Quand une gare clé d’une ligne de montagne risquait de fermer

La ligne du Vercors entre Grenoble et Gap, aux décors fantastiques, aurait pu perdre une gare stratégique fin 2014. En effet, la SNCF et RFF, à l'époque, envisageaient de fermer la gare et de retirer les agents assignés à cet arrêt. Or, la gare de Lus-la-Croix-Haute, située dans la Drôme, joue un rôle important sur cette ligne de montagne à simple voie déjà vétuste. C'est sur les deux voies de la gare que les trains peuvent se croiser lors de leur voyage entre Grenoble, Veynes et Gap en cas d'avarie ou de retard. En l'absence d'agents du réseau assurant l'entretien de la signalisation, la sécurité et le déneigement, ce croisement de secours ne pourrait plus fonctionner. Au moindre retard d'un côté, les trains venant dans l'autre sens ne pourraient plus emprunter la partie de voie de 45 km entre Clelles et Aspres à voie unique, condamnant les usagers à des dysfonctionnements réguliers. Cela rendrait la gestion de la ligne très difficile.
Mobilisation pour sauver la gare
Aussi, quand un collectif d'habitants et d'élus a alerté sur le risque que ferait porter la fermeture de la gare de Lus-la-Croix-Haute sur la pérennité de la ligne, la mobilisation s'est organisée. Le 29 mars 2014 devant la gare de Lus-la-Croix-Haute, plus de 300 personnes se sont rassemblées pour réclamer le maintien de la gare et la modernisation de la ligne ferroviaire alpine. Des élus de la Région Rhône-Alpes et de Paca, de la municipalité de Lus-la-Croix-Haute et des conseils généraux, ont rappelé l'importance de cette petite ligne pour les territoires ruraux difficiles d'accès. Cette ligne ferroviaire souffre d'un manque d'investissement depuis plusieurs décennies, ralentissant la circulation des trains et la condamnant à terme si rien n'est fait.
Aussi, quand la SNCF et RFF ont annoncé le maintien des personnels affectés à la gare de Lus-la-Croix-Haute, en juillet 2014, les élus comme les habitants se sont réjouis. « La commune de Lus-la-Croix-Haute est très intéressée par le maintien de la gare et de la ligne. Si les trains passent, ils doivent s'arrêter », déclarait Alain Matheron.
La Région défend les petites lignes TER
« La Région Rhône-Alpes est très attachée au maintien de l'activité dans une gare de proximité comme celle de Lus-la-Croix-Haute qui joue un rôle indispensable dans le bon fonctionnement de la liaison ferroviaire entre Grenoble et Gap », s'était exprimée Éliane Giraud, vice-présidente de la Région Rhône-Alpes, déléguée aux transports, déplacements et infrastructures. Le maintien des agents est un signal positif qui va dans le sens de l'action de la Région en faveur du développement du TER. Au-delà du maintien des effectifs à Lus-la-Croix-Haute en 2015, nous restons vigilants pour l'avenir. Les petites lignes, comme Grenoble-Gap et Valence-Gap, ne doivent pas être délaissées. C'est là une exigence forte de la Région Rhône-Alpes. »
Cependant, pour assurer la pérennité de la ligne au-delà de 2023, des investissements importants, de l'ordre de 40 millions d'euros doivent être réalisés sur un certain nombre de sections. SNCF Réseau (ex-RFF) s'est engagée à en financer 15 %. En février 2015, la Région Rhône-Alpes a adopté le contrat de plan État-Région qui prévoit un financement global d'une centaine de millions d'euros pour la régénération de plusieurs petites lignes en Rhône-Alpes, dont celle reliant Grenoble à Gap, ce qui permettrait d'éviter une fermeture d'ici 2023.
C. P.