pour répondre autant que possible aux 140 revendications portées par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs depuis le début du mouvement.
Des attentes de tous les départements
Juste avant cette conférence de presse, Christophe Chambon, secrétaire général adjoint de la FNSEA, éleveur dans le Doubs, avait rejoint les agriculteurs drômois sur le barrage de Loriol. Il a remercié « tous ceux qui depuis plus d’une semaine se relaient pour être sur le site, pour défendre une cause commune qui est bien sûr bien notre métier, en premier lieu notre revenu, avec un prix qui permette de faire vivre nos familles, d’avoir un salaire. Il n’y a rien d’extraordinaire dans les demandes mais c’est tellement compliqué d’obtenir ça ». Et de préciser : « Pendant que vous faites le siège, que vous êtes sur les barrages, nos présidents ont poursuivi les négociations… Ils ont eu plus de douze heures d’échanges avec le Premier ministre en trois jours. Nous avons demandé beaucoup de mesures. Dès que les actions ont commencé, il y a eu des échanges avec l’ensemble des départements pour que tout le monde puisse faire remonter ses attentes. C’est aussi ça la complexité dans les annonces : que tout le monde puisse s’y retrouver. On a dit qu’on ne lâchait rien sur l’ensemble de ces mesures mais on ne va pas se mentir non plus. On va voir ce qui va ressortir des nouvelles annonces du Premier ministre et après on fera le point ». Christophe Chambon avait ainsi averti les manifestants de Loriol que, après la prise de parole du Gouvernement, un conseil fédéral réunissant tous les départements se tiendrait en visioconférence pour décider de la suite de l’action. Très rapidement le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, et celui de Jeunes Agriculteurs national, Arnaud Gaillot, tenaient à leur tour une conférence de presse pour appeler à suspendre les blocages « au vue de ce qui a été annoncé » et « à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation ».
Pas convaincus par les nouvelles annonces
À Loriol, en tout début d’après-midi ce 1er février, les réactions étaient pourtant très mitigées. Sitôt après la conférence de presse des ministres, suivie en direct depuis le blocage de l’A7 par la soixantaine d’agriculteurs présents, on entendait des réactions très critiques. « Il n’y a rien sur l’eau dans ces annonces. C’est bien la peine d’être là depuis neuf jours », déploraient plusieurs agriculteurs de la vallée de la Drôme, particulièrement concernés par ce sujet. D’autres encore ironisaient sur la proposition de Christophe Béchu de signer une convention entre la profession agricole et l’Office française de la biodiversité (OFB), à l’image de celle signée avec la gendarmerie en 2019. « Autant de jours d’actions pour ça ! », commentaient des arboriculteurs de la vallée du Rhône.
Ceux qui étaient venus pour tenir le blocus ce jeudi après-midi sont restés. Le blocage de l’A7 à Loriol aura ainsi duré plus d’une semaine. Il a été levé le vendredi 2 février dans la matinée. La veille au soir, quelque 150 personnes se sont retrouvées sur ce lieu improbable de mobilisation pour un dernier moment de convivialité. Sûrement aussi pour se convaincre collectivement que ce mouvement historique du monde agricole ouvre la porte vers un avenir meilleur.