ENVIRONNEMENT
250 millions par an pour restaurer les haies

L’association Afac-Agroforesterie a récemment annoncé un plan d’action pour la haie. Cet organisme à vocation agricole estime à 250 millions d’euros par an les financements nécessaires pour replanter des haies de manière durable.

250 millions par an pour restaurer les haies
Selon l'Afac-Agroforesterie, 23 000 km de haies disparaissent chaque année en France. © iStock-JeremyRichards

Le constat est le suivant. Malgré les différents soutiens nationaux et européens, 23 000 km de haies disparaissent chaque année en France, essentiellement à cause des agrandissements et des départs d’agriculteurs. Si rien n’est fait, 230 000 km supplémentaires auront disparu d’ici 2030. Pour inverser cette tendance, l’Association française pour l’arbre champêtre (Afac-agroforesterie), qui fédère les acteurs de la haie sur le territoire, propose un programme dont le financement s’élève à 250 millions d’euros par an, soit 1,7 milliard d’euros (Md €) d’ici 2030. Une annonce qui intervient deux mois après le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), titré « La haie, outil de planification écologique » et un mois après « le Pacte pour la haie » lancé par les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement.

Services rendus

Entre-temps, « L’Appel de la haie », la pétition lancée par l’Afac, a rassemblé 15 000 signatures dont celles de 350 organismes agricoles ou environnementaux et trois régions, Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté et Nouvelle Aquitaine. Dans son préambule, le rapport du CGAAER rappelle les bénéfices agronomiques et écologiques des haies : brise-vent, ombrage pour les troupeaux, lutte contre l’érosion, enrichissement des sols, pollinisation, stockage de carbone, régulation de l’eau, préservation de la biodiversité, sans compter la beauté des paysages. Pour Philippe Hirou, président de l’Afac, « l’arbre est un climatiseur, si rien n’est fait, les paysages sans arbres seront invivables en 2050 ». Il réclame des investissements soutenus, rapides et une politique en faveur de la haie à l’image de celle menée à la fin du XIXe siècle pour « la restauration des terrains de montagne » qui menaçaient de s’effondrer. Pour évaluer le montant des investissements nécessaires, l’Afac s’est appuyée sur ses connaissances accumulées depuis sa création en 2007 mais aussi sur ses filières locales, agriculteurs et entrepreneurs, qui œuvrent déjà dans ce domaine. Planter un mètre de haie coûte ainsi 13,92 euros tandis qu’une régénération naturelle revient à 7 euros. Un barème validé par le ministère de l’Agriculture.

Une filière biomasse champêtre

L’objectif est de créer une nouvelle filière rémunératrice qui fonctionnera en valorisant la biomasse produite par les haies. La haie ne sera plus simplement un travail mais un atelier complémentaire pour les agriculteurs. Pour cela, il faut restaurer le linéaire et atteindre 440 000 km de haies d’ici 2030. On peut produire ainsi trois millions de tonnes de biomasse bocagère par an, soit vingt fois plus qu’aujourd’hui. Ce marché de la plaquette pour le chauffage et du bois d’œuvre peut être étendu des collectivités locales aux entreprises agroalimentaires. Pour lancer cette filière, il faut 400 techniciens qui vont accompagner les agriculteurs. La vente de ce bois (60 euros la tonne) peut rapporter 2 400 euros par an à chaque exploitation. Dans cette optique, l’Afac estime nécessaire de former du personnel aux nouveaux métiers, mais aussi des bûcherons, des salariés d’entreprises paysagères et forestières. Parallèlement l’Afac propose d’implanter 68 000 km de haies supplémentaires en privilégiant une régénération naturelle à partir d’essences locales sous le label « Végétal local ». Cinquante pépinières existent déjà, il faut en créer trente de plus d’ici 2030. Cette action pourrait concerner 196 000 agriculteurs, soit la moitié des exploitants. Pour l’Afac, le financement viendrait de l’État, des Régions et des différents mécènes engagés dans ces actions. « Il faut trouver un intérêt économique à la haie. Elle a encore une image vieillotte, la haie coûte cher et ne sert à rien, dit-on. C’est cela qu’il faut transformer en s’appuyant sur le développement pour entraîner les agriculteurs et créer une filière rentable », a conclu Philippe Hirou.

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