Bientôt l’heure du verdict suite aux aléas climatiques
Le millésime 2021 sera moins précoce que les précédents. Premier tour d’horizon de la situation des vignobles dans la moitié sud du département alors que les vendanges se préparent.

En viticulture, comme dans d’autres filières, la campagne qui s’achève aura été ponctuée de nombreuses épreuves. La météo n’aura pas épargné les vignobles, depuis le gel exceptionnel du 8 avril jusqu’aux épisodes de grêle qui ont touché très localement mais très sévèrement certaines parcelles. Sans oublier sur juin, juillet et début août, des pluies fréquentes et abondantes qui ont fait grimper la pression sanitaire, obligeant les vignerons à redoubler d’effort face au mildiou.
En cette fin août, les conditions météo semblent enfin réunies pour offrir une belle maturité aux raisins. Mais les vendanges seront loin d’être aussi précoces que sur les précédents millésimes.
Un recul des volumes d’environ 30 %
Du côté de l’Union des vignerons des côtes du Rhône (UDCVR - Cellier des Dauphins), Sylvie Darves, directrice amont, en charge des relations avec les caves adhérentes, annonce un démarrage probable des vendanges pour les blancs sous IGP dans le secteur de Sérignan (84) autour du 25 août. « Les rosés devraient suivre avec une semaine de décalage. Mais nous serons sur une année très particulière, où nous risquons d’avoir beaucoup d’hétérogénéité de maturité y compris au sein d’une même parcelle », avertit-elle. Une conséquence directe du gel d’avril, qui a par ailleurs impacté fortement les volumes. « Au sein des caves de l’union, nous distinguons clairement deux secteurs : un premier qui concerne plutôt Suze-la-Rousse, Tulette ou encore l’Enclave des Papes où les pertes seront, selon les caves, de l’ordre de 40 à 50 % des volumes et un second, plus à l’est, vers Saint-Maurice-sur-Eygues, Vinsobres, Nyons où le gel a eu un impact beaucoup moins important. Sur l’ensemble de l’Union, nous nous attendons à un recul de l’ordre de 30 % des volumes », confie Sylvie Darves. A quelques jours de récolter les premiers raisins, elle pointe tout de même de nombreux signaux positifs : les conditions climatiques sont pour l’instant particulièrement favorables à la maturité, les vignes n’ont pas subi de stress hydrique et la pression sanitaire est restée « acceptable » sur le secteur de l’UDCVR. Elle indique que les premiers cépages rouges ne seront certainement pas prêts avant le 10 septembre. « Pour l’instant, les choses se présentent plutôt bien, hormis les pertes imputables au gel », conclut-elle.
Des conditions actuelles idéales
Du côté du Nyonsais, Pierre-Michel More, président du syndicat des vignerons du Nyonsais, estime que les vendanges démarreront huit à dix jours plus tard qu’en 2020, soit vers le 15 septembre pour les rouges et quelques jours plus tôt pour les rosés précoces. « Le gel a relativement épargné notre zone géographique, même si certains quartiers ont tout de même été plus impactés. Derrière, nous avons eu également des phénomènes de coulure sur certains coteaux. Quelques parcelles ont également été touchées par le mildiou mais globalement nous avons moins subi la pluie que d’autres territoires », décrit le président. L’heure est à la patience jusqu’à ce que le raisin soit rentré en cuve. « Pour l’instant, les conditions sont idéales : un peu de mistral pour éviter la rosée, du soleil, des températures pas trop élevées, des nuits un peu fraîches pour garder l’acidité... Si cela se poursuit ainsi, nous n’aurons pas une grosse récolte mais elle sera jolie », résume Pierre-Michel More.
Des vignes touchées par la grêle dans le Diois
Dans le Diois, Nicolas Fermond, directeur technique à la cave de Die - Jaillance, indique que les suivis actuels de maturité sont proches de ceux du millésime 2016. Ce qui laisse entrevoir un démarrage des vendanges sur les secteurs les plus précoces de l’aire d’appellation de la Clairette de Die autour des semaines 36 ou 37. Si le vignoble diois a été relativement épargné par le gel d’avril, plusieurs communes (Die, Aurel, Barsac…) ont par contre été fortement impactées par la grêle, avec des parcelles touchées à plus de 90 %. « Entre le gel et la grêle, nous nous attendons à une perte de volumes de l’ordre de 20 % par rapport au potentiel habituel », signale Nicolas Fermond. Enfin, du côté de l’état sanitaire, il souligne que la mobilisation des viticulteurs a permis de bien maîtriser la pression mildiou qui, dans la vallée de la Drôme, a été relativement forte. Désormais les conditions météo sont idéales et le vignoble s’avère très sain selon le directeur technique.