La biodiversité, un atout précieux des forêts
Deuxième département en surface forestière d’Auvergne-Rhône-Alpes, la Drôme compte 339 000 hectares de forêts. Dans un contexte de changement climatique et de préservation de l’environnement, le développement de la biodiversité forestière semble être une réponse intéressante.

C’est dans un contexte quelque peu préoccupant que se sont réunis près d’une quarantaine de propriétaires forestiers drômois, le 26 octobre au Poët-Célard, à l’occasion de l’assemblée générale de Fransylva 26. En effet, si la Drôme se distingue, aux côtés de l’Ardèche, comme le deuxième département en surface forestière de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), le président de Fransylva 26, André Aubanel, n’a pas manqué de rappeler les problématiques rencontrées par la sylviculture en Drôme. « Le climat, le réchauffement climatique, la canicule, le dépérissement des plantations, le manque de bûcherons et de scieries locales, sans compter la multiplication des parasites et les incendies à 60 % criminelles… nous alarment fortement aujourd’hui », a-t-il déclaré. Face à ces multiples agressions, la filière forêt unit ses forces pour trouver des solutions d’adaptation, et notamment face au changement climatique.
« 30 % de la biodiversité nationale est forestière »
Parmi les interventions proposées, Gilles Bernard, technicien du centre régional de la propriété forestière (CRPF) en vallée de la Drôme, a évoqué les atouts de la biodiversité forestière. « 30 % de la biodiversité nationale est forestière », a-t-il annoncé. La forêt française, qui constitue 31 % de la surface du territoire, abrite 72 % des espèces de la flore française. « Les forêts régionales hébergent à elles seules 69 espèces de mammifères, 89 espèces d’oiseaux nicheurs, 1 278 espèces de plantes, 650 espèces de mousses et des dizaines de milliers de champignons », a-t-il ajouté.
La biodiversité forestière répond à un triple enjeu : la régénération de la forêt, la croissance des arbres et la régulation d’organismes pathogènes. En effet, la pollinisation des fleurs et la dispersion des graines conditionnent la pérennité de la forêt, la régénération naturelle et le brassage génétique.
L’importance du bois mort
« Près de 25 % des espèces forestières dépendent du bois mort, souligne Gilles Bernard. Ce bois mort abrite notamment des insectes forestiers, qui ont la particularité de décomposer le bois. Ainsi, on maintient la fertilité du sol grâce à la redistribution des nutriments et du carbone. Ce bois mort vient alors enrichir le sol. » C’est pourquoi il est conseillé de conserver a minima 5 m3 par hectare de bois morts, sur pied et au sol (et si possible de 20 à 30 m3/ha). Aussi, la biodiversité va permettre la résilience et la capacité de résistance de la forêt au changement climatique, grâce à une régulation d’espèces à forte dynamique de population (scolytes, pyrales du buis, etc.).
Dans ce contexte, Gilles Bernard a donné les principaux conseils à suivre, en faveur de la biodiversité. « On préconise de favoriser une diversité de milieux de vie à différentes échelles et de maintenir une continuité des habitats dans l’espace et dans le temps. » La diversité des essences au sein des peuplements forestiers est également un atout majeur pour la biodiversité. Gilles Bernard conseille d’ailleurs d’éliminer les espèces invasives (ailante, buddleia...) au profit des essences locales. « Il est aussi important de maintenir le sous-bois, notamment lors des coupes d’éclaircie ou en lisière, afin de conserver le rôle alimentaire des oiseaux, insectes et mammifères. Au même titre, il est recommandé de sauvegarder les ripisylves (forêts situées sur les rives des cours d’eau ou des rivières), lieux qui sont très riches en termes de biodiversité. » Enfin, lors de la gestion forestière, il est prôné de conserver au moins deux à six arbres de gros diamètre (> 40 cm) afin de préserver l’habitat de la faune existante. Dans la mesure du possible, les travaux forestiers doivent se faire en dehors des périodes de reproduction et de nidification.