Coopération

Lilian de Zanet : « Notre mission ? Compléter notre univers clientèle »

Lilian de Zanet, comment la cave coopérative a-t-elle surmonté la crise sanitaire ?
L.d.Z. : « Nous avons dû composer avec la situation, mais cela ne nous a pas empêchés d’avoir une activité correcte, qui s’est maintenue grâce à une clientèle de passage. Certes, nous avons pris du retard sur les ventes en 2020, mais cela aurait pu être plus catastrophique. On ne peut pas être satisfait pour autant, mais compte-tenu du contexte, cela reste acceptable. » 

Quid du marché ?
L.d.Z. : « Le fait d’avoir plusieurs circuits de distribution nous a permis de garder un équilibre d’activité. Par exemple, nous ne sommes pas dimensionnés pour aller faire de l’export à grande échelle. Nous venons de démarrer un petit marché en Chine mais il est difficile de savoir comment celui-ci va se comporter à long terme. Par ailleurs, nous n’avons pas une grosse activité en hôtellerie-restauration. Dans ce domaine, nous avons donc été moins impactés que les caves particulières. Nous vendons au caveau, en négoce et avec le Cellier des Dauphins. Les problématiques sont donc réparties. »

Une crise à laquelle s’est ajouté en avril dernier un nouvel épisode de gel important. Quel impact sur vos vignobles ?
L.d.Z. : « Les impacts du gel sur les vignobles - à Vinsobres même - ont bien été identifiés. Les vignobles des communes de Mirabel aux Baronnies, Piégon ou encore Nyons ont quant à eux beaucoup moins été impactés. On s’attendait donc à une petite baisse des volumes de moins 10 %. Toutefois, la configuration climatique a fait qu’il y a eu un rattrapage des vignes. L’été 2021 - assez frais - avec des petites pluies régulières a permis aux raisins de prendre du volume. Contre toute attente, nous avons donc eu une très belle année volumique à la cave, avec une récolte au-delà des 95 000 hectolitres. La climatologie et le végétal ont décidé pour nous. Cependant, dans le contexte actuel et face à l’augmentation des volumes en cœur de gamme, il n’est pas simple de maintenir les prix. » 

Ces gros volumes vous inquiètent-ils ?
L.d.Z. : « Forcément, nous sommes toujours inquiets sur le marché, sur l’écoulement des vins dans l’avenir et sur les modes de consommation… Le marché faiblit en France. Il faut donc aller chercher des marchés à l’export, un challenge qui demande des investissements et des organisations différentes. Après, nous nous doutons bien que tout ne va pas s’arrêter du jour au lendemain, mais nous ne sommes pas sereins car la situation se tend pour tout le monde. » 

Qu’en est-il des prix et de la commercialisation ?
L.d.Z. : « Au niveau des prix, nous sommes un tout petit peu mieux qu’en 2021, sachant qu’il nous reste encore pas mal de vins à vendre et que l’an passé, nous avions déjà perdu 15 centimes / litre par rapport à 2020. Les prix ne montent pas, même si nous arrivons à valoriser des cuves grâce à nos sélections parcellaires. » 

A quels défis la cave La Vinsobraise est-elle confrontée ?
L.d.Z. : « L’arrivée d’un nouveau directeur en la personne de Ludovic Schauss, il y a un an, a constitué un vrai virage pour la cave coopérative. à son arrivée, la demande du conseil d’administration était de développer la vente en directe, la bouteille, pour aller chercher de la marge et de l’image. Globalement, notre souhait est que notre cave La Vinsobraise devienne plus marquante en termes de marché. Aujourd’hui, le challenge est de s’adapter aux besoins du marché actuel et à la demande des consommateurs. Nous ne devons pas rester sur nos acquis, mais plutôt se remettre en cause et s’ouvrir à de nouvelles pistes. Notre mission est de trouver de nouveaux marchés pour compléter notre univers clientèle et se diversifier. » 

Des investissements sont-ils prévus ?
L.d.Z. : « Effectivement, nous allons investir dans le renouvellement des pompes et l’entretien de nos cuves. Des investissements seront également réalisés pour l’amélioration de notre production de froid et de la filtration. »  

Propos recueillis par Amandine Priolet