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CAPRIN

Le Picodon AOP cherche  un nouvel élan

Le syndicat du Picodon AOP a réuni ses adhérents le 14 avril à La Voulte-sur-Rhône (Ardèche). Les capacités de production se maintiennent dans un contexte économique difficile pour les AOP fromagères.

Le Picodon AOP cherche  un nouvel élan
©AAA_AL
Le Picodon doit « redevenir une habitude de consommation quotidienne pour la population locale », a lancé le président en assemblée générale.

Après avoir surmonté une forte baisse des ventes en 2023, le Picodon AOP tâche d’impulser une nouvelle dynamique. Les résultats de l’année 2024 sont globalement satisfaisants, marqués par une stagnation des ventes et le maintien des capacités de production, mais « la filière Picodon a pris un coup comme toutes les filières fromagères sous appellation depuis deux ans », confie le président du syndicat du Picodon et éleveur à Boffres, Nicolas Revol. La baisse des ventes se démarque davantage en GMS et concerne l’ensemble des circuits de commercialisation de l’appellation, même en circuits courts, a-t-il ajouté. Les prix moyens quant à eux étaient en hausse dans les GMS (2,40 €/pièce) et sur les marchés (3,08 €/pièce), mais relativement stables dans les autres circuits de vente. Les crémeries restant le circuit proposant le Picodon au prix le plus élevé (3,25 €/pièce). « Nous faisons de la pédagogie pour expliquer que les coûts de production sont en hausse, notamment par le biais du coût de l’énergie, et que la qualité du fromage passe avant tout par la rémunération du producteur », a expliqué Nicolas Revol.
Côté budget, le syndicat du Picodon AOP affiche un résultat positif sur l’exercice 2024. Dans le cadre du Plan filière caprin/ovin lait 2023-2027, des aides de fonctionnement ont été attribuées notamment à l’ODG, ainsi que des accompagnements techniques et des aides à l’investissement accessibles aux éleveurs. Des subventions ont été allouées également au syndicat par les conseils départementaux de la Drôme (9 500 €) et de l’Ardèche (5 000 €). Pour 2026, une augmentation de 2 % sur la cotisation a été votée en assemblée générale.

Un appel à se positionner sur le marché de la restauration collective

Dans ce contexte économique et quels que soient les facteurs externes (baisse du pouvoir d’achat, changements de comportement des consommateurs, etc.), le Picodon doit « redevenir une habitude de consommation quotidienne pour la population locale », a lancé le président en assemblée générale. Il a encouragé notamment à se positionner sur le marché de la restauration collective en Drôme et Ardèche, pouvant représenter d’importants volumes de vente et ouvrir un espace supplémentaire de promotion locale de l’appellation, d’autant plus qu’« avec la loi Egalim, plusieurs collectivités ont fait l’effort de se sourcer localement, d’augmenter la qualité des produits et un petit peu le prix du repas », a-t-il rappelé. « Il faut se lancer sur ce marché ! »

Comment répondre aux problématiques de fourrages ?

Face aux problématiques de fourrages rencontrées en 2024, notamment sur la première coupe dans le nord de l’Ardèche et de la Drôme, une rencontre entre adhérents de l’AOP organisée fin novembre a permis de mettre en perspective les difficultés de récolte et de conservation au regard des projections climatiques ainsi que les leviers d’adaptation à la multiplication des printemps humides. L’occasion également de réfléchir sur des solutions alternatives à l’interdiction de l’enrubannage dans le cahier des charges, difficilement modifiable même temporairement, a souligné le président du syndicat. Plusieurs axes de travail ont été actés par le conseil d’administration de l’ODG : le dépôt de projets en lien avec le séchage en grange/botte et la sécurisation des fourrages produits dans la zone AOP ; la création d’un groupe WhatsApp entre vendeurs de fourrages et adhérents à l’AOP. Des discussions avec l’Inao et Qualisud sont aussi engagées sur la possibilité de recourir à une « déclaration de non-production en AOP » pour consommer de l’enrubanné et ainsi « avoir une solution de secours », poursuit Nicolas Revol.

L’appui technique de la Ferme du Pradel

Parmi les projets techniques soutenant les activités de l’ODG, cette assemblée générale a mis en évidence les essais menés au la Ferme expérimentale du Pradel dans le cadre des projets ADAoPT et FESTIG, qui visent à accompagner les AOP et IGP laitières dans leur stratégie d’adaptation au changement climatique. Claire Boyer, chargée des expérimentations à la Ferme du Pradel, et Philippe Thorey, chargé de projet caprin à l’Idele et animateur du dispositif Cap’Pradel, ont présenté notamment les rendements et les valeurs alimentaires mesurés depuis plusieurs années sur des parcelles fourragères de plantain et chicorée, ainsi que les résultats des essais « de la fourche à la fourchette » sur le sorgho pâturé à la Ferme du Pradel.

Un incontournable petit palet au lait cru de chèvre

Alors que l’appellation a fêté ses 40 ans en 2023, l’édition d’un livre est prévue pour la fin d’année, au plus tard début 2026, sur l’empreinte actuelle de cet incontournable petit palet de fromage au lait cru de chèvre. Il regroupera notamment des portraits de producteurs et des articles sur le pastoralisme. 
Autre support de promotion et de communication, la carte dépliante du Picodon AOP a été mise à jour et réimprimée fin 2024 : elle liste tous les opérateurs, permet de localiser les points de vente en direct et connaître leurs horaires d’ouverture. 

A.L.

Production de Picodon AOP :
439,49 tonnes en 2024 (456,50 tonnes en 2023).
138 opérateurs (142 en 2023).
Prix moyens en GMS et sur les marchés en hausse de 8 % par rapport à 2023.

Conseil d’administration


Le conseil d’administration du syndicat compte 18 administrateurs au sein de ses différents collèges, élus pour un mandat de deux ans. Les personnes suivantes ont été élues ou leur mandat renouvelé :
Collège des producteurs fermiers transformateurs : Anaïs Robert (Châteauneuf-de-Galaure), Guillaume Baracand (Châtillon-Saint-Jean) et Laurent Balmelle (Ribes). 
Collège des entreprises d’affinage : Jean-Baptiste Duroux (responsable de production de la fromagerie du Vivarais).
Collège des producteurs de lait de chèvre livrant leur lait à une entreprise de transformation de Picodon AOP : Hugon Delorme (directeur d’exploitation de la ferme expérimentale Cap’Line du Pradel) et Grégoire Bobichon (Préaux). 
Collège des entreprises de transformation (uniquement pour un an) : Véronique Lecoq (Fromagerie Eurial), Aline Cartasso (Fromagerie de la Drôme), Camille Yvorel (Groupe Agrial) et en tant qu’observateur Pierre Jurine (Fromagerie de la Drôme).