Le préfet au chevet de la lavande
Vendredi 25 avril à Buis-les-Baronnies, Thierry Devimeux, préfet de la Drôme, a réuni les acteurs de la filière lavandicole pour une journée d’échanges. Une mobilisation pour faire face à la profonde crise qui frappe cette production emblématique de la Provence depuis 2020.
Rassemblant autour de lui producteurs, élus, partenaires économiques et institutionnels, l’objectif de la réunion organisée le 25 avril à Buis-les-Baronnies a consisté à dresser un état des lieux, partager les dispositifs d’accompagnement existant et construire des pistes nouvelles permettant un avenir aux lavandiculteurs. La lavande étant au cœur de l’écosystème agricole, économique et touristique de la Provence.
Constats
Depuis plusieurs années, les prix s’effondrent suite à une surproduction en Europe et dans le monde. De premier producteur mondial de lavande, la France est désormais devancée par la Bulgarie mais aussi talonnée par la Chine, l’Espagne, l’Ukraine ou encore la Moldavie.
En Drôme, la production est impactée par le dérèglement climatique avec des températures élevées, de faibles précipitations et des infestations de ravageurs (cicadelle) ou encore le dépérissement causé par une bactérie. Autre constat, les producteurs diversifiés (en arboriculture, en viticulture) rencontrent également des difficultés économiques identiques.
Il n’en demeure pas moins que la lavande est un patrimoine historique, culturel, social et familial qui dessine les paysages de Provence, fixe la population et lui donne les moyens de vivre. Préserver ce patrimoine qui génère plus de 9 000 emplois directs est donc essentiel.
Des pistes
La mise en place d’un fonds de dotation ou d’un plan d’urgence financé par l’État et l’Europe pour venir en aide aux producteurs a été évoquée afin d’éviter l’effondrement de la filière en attendant la prochaine PAC et que le marché mondial se régularise. Par ailleurs, l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des paysages culturels de lavandes en Provence est perçue comme un moyen de préserver et valoriser la zone traditionnelle de production.
Autre piste évoquée, l’agroécologie qui invite à installer des plantes de couverture entre les rangs de lavande pour mieux retenir l’humidité et rendre les parcelles plus résistantes. L’esthétique des champs de lavande en sera cependant transformée avec des traînées de jaune, vert ou autres couleurs.
L’avenir de la lavande passe aussi par la plantation d’hybrides résistants aux ravageurs et l’installation de systèmes d’irrigation.
Sur le terrain
L’après-midi, le préfet de la Drôme, accompagné du sous-préfet Philippe Nucho, de la sénatrice Marie-Pierre Monier, du président de la chambre d’agriculture Jean-Pierre Royannez ainsi que du président du syndicat des producteurs de plantes à parfum de la Drôme et de l’Ardèche, Alain Aubanel, est allé à la rencontre de Jérôme Morin, lavandiculteur, arboriculteur, viticulteur et producteurs de céréales à Bésignan. Une visite sur le terrain pour échanger sur les conséquences des aléas climatiques et les défis croissants auxquels se confronte la filière agricole locale. La délégation a écouté et noté avec intérêt les échanges et doléances en assurant le producteur de sa volonté de soutenir et pérenniser cette culture emblématique de Provence.
J-M. P. et C.L.
À noter, une enquête menée par FranceAgriMer, dévoilée dernièrement, a cherché à établir la faisabilité économique des reconversions dans les exploitations lavandicoles.