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Viticulture

« Se donner les moyens d’aller conquérir des parts de marché »

Jérôme Despey, président du conseil spécialisé de la filière viticole à FranceAgriMer et vice-président de la FNSEA, s’est rendu samedi 25 janvier à Rochegude, afin d’échanger avec les agriculteurs drômois. La crise viticole et les stratégies pour en sortir étaient à l’ordre du jour.

« Se donner les moyens d’aller conquérir des parts de marché »
Le 25 janvier à Rochegude : Jérôme Despey, aux côtés de Mathieu Peysson (vice-président des JA 26 au foncier), Sandrine Roussin (présidente de la FDSEA), Vladimir Gauthier (président de JA 26), Jean-Pierre Royannez (président sortant de la chambre d’agriculture) et Stéphanie Oliveira (élue sortante à la chambre d’agriculture). ©AP-AD26

Président du conseil spécialisé de la filière viticole à FranceAgriMer et vice-président de la FNSEA, Jérôme Despey est aussi viticulteur à Saint-Géniès-des-Mourgues, commune de l’Hérault. En première ligne face aux difficultés que traverse la filière viticole, il est venu à la rencontre de ses confrères viticulteurs le 25 janvier à Rochegude, à l’occasion d’une réunion organisée par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de la Drôme.

Pour Jérôme Despey, « l’Union européenne doit protéger son agriculture et sa viticulture pour pouvoir assurer la souveraineté alimentaire ». ©AP-AD26

Si la viticulture connait une crise profonde depuis quelques années, la baisse constante de la consommation de vin ne cesse de s’accentuer. Cette déconsommation, c’est un cheval de bataille pour Jérôme Despey. « L’un des enjeux prioritaires est de mener un combat dans la promotion de nos vins, notamment auprès des bars, brasseries et restaurants », qui margent parfois de façon exponentielle. « Certains d’entre eux affichent des prix avec un coefficient multiplicateur de 6 ou de 8 au lieu de 2 ou de 3. Or, quand des restaurants proposent des vins au prix sortie caveau, il y a du vin sur toutes les tables. Cela montre que lorsque le vin est accessible, il est sur les tables », réagit-il.
Autre sujet évoqué, celui du plan d’arrachage des vignes. « C’est ubuesque et improbable de voir que l’arrachage définitif rentre dans le “dispositif Ukraine” de l'Union européenne (UE), alors que nous demandions l’arrachage temporaire, notamment pour les jeunes, pour assurer la restructuration avec des cépages plus adaptés aux attentes des consommateurs, avec des vins plus frais, désalcoolisés... », indique le vice-président de la FNSEA. Sur les 150 M€ obtenus pour les arrachages, il reste aujourd’hui 40 M€ non utilisés. « Il faut absolument que ces aides restent à la viticulture et puissent servir à la restructuration économique et commerciale de notre filière », insiste Jérôme Despey.

Travailler sur une meilleure segmentation des marchés

Malgré le contexte géopolitique mouvementé, le secteur viticole français doit réussir à se distinguer. C’est ce que souhaite Jérôme Despey : « Le vrai sujet est le rapport de force, avec une l’UE qui doit s’affranchir d’un certain nombre de règles que les États-Unis, par exemple, n’ont pas. Si l’on veut parler de souveraineté alimentaire, l’UE doit protéger son agriculture et sa viticulture. Nous avons besoin de décisions de nos politiques à l’échelle nationale et européenne pour pouvoir affronter les éléments liés aux marchés commerciaux. Mais c’est aussi à nous, professionnels, de se donner les moyens d’aller conquérir des parts de marchés », déclare-t-il. En ce sens, une réflexion sur la segmentation du marché doit être menée. « À titre personnel, je suis fier de mes vins IGP et AOC, c’est une fierté que nous devons avoir sur chacun de nos territoires. C’est une richesse de notre pays, mais c’est une richesse qui est ébranlée. Aujourd’hui, nous nous décrochons de marchés puisque nous n’avons pas de stratégie qui nous permette de répondre à tous les besoins du marché et des consommateurs ». Plusieurs viticulteurs présents dans l’assemblée ont évoqué la nécessité de travailler collectivement, « en meute », afin de peser davantage dans les négociations commerciales.

Hausse des prix de matériels

Enfin, l’un des producteurs présents a évoqué la problématique du machinisme. Face à la hausse des prix de matériels depuis cinq ans, la salle, unanime sur le sujet, parle d’abus. « Si nous nous battons pour obtenir des moyens d’investissement en termes d’aides financières, ce n’est pas pour que le secteur du machinisme l’absorbe, regrette Jérôme Despey. Nous devons agir, mais à quel niveau ? Sur les subventions, voire sur le marché de l’occasion peut-être… », s’interroge-t-il.
Avant de conclure, de manière plutôt optimiste quant au devenir de la filière viticole : « Si les difficultés sont présentes et qu’il nous faut les surmonter, je veux surtout penser à l’avenir, et c’est tout l’objet du travail du plan de notre filière. Il nous faudra reconquérir les parts de marché, pour notre segmentation, pour notre contractualisation, pour notre promotion, pour nos capacités à investir, afin d’atteindre des prix rémunérateurs ».

Amandine Priolet