Dans la Drôme, les JA s’investissent pour gérer la ressource en eau
Les Jeunes agriculteurs de la Drôme ont organisé un après-midi autour du thème de l’irrigation à l’EARL Guerimand, à Granges-les-Beaumont, lundi 14 avril.

Depuis 2019, l’exploitation de la famille Vossier, située à Granges-les-Beaumont, s’est équipée de serres semi-hybrides équipées de panneaux photovoltaïques. Une installation qui possède plus d’avantages que les anciennes serres tunnels, dîtes « plus classiques », notamment pour l’ombrage qui « casse les pics de chaleur ». Toutefois, lundi 14 avril, c’est le système d’irrigation installé sur la ferme qui a fait l’objet d’une attention particulière lors de la visite organisée par les jeunes agriculteurs de la Drôme. Grâce à un système d’électrovannes reliées à un solarimètre, l’EARL Guerimand a pu réduire sa fréquence et son temps d’arrosage mais aussi sa quantité d’intrants. « C’est la Royce-roll de l’irrigation, une fois qu’on y est passé, difficile de faire marche arrière », confie Geoffroy Vossier, installé avec son père Bernard.
Moins d’eau et de fertilisants
Spécialisée en arboriculture (pêches, abricots, kiwis...), l’EARL Guerimand s’est diversifiée en maraîchage en 2019. Elle s’est équipée de quatre serres photovoltaïques, de près de 1 000 m² chacune, financées par l’entreprise Watt Group, qui exploite les panneaux par le biais d’un bail de 20 à 30 ans. « Une serre vaut environ 200 000 €. Nous avons préféré investir dans la commercialisation, précise Geoffroy Vossier. Avec ces serres, nous gérons mieux les coups de chaleur ». Un filet occultant permet aussi de couvrir 50 % de la production entre mai et août. L’exploitation a fait appel à Valsoleil pour s’équiper d’un système d’irrigation et d’aspersion. « Le solarimètre enregistre le rayonnement solaire et déclenche l’arrosage quand il y en a besoin », résume Vincent Mermet, chargé d’irrigation au sein de l’entreprise.
Chaque électrovanne est programmée avec un mélange d’intrant spécial pour chaque culture. Une fois programmé sur le stade de la plante, un ordinateur calcule les besoins en eau et en fertilisant pour les cultures selon l’ensoleillement. « C’est le même outil qui permet de gérer plusieurs cultures, comme ici, des fraises et des tomates. Nous n’avons pas de tensiomètre, nous réalisons un contrôle visuel pour vérifier si tout fonctionne et tous les dix jours environ, nous changeons de paramétrage », indique Geoffroy Vossier. Installé depuis 2023, ce système informatique, fabriqué par l’entreprise vendéenne Anjou Automation, peut être adaptable à tous types de projet. « Il y a moins de problèmes de gestion qu’avec une pompe mécanique et c’est plus précis grâce aux électrovannes, assure l’exploitant agricole. Cela demande un investissement assez important mais le système nous permet de diminuer de 15 % notre consommation d’engrais et de 10 % notre irrigation. Nous sommes plus sereins ».
M.E.
La ressource en eau inquiète la chambre d’agriculture de la Drôme

Études des volumes préalables (2009-2012), classement en zone de répartition des eaux (2013), OUGC (2019)… La réglementation autour de l’eau n’a cessé d’évoluer ces dernières années. En 2009, les agriculteurs ont appris qu’une réduction de 20 à 30 % des prélèvements dans les bassins était nécessaire. En 2019, la création du SAGE Bas Dauphiné plaine de Valence a mené à l’interdiction de nouveaux prélèvements sur le secteur. Depuis, la chambre d’agriculture de la Drôme interpelle les jeunes agriculteurs en parcours d’installation. « Sur le territoire, avec les solutions actuelles et les ressources, nous sommes bloqués », analyse François Dubosc, référent irrigation à la chambre d’agriculture. Ce dernier rapporte les résultats de la modélisation de la nappe de la Molasse sur trois secteurs : la Drôme des collines, le Sud Grésivaudan et la plaine de Valence. Sur les périodes d’étiage (juin à fin septembre), les agriculteurs sont appelés à baisser de 40 % leurs prélèvements sur le secteur de la Galaure. La Drôme des collines nécessite une baisse de 10 % de prélèvements et un arrêt des prélèvements dans les cours d’eau a été récemment acté. Ainsi, plusieurs axes de travail ont été mis en avant. Pour économiser l’eau, le matériel, la rétention d’eau ou encore les modes de cultures sont des leviers. Le stockage via des retenus collinaires demande des investissements très importants. Des projets de stockages souterrains d’eau sont en cours. Le report de l’Isère vers le Rhône pourrait être envisageable dans certains secteurs, notamment l’Herbasse et la plaine de Romans.
Toutefois, entre 26 et 35 millions d’euros d’investissements seraient nécessaires pour ces deux options. Les forages profonds ont aussi été étudiés mais sont en suspens. Enfin, la réutilisation des eaux usées et traitées fait l’objet d’études et de projets, notamment avec l’entreprise Refresco ou encore avec l’association Biovallée. Des scénarios qui n’empêchent pas la chambre d’agriculture de la Drôme de s’inquiéter… Et les jeunes et futurs agriculteurs ne sont pas épargnés. Lors de cet après-midi, des élèves en BTS agronomie et cultures durables du Valentin ont assisté aux rencontres. « Ça fait partie du programme d’étudier les systèmes de culture et de trouver des leviers pour préserver les ressources », précise leur enseignante. Sur place, les entreprises Valsoleil et Nétafim ont mis en avant les études et le matériel élaborés pour mieux gérer l’irrigation. « Pour moi, l’utilisation de sondes est indispensable aujourd’hui », a déclaré Vincent Mermet de Valsoleil.