Quelles variétés de blé choisir en bio ?
Choisir une variété n’est jamais chose facile car les années se suivent mais ne se ressemblent pas. De plus, le choix n’est pas anodin car il engage la conduite de la culture. Il faut aussi prendre en compte l’utilisation finale dans un marché abondant et diversifié, le choix variétal est aussi orienté par les débouchés. Voici les préconisations pour les variétés de blé produit en agriculture biologique.
Pour satisfaire la demande des acheteurs, la teneur en protéines d’un blé meunier doit atteindre le seuil de 10,5 %. En situation d’azote limitante, c’est dans la plupart des cas, le premier critère de choix des variétés. En raison de l’effet de dilution de l’azote dans le grain, on observe une relation négative entre la teneur en protéines et le rendement. Les variétés à teneur en protéines élevées, comme Togano, ont des rendements plus faibles. Les variétés de compromis, comme Renan ou Energo, atteignent des teneurs en protéines acceptables pour le marché, tout en maintenant des niveaux de rendement corrects. Enfin, les variétés les plus productives, comme Gwenn ou Filon, sont souvent considérées comme fourragères en raison de leurs teneurs en protéines plus faibles.
Le rendement en azote exporté dans le grain (QN grains) est un bon indicateur de l’efficacité de la variété à valoriser l’azote disponible en optimisant rendement et protéines. A rendement équivalent, certaines variétés affichent, en effet, des teneurs en protéines plus élevées que d’autres, c’est le cas de Izalco, Centurion et LG Armstrong.
La compétitivité vis-à-vis des adventices est également un critère très attendu en agriculture biologique. Des variétés rapidement couvrantes et hautes tolèrent mieux la présence d’adventices et permettent de contenir leur développement.
La tolérance aux maladies est aussi un critère important à prendre en compte en agriculture biologique. La tolérance à la rouille brune, maladie la plus fréquente dans le Sud, est primordiale. Avec une pression de rouille jaune régulièrement élevée depuis 2012, les variétés sensibles sont également à proscrire en l’absence de moyen de protection.
Yves Pousset - Arvalis-Institut du végétal
Pour toutes informations complémentaires : fiches variétales Itab-Arvalis en cliquant ici
Les variétés testées
Au vu des résultats des essais de la zone Sud et des données du réseau Itab (Institut technique de l’agriculture biologique), on peut retenir trois groupes de variétés :
Variétés riches en protéines mais avec une productivité limitée :
Togano, Liskamm, Forcali, Valbona sont sur le créneau des blés à bonne teneur en protéines.
Izalco CS amène un bon niveau de résistance aux maladies, y compris à la fusariose des épis.
Variétés ayant un compromis protéines / productivité :
Tillsano, Apexus et Christoph sont trois variétés qui présentent un bon compromis protéines /rendement. Classée BAF (blé améliorant et de force), elles ont de bons PS et les deux premières ont un bon pouvoir couvrant en montaison.
Centurion présente un bon niveau de productivité pour une teneur en protéines correcte.
Energo a également un bon comportement en rendement et protéines, avec une bonne tolérance à la rouille brune et à la carie, un bon PS et un bon pouvoir couvrant de par sa hauteur et son fort tallage. C’est la référence de ce type de variétés.
Renan est la référence si l’on privilégie la qualité tout en maintenant de la productivité. Il est rustique et a une bonne qualité boulangère.
Geny donne des résultats corrects en rendements. Cette variété présente un profil maladie intéressant, notamment vis-à-vis de la rouille brune et possède une bonne capacité à faire de la protéine.
Metropolis est une variété qui allie un rendement dans la moyenne et une bonne qualité.
Tinzen est un blé biscuitier ayant un rendement moyen et une teneur en pro-
téines correcte. Il a un excellent comportement vis-à-vis des maladies foliaires.
Variétés limitées en protéines mais avec une productivité supérieure :
Ces variétés sont intéressantes pour le marché de l’alimentation animale ou les exploitations en C2.
Attlass est la référence dans ce groupe variétal. Il est très productif, avec un bon comportement aux maladies foliaires et un bon pouvoir couvrant. C’est un blé tardif, à semer en priorité. Sa teneur en protéines est faible. A privilégier en période de conversion à l’AB.
Filon, blé très précoce, a une excellente productivité mais des teneurs en protéines faibles. Il a un bon comportement vis-à-vis des maladies foliaires mais qui tend à s’affaiblir, notamment vis-à-vis de la rouille brune. Il a un excellent tallage et une bonne fertilité d’épi.
Gwenn, nouveauté inscrite en AB, est la plus productive en 2020 mais ses teneurs en protéines sont aussi les plus faibles. Son pouvoir couvrant est parmi les meilleurs.
KWS Sphère est la plus productive en 2021 mais ses teneurs en protéines sont aussi les plus faibles. Cette variété est sans doute un peu tardive pour notre région.
Hansel, nouveauté en blé biscuitier, son comportement est intéressant car il allie une excellente productivité avec des teneurs en protéines permettant l’utilisation en biscuiterie bio. Son tallage est excellent et il a un bon pouvoir couvrant.
LG Armstrong a un bon taux de protéines tout en ayant un rendement correct. Son pouvoir couvrant est modéré. Il est excellent en maladies du feuillage mais est sensible à la fusariose des épis.
Orloge est un blé qui allie productivité et teneur en protéines, il n’est toutefois pas aux normes meunières dans nos essais. Blé très précoce, il est adapté à tous les types de sols, même les plus séchants. Son comportement maladie est moyen, notamment vis-à-vis de la fusariose.
