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Aviculture

Poules pondeuses : un paysage régional très diversifié

Alors que le renouvellement des générations en agriculture est au cœur des enjeux majeurs de ces prochaines années, l’Institut technique avicole (Itavi) s’est engagé dans le projet Atract, visant à renforcer l’attractivité et à favoriser l’installation en production de monogastriques en Auvergne-Rhône-Alpes. 

 Poules pondeuses : un paysage régional très diversifié
©Réussir
Selon l’étude de l’Itavi et les dernières données du recensement général agricole 2020, 2 103 exploitations aurhalpines disposent d’un atelier avicole significatif et 751 sont en poules pondeuses.

Le projet Atract, pour acquisition et transfert de références technico-économiques et de temps de travail pour favoriser l’installation en systèmes mixtes avec ateliers monogastriques, est un programme inter-filières associant l’Itavi aux interprofessions régionales des porcs (Interp’Aura), volailles (Afivol) et lapins (Anvol). Alors que la problématique du renouvellement des générations en agriculture est commune à toutes les filières, ce programme de recherche (2024-2027) a un triple objectif : dresser un état des lieux de l’installation dans ces productions et élaborer des types de projets d’installation d’ateliers monogastriques, acquérir des connaissances sur les temps de travaux dans les exploitations mixtes associant un atelier granivore à une autre production et valoriser les références acquises par le biais d’un réseau inter-filières - chambre d’agriculture - enseignement. Pour décrypter les données, Lucie Cousin, chargée de mission au service socio-économique de l’Itavi, s’est appuyée sur le recensement agricole (2010-2020) et les données avicoles en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) ayant un atelier avicole significatif. « Sur les 41 461 exploitations recensées en 2020, 2 103 disposent d’un atelier avicole significatif et 751 sont en poules pondeuses », explique la jeune femme. Avec une surface agricole utilisée (SAU) totale et un temps de travail global croissants, la dynamique en aviculture ne reflète pas celle du monde agricole en Aura, qui voit ces deux aspects en déclin. 

Développement des ateliers d’élevage mixtes 

En 2020, l’âge moyen des éleveurs de volailles en région était de 46 ans (contre 45 ans en 2010), une valeur moins élevée que l’ensemble des exploitants agricoles régionaux (49 ans). Le cheptel régional évolue également, avec une forte augmentation des ateliers de volailles dans des exploitations ayant des vaches allaitantes, les deux ateliers étant complémentaires. Toutefois, la baisse des élevages granivores spécialisés (- 20 %) et des exploitations en polyculture-élevage avec herbivores (- 13 %) ne vient pas compenser la hausse des exploitations en polyculture-élevage granivore (+ 4 %) en région. La Drôme est majoritairement représentée en polyculture-élevage granivore avec 55 % de ses exploitations. L’Allier, la Loire et le Puy-de-Dôme présentent une prévalence du poly-élevage. L’Ain, l’Ardèche et l’Isère ont quant à eux une typologie assez équilibrée. Toutefois, aujourd’hui, seul l’Allier se démarque avec une hausse des exploitations et une forte évolution des unités gros bétail (UGB). Ces dernières sont en revanche en déclin dans l’Ain et la Drôme, avec respectivement des ateliers de volailles qui baissent et des ateliers de vaches allaitantes qui augmentent. L’Isère, en revanche, se distingue par une forte évolution des UGB poules pondeuses par exploitation. Devant l’augmentation des UGB dans certains départements, la main d’œuvre en exploitation avicole – en termes de volume de travail moyen - augmente, malgré une baisse du nombre d’actifs.

Définir des projets types d’installation

Par ailleurs, la chargée de mission a dressé le profil des nouveaux installés en volaille pondeuse (données 2023). « Nous avons recensé 14 installations en poules pondeuses en 2023, dont 69 % en zone de montagne. La majorité d’entre elles se fait en circuits courts, dont la vente directe. Le nouvel installé a en moyenne 29 ans, issu ou non du milieu agricole (50/50) et diplômé du BPREA, en Gaec ou entreprise individuelle. » 

Amandine Priolet

Pour compléter ses travaux de recherche et définir les projets types d’installation, Lucie Cousin appelle les éleveurs ou organisations de production à enrichir la base de données sur les cinq dernières années. 

Contact :  [email protected].

Le parasitisme intestinal, une problématique sous-estimée

Le parasitisme intestinal, une problématique sous-estimée
©Itavi
Alors que les élevages de volailles en plein air ont le vent en poupe, les parcours extérieurs s’avèrent être des lieux d’exposition aux parasites et aux hôtes intermédiaires.

Le parasitisme intestinal est une problématique à observer de près. L’Institut technique avicole (Itavi) a conduit trois années d’observation à ce sujet. Explications.  
Si la demande sociétale évolue en faveur des élevages de volailles en plein air notamment pour le bien-être des animaux, les parcours extérieurs sont des lieux d’exposition aux parasites et aux hôtes intermédiaires. Difficile alors d’y remédier. « Les œufs de parasites survivent jusqu’à un an ou plus dans l’environnement. Cela favorise donc une infestation continue », explique Anthony Dinh, technicien d’expérimentation à l’Itavi. « Il est donc nécessaire de surveiller le niveau d’infestation des animaux pour éviter des problèmes sanitaires majeurs au cœur de l’élevage », poursuit-il. Car si tous ne sont pas dangereux, ils peuvent néanmoins avoir des conséquences dramatiques sur le bien-être et les performances des animaux. D’autant plus, qu’il existe plusieurs types de vers intestinaux, appelés aussi helminthes. Dans les élevages de plein air, les nématodes (ascaridia, heterakis, capillaria) ou les cestodes (raillietina) sont les parasites les plus présents. Au cours de trois années d’observations nationales conduites entre 2019 et 2023, les expérimentateurs ont utilisé deux méthodes : la coproscopie pour déterminer la présence d’œufs de parasites dans les matières fécales et la méthode par tamisages successifs1 pour dénombrer les vers dans le contenu intestinal et caecal des volailles.

Attention à la période de prépatence

Si la méthode par tamisages successifs s’est avérée la plus précise pour le comptage des vers, elle permet surtout de mieux cibler le vermifuge à adopter. « Plus le délai entre deux traitements est élevé, plus la charge parasitaire est importante », indique Léa Ottmann, chargée de mission santé animale. Des essais sur des lots ayant reçu des traitements alternatifs ou ayant été exemptés de traitements ont été réalisés. Mais ce sont « les traitements classiques qui se sont montrés les plus efficaces, à condition de respecter la période de prépatence pour éviter de nouvelles contaminations. Lorsque les traitements sont administrés en respectant la période de prépatence, le portage diminue. Toutefois, les éleveurs doivent avoir une gestion raisonnée, notamment pour éviter la résistance aux antiparasitaires », déclare-t-elle. 
Au total, 171 élevages ont été suivis, soit 106 en pondeuses et 65 en volailles de chair. Globalement, les portages - similaires selon les régions (Grand-Ouest, Sud-Est) -, sont plus importants en poules pondeuses (93 %) qu’en volaille de chair (46 %), avec une part importante de nématodes. Ces données s’expliquent notamment par la durée de l’élevage. « Jusqu’à présent, la pression helminthique avait été sous-estimée », alerte Léa Ottmann. Pour aller plus loin, l’institut de recherche travaille actuellement sur un projet de développement d’un modèle expérimental d’infestation avec Ascaridia galli, en partenariat avec l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). L’idée est d’évaluer, de manière objective, l’impact sur la production et la santé des animaux en fonction de la charge parasitaire, mais aussi la résistance de ces parasites aux différents traitements utilisés. 

A. P.

1. Méthode développée par l’Anses et l’Itavi.