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Salon

Inauguration du SIA  sous très haute tension

 Les organisateurs du 60e salon international de l’agriculture (SIA), qui se tient du 24 février au 3 mars à Paris, avaient prédit un salon « pas comme les autres ». Ils ne se sont pas trompés.

Inauguration du SIA  sous très haute tension
Lors de la visite du chef de l’État le 24 février, un impressionnant cordon de sécurité avait été déployé aux abords du Parc des expositions de la Porte de Versailles ainsi qu’à l’intérieur. © Actuagri-CS

De mémoire d’exposants, on n’avait jamais vu ça : les portes du Salon de l’agriculture sont restées fermées jusqu’à 10 h 30 le 24 février. En effet, les tensions ont été vives peu avant l’inauguration. Peu après 8 heures, soit une heure avant l’ouverture officielle du Salon, des centaines d’agriculteurs ont forcé une des entrées latérales du Parc des expositions et ont investi les allées du Salon. Cela alors même que le président de la République était sur place. Un important et impressionnant cordon de sécurité a été déployé aux abords du Parc des expositions de la Porte de Versailles ainsi qu’à l’intérieur.

Pas de complaisance

Quelques échauffourées ont eu lieu tout au long de la matinée et une partie de l’après-midi, vite contenues par les forces de l’ordre. Autour d’un petit-déjeuner, Emmanuel Macron a pu rencontrer les responsables agricoles, parmi lesquels Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, Hervé Lapie, secrétaire général, et Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs (JA). À l’issue, il s’est exprimé face à la presse. Il est notamment revenu sur l’épisode des Soulèvements de la Terre qui, selon Arnaud Rousseau « a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». 
Emmanuel Macron a déclaré n’avoir « jamais envisagé » d’inviter les Soulèvements de la Terre à un débat. Peut-être ne l’a-t-il pas pensé personnellement. Mais l’information a bel et bien été transmise par ses services le 22 février lors d’un brief off avec les journalistes. Pour le chef de l’État, c’est « une erreur d’information », s’est-il enferré. Avant d’ajouter : « Je n’ai aucune complaisance avec ceux qui s’en prennent au monde agricole ».

 À fond la caisse sur la simplification »

Puis le débat s’est poursuivi de manière impromptue dans une salle sécurisée du hall 1, pavillon qui a été fermé une grande partie de la journée au public. Autour du chef de l’État, des délégations syndicales l’ont interpellé sur la situation et les promesses non tenues. « De grâce, ne disons pas que rien n’a été fait », a tranché Emmanuel Macron qui a notamment égrainé les mesures d’urgences mises en place pour les agriculteurs victimes des tempêtes, des inondations, de la maladie hémorragique épizootique (MHE)... Il a tenté de rassurer le monde agricole en promettant « de continuer à fond la caisse sur la simplification, j’en prends l’engagement solennel ! ». Et d’ajouter : « Je suis fier de notre agriculture et je me bats pour elle. Je veux qu’on puisse protéger ceux qui nous nourrissent ». De même, il a convié les syndicats agricoles à le revoir très prochainement pour faire le point sur la mise en œuvre de ses annonces (lire page 10) : « Un rendez-vous autour de moi, chez moi, dans trois semaines », a-t-il promis, soit autour du 15 mars. Contredisant son ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, il a annoncé vouloir des « prix planchers » pour répondre à la colère des exploitants, qui réclament de pouvoir mieux vivre de leur travail. Une annonce qui ne ravit pas la FNSEA, « car le prix plancher ne garantit pas les volumes », estime-t-on.

Huées, quolibets et sifflets

Malgré un climat tendu et presque d’hostilité, Emmanuel Macron a tenu à déambuler dans le hall 1, sous les huées, les quolibets et les sifflets : « Fumier », « Barre-toi » « Macron démission ». De manière imperturbable, accompagné de Marc Fesneau et d’Agnès Pannier-Runacher, il a pu visiter plusieurs stands sous très haute protection, avec un cordon de CRS et de gendarmes à chaque coin de stand. Il était impossible de l’approcher à moins de 40 mètres environ. C’est vers 13 h 30 qu’il a pu enfin couper le fameux ruban, lançant officiellement la 60e édition du SIA puis aller à la rencontre d’Oreillette, la vache mascotte du Salon. Il a ensuite arpenté le hall 1 avant de déjeuner vers 15 h 30 avec les interprofessions puis il s’est rendu au hall 4, quelque peu bunkérisé, où d’autres mouvements d’humeur ont éclaté. Le chef de l’État a poursuivi sa déambulation qui s’est terminée vers 21 h 30.

C. S.

Les heurts ont provoqué un retard d’une heure et demie de l’ouverture du salon au grand public. © Actuagri-CS