Partage d’expériences
Les couverts végétaux gagnent du terrain

Le 28 janvier, la chambre d’agriculture de la Drôme a accueilli plus de 70 personnes sur des exploitations de la vallée de la Drôme qui intègrent des couverts végétaux dans leur système de production. Objectif : échanger sur cette pratique encouragée dans le cadre de la transition agroécologique. 

Les couverts végétaux gagnent du terrain
La visite à Saillans s’est effectuée sur une parcelle semée un rang sur deux avec un mélange vesce, féverole, trèfle incarnat, seigle et moutarde.

Le 28 janvier, quatre parcours étaient proposés pour découvrir différentes expériences autour des couverts végétaux dans la vallée de la Drôme. A Etoile-sur-Rhône, Die, Aouste-sur-Sye et Saillans, les participants ont pu découvrir des pratiques diverses : semis de céréales sous couvert de luzerne, couverts de céréales et graminées ou de trèfles et graminées en inter-rangs de lavande, engrais vert en grandes cultures, ail ou lavande ou encore en inter-rangs dans les vignes. Pour organiser cette journée, la chambre d’agriculture de la Drôme avait reçu le soutien de Territoire d’Innovation Biovallée.
A Saillans, c’est l’exploitation viticole de Cédric Carod qui a servi de support aux échanges. Avant d’aborder l’expérience de celui-ci (lire ici), Marie-Pascale Couronne, spécialiste des couverts végétaux à la chambre d’agriculture de la Drôme, a rappelé les trois atouts agronomiques de cette pratique. Primo : assurer une couverture du sol pour le protéger des agressions comme le froid, la pluie ou les températures élevés. Secundo : structurer et stabiliser le sol, grâce aux racines du couvert et par la stimulation de la vie du sol. « C’est un atout pour limiter l’érosion mais également les phénomènes de battance » souligne Marie-Pascale Couronne. Tertio : produire de la biomasse qui booste le sol et favorise sa fertilité chimique et biologique. Sans oublier un quatrième point non négligeable quand le couvert compte des légumineuses : la possibilité de capter l’azote atmosphérique pour le restituer au sol. 

«Ne pas oublier l’effet terroir » 

« On peut également ajouter à ces atouts agronomiques un intérêt en termes de biodiversité avec la création d’un nouvel espace pour accueillir des auxiliaires ou offrir une couverture au petit gibier » commente encore la conseillère de la chambre d’agriculture. 

Si l’intérêt des couverts végétaux n’est plus à démontrer, intégrer ceux-ci dans ses parcelles nécessite de bien réfléchir en amont aux objectifs poursuivis (lutte contre l’érosion, augmentation de la fertilité minérale, amélioration du taux de matière organique…) et au matériel disponible pour les implanter puis les détruire. « Concernant le choix des espèces, il existe des tableaux présentant leurs caractéristiques, leurs atouts et faiblesses. Mais il est intéressant de questionner d’autres agriculteurs sur les expériences locales. Sans oublier qu’il y a parfois un effet “terroir“ et qu’une espèce qui marche très bien chez l’un pourra être décevante chez l’autre », indique Marie-Pascale Couronne. En résumé, il n’y a pas une  « recette unique » par culture et par territoire mais bien un choix d’espèces et une stratégie de conduite du couvert qui seront propres à chaque exploitation, voire à chaque parcelle. 

Quel risque pour le gel ?

Julien Vigne, conseiller en viticulture à la chambre d’agriculture, a donné quelques conseils pour réussir ses couverts végétaux. Le premier : semer le plus tôt possible après la vendange. Ensuite, choisir le mode de destruction (rouleau, tonte, broyage...) en fonction des bénéfices attendus de ce couvert. En effet, le mode de destruction aura un impact sur la vitesse de dégradation du couvert et sur sa minéralisation. Si on souhaite par exemple que l’azote soit disponible à la floraison de la vigne, alors il peut être envisagé de broyer son couvert deux semaines avant ce stade. 

La rencontre à Saillans a aussi permis d’aborder l’influence des couverts végétaux sur le risque de gel des vignes au printemps. Sur ce point Julien Vigne conseille de maintenir le couvert à ras au moment de la période critique. « Il semblerait que ce soit la solution qui présente le moins de risque » précise-t-il. Attention cependant, mieux vaut rouler ou broyer le couvert, la tonte dégageant une humidité qui peut aggraver le risque de gel.

S.Sabot

Engrais verts en viticulture / L’enquête d’Agribiodrôme

Lors de la rencontre à Saillans, Julia Wright, chargée de mission à Agribiodrôme a partagé les résultats d’une enquête menée en 2019 auprès de 19 viticulteurs bio drômois utilisant des engrais verts. La grande majorité pratique le semis d’engrais vert un rang sur deux. Deux grandes tendances se distinguent cependant selon la localisation géographique des exploitations. Dans le Diois, les viticulteurs interrogés utilisent en général un mélange de cinq espèces (féverole, trèfle incarnat, vesce, seigle, moutarde...), contre seulement une à deux espèces pour les viticulteurs du Nord-Drôme, qui mélangent le plus souvent une légumineuse et une graminée. Interrogés sur les effets constatés des engrais verts, les viticulteurs soulignent un impact positif sur la structure du sol et une réduction de la pousse d’adventices comme le chiendent, l’amarante, le rumex, les chardons… 

La synthèse de cette enquête est disponible ici.

Vigilance dans les zones de flavescence dorée

« Dans les zones concernées par une lutte obligatoire contre la flavescence dorée, en cas de semis d’un engrais vert, il faudra veiller à broyer absolument les espèces avec fleurs avant de positionner le passage de l’insecticide », précise Julien Vigne, conseiller à la chambre d’agriculture. Ceci afin de protéger les insectes butineurs.