Des serres photovoltaïques à la Ferme des Allégrets

Les aléas climatiques de ces dernières années poussent certains agriculteurs à profiter pleinement du soleil en même temps que de protéger leurs cultures.

Comment avez-vous conçu votre projet de serre photovoltaïque ?

Samuel Baron : « La toiture est asymétrique, du coup la partie sud est plus grande que la partie nord. Outre les panneaux photovoltaïques, sur cette partie sud, il y a une partie couverte de verre diffusant. Cela permet d’avoir plus de précocité que sur les anciennes serres et elles sont également plus hautes apportant ainsi de la luminosité sur les côtés. La production électrique annuelle entièrement injectée sur le réseau, avec les autres installations de la ferme, couvre l’équivalent de la moitié de la consommation des familles anneyronnaises (hors industrie). Les serres sont dédiées aux cultures maraîchères : salades, pommes de terre, courgettes, aubergine, mais également à la production fruitière (fraises, petits fruits rouges) avec une nouveauté une plantation de 250 plants d’agrumes qui donneront des citrons, des oranges, des pamplemousses et des mandarines. Nos produits sont vendus sur nos points de vente à Anneyron et Hauterives. »

Pourquoi cette diversification dans les agrumes ? 

S.B. : « Il a plusieurs raisons, répond l'exploitant. Tout d’abord, c’est une réflexion qu’on a eue avec mon frère, en pensant au citronnier qui poussait dans la véranda de mes parents. Ensuite, les agrumes vont produire à une période où nous avons moins de fruits et légumes sur nos points de vente et c’est également répondre à une demande de nos clients. On s'est dit pourquoi ne pas faire la même chose que dans la véranda ? On devrait y arriver et tout aussi bien. En agriculture, il faut être novateur. On essaie, des fois on réussit, des fois on se plante. Là on tente un coup. On sait que pendant trois ans, on n'aura pas de production. Donc c'est un investissement sur l'avenir. »

Quels avantages vous apportent l’installation de serres photovoltaïques ?
S.B. : « Nous aurions pu continuer avec des serres plastique. Mais là, l'avantage, c'est d'être sous des serres qui restent en place, que l'on n'a pas à monter et démonter chaque année. Cela évite aussi tous les problèmes de recyclage liés au plastique. Nous sommes sur un site de bien meilleure qualité de travail pour nos salariés : qu'il pleuve, qu'il vente, ils sont à l’abri. Pour le soleil, des ombrières peuvent être descendues sur les côtés et nous pouvons également ventiler, donc ce sont des conditions de travail bien meilleures qu'auparavant. »

En termes de productions, cela vous procure-t-il plus de souplesse ?

S.B. : « Au niveau de la production, nous sommes en pleine terre, on ne fait pas de hors-sol, on est attaché à ça. Concernant l’irrigation, le site est alimenté soit par un puit, soit par des bouches d'irrigation gérées par le syndicat d’irrigation de la Drôme. Plusieurs modes d'irrigation sont utilisés, goutte à goutte, qui est une priorité pour nous, de la micro-aspersion pour les agrumes et les bandes enherbées. Du côté des fraises, des bâches évitent la pousse de l'herbe et nous sommes uniquement en goutte à goutte. Donc, nous réduisons les zones arrosées au pied des plants, et cela évite la perte d'eau dans les sols. L'avantage de ces structures, c'est qu'elles sont plus lumineuses, donc cela permet une meilleure précocité. Nous sommes aussi sur des sols qui étaient en luzerne depuis cinq ans, sur lesquels nous faisions un fauchage et le reste était rendu au sol. Donc, nous avons un sol super riche en azote, naturellement, et de ce fait une production de bonne qualité. Nous observons que les plants d'agrumes ont déjà bien poussé, les feuilles de l’année sont jolies. Et pour les autres cultures, nous sommes vraiment contents car la production est belle. »

Contact : Ferme des Allégrets, 10 rue Marquis d’Arlande, 04 75 31 54 67.