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SANITAIRE

Peste porcine africaine : un audit de biosécurité 100 % gratuit

La fièvre porcine africaine (FPA) ou peste porcine africaine (PPA) est aux portes de la frontière française. Avec moins de 18 % des exploitations conformes aux mesures de biosécurité, pourtant obligatoires depuis 2016, on fait le point avec Sylvie Gleize, technicienne du GDS 07, habilitée à réaliser l’audit financé par l’État jusqu’à fin décembre.

Peste porcine africaine : un audit de biosécurité 100 % gratuit
©MM
Sas sanitaire d’un élevage de porcs en plein air.

Qu’est-ce que la PPA et quelles sont ses conséquences ?  

Sylvie Gleize : « La peste porcine africaine (PPA) est une maladie virale de catégorie A. Comme elle n’existe pas en France, si elle y arrivait, il serait obligatoire de l’éradiquer. Chez les porcs, elle provoque de la fièvre, des hémorragies dues à l’éclatement des globules rouges, entraînant une forte mortalité dans les élevages. Elle peut également provoquer des avortements et une morbidité importante, ce qui engendre des conséquences économiques sévères, même lorsque certains animaux guérissent. Si la PPA survenait en France, elle serait gérée de la même manière que la DNC, avec un système de zonage : un foyer, une zone de 20 km autour et une zone de 50 km. »

Y a-t-il vraiment un risque que cette maladie arrive en France ? 

S.G. : « Elle n’est pas loin : en Italie et en Allemagne, et dernièrement la Croatie a abattu près de 12 000 porcs, car la maladie est apparue, il y a peu, en septembre. »

Pouvez-vous rappeler les mesures de biosécurité ? 

S.G. : « Un arrêté a été pris en octobre 2016, obligeant tous les détenteurs de porcs à se former à la biosécurité, c’est-à-dire aux mesures de protection de leur élevage. Ces mesures concernent non seulement la PPA, mais toutes les maladies animales. Les éleveurs doivent mettre en place plusieurs actions, telles que : la protection vis-à-vis de la faune sauvage et la gestion des nuisibles, le zonage de l’exploitation (zone d'élevage, zone professionnelle et zone publique), le contrôle des fournisseurs et des personnes extérieures à l’élevage, la mise en place d’un sas avec changement de tenue et consignation des entrées, ainsi que la gestion des cadavres. »

Un audit de biosécurité, financé par l’État jusqu’à la fin de l’année, a été mis en place. Pouvez-vous en expliquer les détails ?

S.G. : « Les audits ont été mis en place pour préparer et anticiper l’arrivée de la maladie. L’ANSP (Association nationale sanitaire porcine) a élaboré une grille d’évaluation des points de biosécurité à observer. Chaque élevage est évalué sur place, que ce soit en plein air ou en bâtiment, afin de vérifier la gestion des différents aspects de la biosécurité. Des notes sont attribuées pour déterminer si l’élevage est conforme ou si des améliorations sont nécessaires. L’objectif de l’audit n’est pas seulement de contrôler, mais surtout de proposer des solutions d’amélioration afin que les non-conformités puissent être corrigées efficacement. »

Quel est l’intérêt de cet audit, s’il y avait la maladie ? 

S.G. : « Si la PPA arrive, seuls les éleveurs ayant atteint un certain niveau de biosécurité, vérifié grâce à l’audit, pourront bénéficier de dérogations pour commercialiser leurs animaux vers l’abattoir. En Ardèche, sur 133 détenteurs de porcs connus, 58 sont actuellement éligibles à l’audit. Jusqu’à la fin de l’année, ces éleveurs peuvent bénéficier de cet audit, entièrement financé par l’État. Cela permettrait aussi à l’État de disposer d’un premier état des lieux des élevages, et de faciliter l’accès à des aides au repeuplement en cas de dépeuplement lié à la maladie. »

Quels sont les points à scruter lors de l’audit ? 

S.G. : « L’audit de biosécurité évalue plusieurs aspects de l’élevage : le mode de logement des animaux (bâtiments ou parcs), les clôtures, le sas d’entrée, le changement de tenue des éleveurs, la délimitation des zones de l’exploitation, le stockage des aliments et du matériel, ainsi que la gestion des cadavres. Au total, treize points sont examinés. Pour être considéré conforme, un élevage doit atteindre au minimum 75 % de bonnes pratiques. Or, actuellement, le pourcentage d’exploitations conformes reste très faible, malgré l’obligation instaurée depuis 2016. Moins de 18 % des exploitations sont conformes sur l’ensemble du territoire français.

Propos recueillis par M.M.