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Mobilisation FDSEA - JA du 21 novembre

Pourquoi ont-ils manifesté ?

En Drôme, plus de 130 agriculteurs ont participé à la mobilisation à l'appel de la FNSEA et des JA. Pourquoi sont-ils venus jusque Valence exprimer leur colère ? Réponse en quelques témoignages.

Pourquoi ont-ils manifesté ?
Plus de 130 agriculteurs ont participé à la mobilisation. ©S.S.-AD26

Yvan, 50 ans, maraîcher et arboriculteur en Drôme des collines

« On est face à une vraie problématique de vente de nos produits. On ne nous paye pas le juste prix et on nous met en concurrence avec des produits étrangers. En face, les charges augmentent : électricité, GNR, intrants… Sans oublier les problèmes pour trouver de la main-d’œuvre. On nous interdit aussi d’irriguer alors qu’à côté de chez nous des industriels pompent des milliers de m³ pour leur activité. Et en plus, on nous contrôle sur tout, tout le temps. Nous faisons vivre beaucoup de monde mais nous, on peut crever de faim. »

Aurélie, installée depuis 2017 à Peyrins en vigne, arboriculture, maraîchage et grandes cultures

« Nous ne nous sentons pas reconnus, pire nous sommes mal vus par la population qui ne comprend pas que nous utilisions des produits phytos. Pourtant nous subissons des contrôles, nous sommes dans les règles. »

Jean-Raphaël, arboriculteur à Mercurol-Veaunes

« Je manifeste parce que la loi Égalim n’est pas respectée, parce qu’on trouve dans les centres commerciaux les produits importés d’une agriculture qui est celle dont on ne veut pas en France. La grande distribution et les industriels sont ravis de pouvoir jouer sur les prix alors que nous sommes confrontés à un empilage de normes. Nous avons une des agricultures les plus propres au monde et pourtant nous sommes critiqués en permanence. Comment imaginer que des jeunes reprendront après nous ? »

Antonin, éleveur ovin et bovin, installé depuis 2021 à Combovin

« Je manifeste pour l’augmentation des prix, pour la défense de l’origine France. Ce matin, la viande que nous avons trouvée en rayon, ce n’était pas de l’agneau français. Je suis là aussi pour dire qu’on n’en peut plus de la pression de prédation. Les chiens de protection, j’en ai 25 pour 500 brebis, ça devient ingérable. Entre les prix, les normes, on marche complètement sur la tête. Qu’on revalorise nos produits, qu’on nous laisse plus de liberté pour gérer la prédation… »

Nicolas, éleveur de vaches allaitantes et producteur de noix, installé depuis 2016 dans le Royans

«  Je manifeste à cause des importations notamment. Trop de viande vient de l’étranger. Pareil pour les noix, on est soumis à la concurrence étrangère. L’année dernière nos noix ont été payées au cours mondial. Je revendique le “manger français”. Il faut moins de produits étrangers sur le territoire. Nous ne voulons pas être une monnaie d’échange pour que la France puisse exporter des voitures ou autre. »

Eloise, étudiante, et son père Philippe, en grandes cultures sur le secteur de Chabeuil

« Je manifeste contre les normes qu’on nous impose. On nous demande de vendre nos produits au cours mondial mais on ne peut pas être concurrentiel, assure Éloise. Rien n’est fait pour encourager les jeunes à s’installer alors qu’on a un gros besoin de renouvellement. Sans oublier que dans les formations [ingénieur dans le domaine agricole et agro-alimentaire dans son cas, ndlr], il manque un peu de prise de conscience des réalités vécues sur le terrain. Mais malgré le contexte, je veux m’installer. C’est le plus beau métier du monde, qui a du sens parce qu’on nourrit les gens et qu’on entretient le paysage. »

Propos recueillis par Sophie Sabot