Tournesol : quid des biostimulants en enrobage de semences ?
Le tournesol est une culture dont la phase de début de cycle est particulièrement sensible. Terres Inovia propose un retour sur les biostimulants testés sur ses essais et leur intérêt sur les critères de productivité et de vigueur à la levée.

L’utilisation de biostimulants permet de booster la plante au démarrage et peut l’aider à surmonter cette phase critique. Ils peuvent être utilisés sur une végétation déjà développée avec des produits appliqués en foliaire en tout début de cycle (cotylédons à B2) ou avec des produits appliqués directement sur la semence. L’avantage de ce mode d’application est que le biostimulant peut agir dès la germination, pour stimuler la croissance racinaire et/ou agir sur la mise à disposition des éléments nutritifs au contact de la rhizosphère.
Zoom sur les expérimentations
Afin de valider l’intérêt de ce type de produits en enrobage de semences, Terres Inovia a conduit depuis 2019 plusieurs expérimentations. Ces dernières visent à évaluer l’intérêt de ces produits sur la dynamique de croissance du tournesol en début de cycle et sur les performances finales du tournesol (rendement et qualité). Huit essais ont ainsi été conduits ces dernières années en Charentes-Maritimes, Côte-d’Or, Haute-Garonne et dans l’Indre. Deux biostimulants ont été testés : Starcover, combinant la bactérie Bacillus amyloliquefaciens IT45t et un extrait de plante et Fortify, un enrobage à base de phosphore, potassium, magnésium et zinc. Les deux biostimulants revendiquent un effet sur la stimulation de la croissance racinaire, permettant une levée plus rapide et homogène, ainsi qu’une croissance aérienne renforcée. Chacun de ces produits a été proposé dans les essais en association avec une variété particulière, sous forme d’une combinaison « variété – biostimulant ». En conséquence, l’effet de chaque produit a été testé face à une graine sans biostimulant de la même variété et issue du même lot de semences. Les résultats de chaque produit sont ainsi comparés à un témoin spécifique noté « Témoin_Fortify » et « Témoin_Starcover ».
Effet sur la phase de démarrage
Sur les trois années d’expérimentation, aucun effet significatif des biostimulants n’a été noté sur les dates de levées, peuplement à la levée et notes de vigueur sur les différents essais, quelles que soient les conditions de levée. Les conditions de températures du sol à l’implantation, la qualité de la semence et le cumul de degrés jours, restent les points cruciaux pour favoriser la vigueur. Sur 2020, un suivi de l’évolution de la couverture du sol par le tournesol a été réalisé via des prises de vues par drone à différents stades (B2 puis B4). On observe que la couverture du sol (exprimée en % de couverture/plant) reste faible aux stades B2 et B4, même si un écart est constaté entre ces deux stades (pas plus de 1 à 2 % de couverture). Cet écart est davantage lié à la variété testée qu’au couple d’une même variété avec ou sans biostimulant.
Aucun effet sur le rendement
Les écarts de rendement observés sont contenus et non significatifs. De fortes différences existent entre les sites en positif (gain) ou négatif (perte). Le Starcover ne permet pas de gain en moyenne, mais il permet un gain sur la majorité des essais. Enfin, le Fortify conduit en tendance à une légère perte de rendement sur la quasi-totalité des essais. Des gains de rendement à relativiser face au choix variétal. Comme chaque biostimulant était associé à une variété différente, ces essais permettent d’apprécier le poids de l’effet des biostimulants relatif à celui des variétés choisies. Comparativement aux gains octroyés par les biostimulants, le gain obtenu par le « bon » choix variétal apparaît largement supérieur. Dans la réussite du tournesol, le choix variétal (ré)apparaît comme étant la priorité.
Les effets sur la qualité des graines
Aucun effet significatif n’a été observé ni même en tendance. Le marché des biostimulants étant aujourd’hui en plein essor, de nombreuses innovations sont disponibles. Parmi les modalités de biostimulants en enrobage de semence testées en 2020 et 2021, nous n’avons pas mis en évidence un intérêt quant à l’usage de ce type de solution dans nos essais. Terres Inovia reste mobilisé autour de cette thématique pour affiner les références techniques.
Cécile le Gall, chargée d’étude et Quentin Lambert, ingénieur développement
Terres Inovia