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GRANDES CULTURES

Tournesol : un semis soigné est le gage d’un bon départ

Si l’implantation, étape clé pour la réussite du tournesol se prépare dès l’interculture, puis à la reprise avec des travaux du sol adaptés afin de garantir un développement optimal du pivot, l’étape du semis doit faire l’objet de tous les soins car elle aura un impact sur l’ensemble du cycle.

Tournesol : un semis soigné est le gage d’un bon départ
Un semis précoce du tournesol réalisé dans de bonnes conditions présente l’avantage d’esquiver la contrainte hydrique estivale. © DR

En parallèle de la date de semis qui impacte l’ensemble du cycle du tournesol, certaines conditions au moment du semis sont essentielles à respecter pour favoriser un démarrage rapide de la culture, préserver le peuplement, sécuriser la récolte et, dans certaines situations, limiter le risque de mildiou. La première condition est de favoriser une levée rapide pour limiter les dégâts de ravageurs. Dans un contexte latent de dégâts d’oiseaux et de ravageurs telluriques, il est impératif de semer sur un sol ressuyé et suffisamment réchauffé à 5 cm de profondeur (> 8 °C) pour obtenir une levée régulière et favoriser la vigueur au démarrage. La mesure de la température du sol au niveau du lit de semences est un indicateur utile pour décider de la date de semis. Les prévisions sur un éventuel refroidissement des températures dans les jours suivants le semis sont également à prendre en considération. La deuxième condition est de limiter le risque de mildiou. La contamination des plantules ayant lieu au moment de leur émergence, la présence d’eau libre durant cette phase favorise la germination des spores de mildiou qui vont alors infecter le tournesol. Si une pluie est annoncée dans les jours qui suivent le semis, il est alors préférable de le décaler. Le troisième point important est de réaliser un semis précoce qui va jouer en faveur de rendements plus élevés. Une analyse multivariée des enquêtes sur les pratiques culturales du tournesol réalisées par Terres Inovia entre 1996 et 2019 (sur treize campagnes) a mis en évidence un intérêt statistiquement significatif du semis précoce sur la première quinzaine d’avril par rapport au rendement. Cette tendance est également observée sur la campagne 2021.La quatrième recommandation est de sécuriser la période de récolte. Un semis précoce réalisé dans de bonnes conditions montre un avantage pour esquiver la contrainte hydrique estivale. Il offre également un intérêt pour minimiser le risque de récoltes tardives et par la suite le recours au séchage qui engendre des frais supplémentaires, en particulier dans la moitié Nord de la France.

Réglage du semoir et densité de semis

Pour limiter les pertes à la levée, les réglages du semoir sont essentiels. 
Le positionnement de la graine dans le frais et sa régularité assureront une levée homogène et vigoureuse, limitant la durée d’exposition aux ravageurs du sol et aux déprédateurs. La profondeur de semis à viser est de 2 à 3 cm dans un sol frais et de 4 à 5 cm si le sol est sec en surface. Avec un semoir monograine classique, la vitesse de semis doit également être limitée à 5 ou 6 km/ha pour privilégier une position régulière de la graine dans la ligne. Il est possible d’aller un peu au-delà avec un semoir Tempo. 
Outre les conditions de semis, le peuplement dépend particulièrement de la densité semée. Les densités de 
semis ont globalement progressé depuis une dizaine d’années, pour atteindre 73 000 graines/ha en 2021 (source :  enquête pratiques agriculteurs 2021- Terres Inovia). L’optimum de densité est dépendant de la contrainte hydrique de la parcelle (type de sol et profondeur), de l’écartement entre les rangs et du secteur géographique, en particulier si la parcelle est située dans une région qualifiée de « fraîche » ou avec une fin de cycle humide qui va impacter la capacité des capitules à sécher rapidement. 
En moyenne, la densité de semis optimale se situe entre 65 000 et 70 000 graines/ha pour atteindre les objectifs de rendement et de richesse en huile visés. Dans les situations à large écartement (supérieur à 60 cm), attention aux surdensités qui peuvent induire une concurrence entre les pieds.

Fertilisation azotée et PK

Dans un contexte de prix des engrais élevés mais aussi de marchés rémunérateurs, il sera particulièrement important d’ajuster les doses d’azote en 2022. L’impact négatif sur la marge de la sous ou sur-fertilisation est accru dans le contexte économique de 2022, avec un gain de marge de 100 à 120 €/ha en apportant la dose optimale (voir graphiques 1 et 2). Selon les références acquises par Terres Inovia, les apports d’azote en végétation avant le stade 14 feuilles du tournesol sont aussi bien ou mieux valorisés selon les années que les apports au semis. Il ne faut pas négliger les apports de PK, en particulier dans les sols peu pourvus. Dans ces situations, les impasses sont à éviter. Pour un objectif de rendement de 25 q/ha, il est conseillé d’apporter 40 unités de P205 et 40 unités de K20 en sol pauvre ; 30 unités de chaque en sol bien pourvu. Pour un objectif de rendement de 35 q/ha, il convient d’apporter 60 unités de chaque en sol pauvre et 40 unités de chaque en sol bien pourvu.

Pour en savoir plus : www.terresinovia.fr
Vincent Lecomte et Claire Martin-Monjaret  -
 Terres Inovia
Contact régional : Alexis Verniau : [email protected]