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Amandiculture

Thomas Honnoré : la passion du terroir en héritage

Fils des propriétaires de la fabrique de nougat Arnaud Soubeyran, Thomas Honnoré s’est lancé il y a deux ans dans la culture d’amandiers. Avec comme ambition ultime d’approvisionner la fabrique en matières premières.

Thomas Honnoré : la passion du terroir en héritage
Thomas Honnoré a planté, ces deux dernières années, 15 hectares d’amandiers, afin d’assurer au minimum 70 % des besoins en amandes de la fabrique de nougats tenue par ses parents.

Un changement de vie radical. Ancien salarié dans le marketing digital à Paris, après être sorti d’une école de commerce, Thomas Honnoré a pris en 2019 un nouveau chemin, en se tournant vers le monde agricole. Une décision purement réfléchie puisqu’il s’est installé en tant qu’amandiculteur sur la commune de Châteauneuf-du-Rhône, à quelques kilomètres seulement de la fabrique de nougats Arnaud Soubeyran tenue par ses parents, Caroline et Didier Honnoré. Cette exploitation a fait l’objet, le 12 mai, d’une visite du maire de Montélimar et président de l’agglomération, Julien Cornillet, accompagné d’Yves Courbis, vice-président en charge de l’agriculture. Lors de ces deux dernières saisons, l’agriculteur de 30 ans a planté 15 hectares (ha) d’amandiers, en agriculture biologique, sur les communes de Châteauneuf-du-Rhône et de Rochemaure. Il a fait le choix de trois variétés issues d’une génétique française (Lauranne, Antonietta et Penta) « pour leur teneur en acides gras qui va se retrouver lors de la torréfaction du nougat, leur teneur en sucre et leur rusticité ». Les perspectives de récolte, dont la première véritable aura lieu en 2023, sont estimées à 15 tonnes, soit 1 t / ha. « Cela devrait permettre d’assurer 70 à 80 % de notre besoin en amandes pour la fabrication de nougat », prévient-il. Avant de se lancer dans les vergers d’amandiers, Thomas Honnoré a démarré sa vocation de fermier, - comme il aime se définir -, au milieu des abeilles.

Les élus de Montélimar Agglomération, dont le président Julien Cornillet, maire de Montélimar, sont venus à la rencontre de Thomas Honnoré et sa famille, liés par cette aventure du verger au chaudron…

Une maîtrise des matières premières

Une activité qu’il poursuit, avec, là encore, le désir d’approvisionner la fabrique familiale. L’an dernier, il a produit près de 500 kg de miel avec une soixantaine de colonies, avec lesquelles il pratique la transhumance pour la lavande, en Drôme et Ardèche. « Je souhaite développer le cheptel pour atteindre une centaine de ruches », explique-t-il. Avec le désir d’atteindre l’autosuffisance pour la production de nougats. « Pour l’instant, on arrive à s’approvisionner en France, et en grande partie localement », se satisfait-il. Aux côtés de ses parents et de son frère Quentin, lui aussi dans la boucle aux manettes des chaudrons, Thomas Honnoré s’attache à l’importance de la maîtrise du produit, dès la sélection des matières premières. 

Le « nougat de chez nous », première recette familiale entièrement réalisée à partir des matières premières produites et fournies par Thomas Honnoré.

C’est ainsi que la famille Honnoré commercialise, depuis peu, une gamme de « nougat de chez nous », grâce à deux hectares de verger situés en Ardèche, que le fils aîné a récupéré à ses débuts. Un rêve devenu réalité pour le quatuor qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Notre souhait est d’aller plus loin dans l’appellation. Dans l’IGP* de demain, il n’y a pas de cahier des charges pour les matières premières. Cependant, nous voulons vraiment proposer un vrai nougat de Montélimar, local, avec des produits d’ici ». Adapter les variétés d’amandiers mais aussi choisir les miellées, tels sont les défis que s’est lancé le jeune trentenaire pour poursuivre la démarche qualité dans laquelle la fabrique de nougats s’est engagée. Une démarche qui se veut également environnementale, avec une priorité mise sur le respect de la planète et la réduction de l’empreinte carbone. « Ce projet n’avait de sens que si je le faisais comme cela », affirme-t-il d’ailleurs. 

Une philosophie à partager

Avec des objectifs clairs, Thomas Honnoré fourmille d’idées pour aller encore plus loin. D’ici un à deux ans, il entend créer une structure agrotouristique sur sa ferme, le long de la N7, un axe particulièrement fréquenté. « L’idée est de voir comment il est possible d’intégrer la fabrique et le site de production. » Pour ce faire, il souhaite accueillir les visiteurs du musée Arnaud Soubeyran à la découverte de l’exploitation, pour montrer tout le travail qui se cache derrière un paquet de nougats. « Nous pourrions ainsi montrer notre métier de A à Z, de la production d’amandes et de miel, aux étapes de fabrication. Faire découvrir l’envers du décor en quelque sorte, tout en montrant notre philosophie. » La création d’une miellerie est également à l’étude, de même qu’un magasin de producteurs, et, à plus long terme, le lancement d’un marché de producteurs. « Thomas fait partie de ces jeunes agriculteurs qui vont fédérer un élan dans la mise en avant de la production locale », se réjouit son père, Didier. En effet, les projets ne manquent pas pour cet ancien employé du marketing digital. Une reconversion d’ores et déjà réussie, avec une belle histoire familiale à continuer d’écrire.

Amandine Priolet
* IGP : indication géographique protégée.

Une casserie locale va bientôt voir le jour

Une casserie locale va bientôt voir le jour
La casserie est en construction sur la commune de Savasse.

Une casserie à destination des amandiculteurs de la vallée du Rhône devrait être mise en service début septembre sur la commune de Savasse, aux portes de Montélimar. Cyril Hugues, producteur d’amandes, est l’un des porteurs de ce projet estimé à 700 000 € (subventionné à 40 % par la Région et le Feader, ndlr) : « Jusque-là, nous ne trouvions pas de structure en France pour casser nos amandes qui étaient alors envoyées en Espagne. Les Espagnols ayant développé cette production, les dates de cassage ne nous convenaient plus trop. Nous avons alors mené une réflexion sur la possibilité d’en créer une localement ».
Un bâtiment de 600 m², équipé de lignes de cassage, triage et calibrage, va dans un premier temps servir aux sept producteurs investis dans la coopérative*, soit environ 500 tonnes d’amandes réparties sur une centaine d’hectares. Par la suite, la Cuma proposera des prestations pour d’autres amandiculteurs français. « Grâce à notre outil, nous pourrons enfin maîtriser la traçabilité de notre produit, avec l’idée de produire une amande 100 % française et donner de la visibilité à l’agriculture locale », poursuit Cyril Hugues. Par le biais de cette casserie locale, les producteurs pourront préserver la qualité de leurs fruits, réduisant également l’empreinte carbone. « Nous voulons donner du sens à notre métier », affirme-t-il. Cette recherche de qualité supérieure s’inscrit comme une opportunité intéressante pour le territoire et l’économie locale. « La mise en commun de nos productions pourrait permettre de créer de nouveaux débouchés », note Thomas Honnoré. « Derrière, l’idée est de créer une marque et de développer la partie commerciale, d’autant plus que le plus gros débouché de l’amande en France est le nougat. Ce serait intéressant de pouvoir tisser des liens avec les fabriques de Montélimar et ainsi maintenir une agriculture durable », ajoute Cyril Hugues. Dans l’avenir, la casserie pourrait également s’ouvrir à d’autres productions de fruits à coque (noix, noisettes, etc.). 
A. P.
*Les producteurs investis dans le projet : Cyril Hugues, Sébastien Villeneuve, Hervé Lauzier, Thomas Honnoré, Jean-Claude Ferotin, Pierre-Christophe Barnier et Joris Mounier.