Congrès FNSEA : « Remettre l’outil de production en route »
La FNSEA a conclu le 27 mars les travaux de son 79e congrès à Grenoble, en présence de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. Son président, Arnaud Rousseau a fait passer le message de remettre la production au cœur de la stratégie agricole française et européenne.

Évoquant le lot quotidien des obstacles en tous genres qui ont rythmé l’année 2024 (manifestations, dissolution, censure, quatre gouvernements, intempéries…), le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a répété, comme pour mieux faire passer le message, que « les décideurs doivent prendre la pleine mesure des combats à mener ». Au premier rangs de ces derniers, il « faut remettre l’outil de production en route », a-t-il insisté devant plus de 1 000 congressistes réunis à Grenoble, parfois dissipés.
Réarmer la production agricole
« Nous perdons notre potentiel de production » a poursuivi Arnaud Rousseau énumérant les reculs économiques de la Ferme France : « En vingt ans, la production de viande a baissé de 16 %, et les importations augmenté de 81 %. La production de vin a reculé de 24 %, et les importations ont grimpé de 15 %. Pour les fruits (…) 12 % de production en moins mais 31 % d’importations en plus… Entre 2015 et 2024, la France a perdu un million d’hectares de blé tendre. Soit 20% des surfaces perdues. Et sur ces 20%, les trois quarts n’ont désormais plus aucune vocation de production agricole », a-t-il constaté.
Réarmer la production agricole et notre souveraineté alimentaire aussi bien française qu’européenne « s’impose », a-t-il enchaîné, demandant à la ministre de l'Agriculture de « contrôler et sanctionner » et de « reprendre son administration en mains (…) Il n’est plus tolérable de voir des fonctionnaires de l’État se comporter comme des militants politiques qui défient l’autorité des ministres !». Ce qui a soulevé l’enthousiasme des congressistes.
"Raffermir la construction du prix en marche avant"
S'agissant des négociations commerciales et des prix, « il faut continuer à raffermir la construction du prix en marche avant. Les productions agricoles ne doivent plus, ni en France, ni en Europe, être la variable d’ajustement dans les relations commerciales avec les industriels et les distributeurs ! », a soutenu le président de la FNSEA, très mécontent de voir l’examen de la proposition de loi Duplomb-Ménonville visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur sans cesse reporté. « Madame la Ministre, quand on s’engage publiquement sur une date devant les agriculteurs, la moindre des choses est de s’y tenir ! Nous exigeons de vous du courage politique et de l’efficacité », a lancé Arnaud Rousseau.
"J’ai tenu bon et porté vos revendications"
La ministre a tenté de temporiser arguant un encombrement législatif en raison de nombreux textes comme la loi simplification, la loi sur la fin de vie… « Si la situation politique a retardé la mise en place de certaines mesures, j’ai tenu bon et porté vos revendications (…) Tous piaffent d’impatience », a-t-elle complété, soulevant quelques exclamations et onomatopées dans le public n’acceptant pas ce qu’il considère comme une fausse excuse.
Ce retard à l’allumage donne en effet le désagréable sentiment qu’une fois la loi d’orientation agricole adoptée et promulguée, le dossier agricole pourrait revenir sur le bas de la pile. « Nous naviguons à vue » avait prévenu peu auparavant Arnaud Rousseau. Cependant, la ministre et le syndicaliste s’accordent sur l’objectif de réarmer son agriculture et son alimentation. Annie Genevard a sur ce point rappelé que la France appuyait la proposition de la présidence polonaise sur l’autoriser les brevets des variétés de plantes NGT de catégorie 1. « Je vais aussi défendre l’idée que les autorisations de mise sur le marché des produits phytosanitaires soient prises sur le plan européen et que la France bénéficie des mêmes moyens de protection des plantes que ses voisins », a-t-elle dit, avant d’entrer dans une séquence à la fois confidentielle et rassurante : « Je pars toujours de la parole des agriculteurs sur le terrain. C’est le juge de paix pour moi. Ce que vous attendez des administrations, je l’attends aussi. Vos demandes sont toujours parfaitement fondées. Ce n’est pas toujours facile mais soyez certains de ma grande conviction de travailler à vos côtés », a-t-elle conclu.
Christophe Soulard