FCO : « Tâchons de faire mieux à l'avenir »
L'assemblée générale de la Fédération départementale ovine de la Drôme a été largement consacrée à la crise sanitaire de la FCO.

Depuis août 2024, l'épizootie de fièvre catarrhale ovine (sérotype 8) s'apparente à un véritable séisme pour la plupart des éleveurs ovins. En Drôme, plus de 300 foyers ont été recensés touchant, selon un décompte officiel de janvier dernier, 413 élevages. Les impacts économiques de cette crise sanitaire sont immenses, qu'il s'agisse des pertes directes (mortalité des animaux) et indirectes (avortement, stérilité…). Cela a été souligné lors de l'assemblée générale de la Fédération départementale ovine (FDO) de la Drôme, le 4 février à Crest. « Le manque d'anticipation de tous les réseaux, sauf quelques rares services, nous aura coûté très cher à nous éleveurs, mais aussi à l’État et aux collectivités, a déclaré Frédéric Gontard, président de la FDO. Tâchons de faire mieux à l'avenir. » Pour Emmanuel Fontaine, éleveur dans l'Aisne (250 brebis) et membre du bureau de la Fédération nationale ovine (FNO), « les pouvoirs publics ont failli et les enseignements de cette crise n'ont pas été tirés. Pourvu que les Assises du sanitaire (lire nos précédentes éditions) n'accouchent pas d'une souris. »
Pas de sortie de crise en vue
À la tribune de l'assemblée générale de la FDO, Bernard Magnon (vice-président), Frédéric Gontard (président), Emmanuel Fontaine (FNO), Franck Soulignac (vice-président du conseil départemental) et Jean-Henri Brunel (vice-président du Crédit Agricole SRA). ©CL-AD26
La sortie de crise n'est pas pour tout de suite. « La FCO-8 sera très certainement de retour en 2025, a estimé Martin Brusselle, vétérinaire conseil au GDS de la Drôme. La vaccination reste la meilleure des préventions », a-t-il ajouté, y compris pour la FCO-3 présente en Ardèche et en Isère (voir encadré). Encore faut-il disposer de doses de vaccins, ce qui n'est pas le cas actuellement.
D'autres conseils ont été donnés : éviter le pâturage en zone humide, rentrer les animaux en bâtiment fermé la nuit pendant la période active du vecteur de la maladie ; confiner les animaux malades pour éviter la propagation de la maladie ; assurer une bonne alimentation et complémentation (sélénium, vitamine A…) des animaux… Mais aussi éviter au maximum l'introduction d'animaux d'autres pays compte tenu des sérotypes actuellement en circulation (FCO-12 au Pays-Bas, FCO-1 en Espagne, FCO-4 en Autriche…). La désinsectisation a aussi été abordée.
Des dispositifs d'aides
Lors de cette assemblée générale, un point a été fait sur les aides obtenues pour surmonter cette grave crise sanitaire. En particulier l'aide d'urgence de l'État qui prend en charge les surmortalités liées à la FCO-8 et à la FCO-3, observées entre le 1er juin et le 31 décembre 2024, au sein des élevages ovins et caprins confirmés sur la même période (voir nos précédentes éditions). Au 4 février, « soixante dossiers ont déjà été déposés », a indiqué Manon Courias, cheffe du service agriculture à la DDT de la Drôme. « Pensez bien à faire vos demandes de dérogation pour la Pac en cas de pertes importantes d'animaux », a-t-elle ajouté.
Le soutien du conseil régional (aides aux échographies, à la recapitalisation), disponible en février, a aussi été abordé. Et le vice-président du conseil départemental de la Drôme, Franck Soulignac, a annoncé la mobilisation de 250 000 euros pour une aide exceptionnelle (voir encadré).
Prédation : des attentes
Autre sujet abordé, le loup. En 2024, les dommages de la prédation aux troupeaux ont reculé dans la Drôme. « Mais cela n'a rien de rassurant, a estimé Alain Baudouin, président de l’association des éleveurs et bergers du Vercors. Car les niveaux de 2024 sont ceux observés en 2019 et 2021 ». La proposition de l'Union européenne d'assouplir le statut de protection du loup dans la Convention de Berne est selon Frédéric Gontard « une victoire attendue mais une goutte d'eau ». En cause, « des budgets qui ne sont pas à la hauteur » pour l'indemnisation des pertes directes et indirectes, pour les moyens de protection des troupeaux et le financement du pastoralisme. Quant au statut du chien de protection, le président de la FDO demande que « l’État en supporte la responsabilité ».
« Nous défendons un “plan Marshall” pour la filière ovine, a dit Emmanuel Fontaine. Aujourd'hui, en France, 47 % de la viande ovine consommée est française. Notre objectif est d'atteindre 55 %. »
Christophe Ledoux
FCO-3 et FCO-8 : quand vacciner pour 2025 ?

→ « Idéalement, vacciner ou revacciner avant la mise à l’herbe, a indiqué Martin Brusselle, vétérinaire conseil au GDS de la Drôme, lors de l’assemblée générale de la FDO. Il faut que les animaux soient protégés avant la reprise de la circulation des virus prévue vers fin mai, début juin. Cela permet d’avoir une immunité maximale des animaux pendant la période de risque de juin à décembre. » À noter, bien tenir compte du délai d’acquisition de l’immunité suite à une primo-vaccination.
→ Concernant le délai entre les vaccinations FCO-8 et vaccination FCO-3, « à l’heure actuelle, aucune information n'est disponible en provenance des labos », fait-il remarquer.
→ Dois-je revacciner mon cheptel si je l’ai vacciné en 2024 ?
- Pour la FCO-8, « il faut revacciner au plus tard avant la mise à l’herbe, ce qui permet d'assurer le pic d’immunité pendant la période à risque, de recaler la période de vaccination annuelle à un moment de l’année plus propice à la vaccination (animaux en bâtiment). Et ceci malgré que la durée d’immunité connue soit d'un an. »
- Pour la FCO-3, « il faut revacciner en fin d’hiver début de printemps ou avant la mise à l’herbe pour être sûr que l’immunité soit en place pendant la période à risque », conseille Martin Brusselle. À noter, la durée d’immunité du vaccin sous ATU (autorisation temporaire d'utilisation) n’est pas connue à l’heure actuelle.
FCO : le Département vient en aide aux éleveurs
« Lors de sa séance publique du 17 février, le conseil départemental proposera la mise en place d’une aide exceptionnelle pour les élevages ovins, bovins et caprins impactés par la fièvre catarrhale ovine et vaccinés », a annoncé Franck Soulignac, vice-président. Cette aide permettra :
- la prise en charge de frais vétérinaires supportés par les élevages et la désinsectisation. Pour les élevages en agriculture biologique, la prise en charge des frais de vaccination contre la FCO-8 (car peu ou pas de traitements curatifs sont homologués en bio) ;
- la prise en charge d’analyses de dépistages de fertilité des mâles et de spermogrammes ;
- la prise en charge d’analyses de dépistage de la FCO (au-delà des analyses prises en charge par l’État) et des visites vétérinaires ;
- la prise en charge des frais de vaccination FCO-3 pour les élevages qui ont vacciné avant l’annonce de la prise en charge par l’État.
« Une enveloppe de 250 000 € sera proposée pour cette mesure exceptionnelle mise en place à partir d’avril, en partenariat avec la chambre d’agriculture, le GDS et la FDO 26, a précisé Franck Soulignac. Cette aide intervient en complémentarité de la Région et du fonds d’urgence de l’État. »
Ils ont dit
« Avec la crise sanitaire de la FCO, on enregistre une baisse de 30 % d'activité, a fait remarquer François Monge, président de la coopérative L'agneau soleil. Et avec la prédation, ce sont 15 000 à 20 000 agneaux en moins sur cinq ans. »
« La FCO est un désastre, a dit Jean-Pierre Royannez, président sortant de la chambre d'agriculture de la Drôme. Notre rôle est d'apporter un appui technique pour recapitaliser et retrouver de la performance. »
« La révision du statut du loup est un pas assez monumental », a considéré Didier-Claude Blanc, conseiller régional. Par ailleurs, sur la FCO, il a évoqué le plan d'aide de la Région.