Une conception de bâtiment optimisée autour du robot de traite
L’installation d’un robot de traite dans un bâtiment doit être le fruit d’une mûre réflexion. À la clé : du temps de travail gagné au quotidien, un meilleur confort de travail pour l’éleveur et des animaux moins stressés.

«Souvent, on installe un robot sans avoir vraiment pris le temps de réfléchir à sa façon de travailler dans son bâtiment avec ce nouvel équipement, à la manière d’intervenir sur les animaux et aux moyens de réduire la perte de temps », a expliqué Tanguy Morel, chef de projet bâtiment d’élevage à l’Institut de l’élevage lors d’une conférence proposée au Sommet de l’élevage 2023. Le spécialiste a rappelé les bases d’une conception optimisée : « Il s’agit d’optimiser l’organisation générale en privilégiant l’accès aux prairies, à l’alimentation, l’accès des éleveurs et du laitier, la gestion du bâtiment et l’évolutivité de ce dernier. Il faut aussi veiller à limiter le stress des animaux, optimiser la circulation des vaches, faciliter le travail de l’éleveur et bien évaluer le budget ».
Limiter le stress des vaches
On peut agir sur le stress des primipares avec un robot dédié dans les grands troupeaux, dès 3 stalles à raison de 50 vaches par stalle, ou à l’aide d’une zone de logement spécifique en l’absence de robot dédié. Il recommande un logement spécifique (couchage sur sol profond, une alimentation facilitée et un même bâtiment avant et après vêlage) pour les vaches sensibles, les taries avant vêlage et les débuts de lactation.
Pour limiter le stress des vaches, Tanguy Morel invite les éleveurs à rendre le lieu de traite « visible, intégré ou connecté au logement », à opter pour une ventilation suffisante dans l’environnement du robot, à favoriser les courants d’air en période chaude et ainsi réduire la concentration de mouches et à éviter de coller la laiterie au robot.
Les éleveurs doivent veiller à optimiser la circulation des vaches à l’aide de couloirs d’accès suffisamment larges (4,5 à 5 m derrière l’auge et 3,5 m à 4 m pour les couloirs arrière) pour faciliter l’accès au robot tout en évitant au maximum les obstacles à l’entrée du robot. Des barrières peuvent être utiles « à l’entrée du robot pour guider les vaches et éviter qu’une dominée se fasse éjecter par une dominante, comme à la sortie d’ailleurs ».
Pour faciliter le travail des éleveurs, le spécialiste en bâtiment invite à intégrer dans la réflexion l’accès au robot au bâtiment et la projection sur des actions à réaliser (aller chercher une vache à traire, trier et déplacer une vache, placer les animaux au pédiluve, parer, raser les mamelles et queues...).
Outre l’hygiène générale du logement des vaches (à nettoyer efficacement, en évitant l’humidité stagnante), l’éleveur devra choisir entre pédiluve géré indépendamment du robot ou un pédiluve en sortie de robot.
Évaluer le budget total
Enfin, l’installation d’un robot étant un lourd investissement, l’évaluation du budget total de l’installation est à prendre en compte. Au coût du robot s’ajoutent en effet d’autres éléments comme l’achat et l’installation d’un nouveau compteur électrique, le coût de la maçonnerie, des raccordements (eau, eaux usées internet...), l’installation d’un local technique proche du robot et d’un bureau, reconstruction d’une nouvelle laiterie… C’est aussi le moment de se pencher sur la gestion des effluents et sur les besoins en logements complémentaires (animaux fragiles...) et en équipements supplémentaires (groupe électrogène, barrières et portes de tri ...). Enfin, il faut aussi intégrer les coûts de fonctionnement, le renouvellement dans douze ans : « De 180 000 € pour le robot seul, le coût d’investissement total peut doubler, sans parler des coûts de fonctionnement qui augmentent largement », indique Tanguy Morel.
Véronique Gruber
Conseils
- L’accès à la pâture doit être le plus proche possible du robot.
- La partie déjection doit être installée à l’opposé du robot. En système raclé, pour éviter le piétinement de lisier, il faut faire en sorte que les racleurs démarrent avec la charge la plus faible possible devant le robot de traite. En box paillé, il faut veiller à ce que la circulation des animaux soit correcte et à laisser un passage pour le laitier.