Anthony Oboussier investit l’arboriculture futuriste
À Alixan, Anthony Oboussier voit grand pour ses projets arboricoles. Après la construction d’une serre de 2,6 hectares en 2020, il souhaite investir dans une seconde construction cette année.

Impossible de passer à côté de ces grandes serres sans en évaluer leur étendue. Sortie du sol en 2020, la construction s’étend sur plus de 2,5 hectares. Anthony Oboussier, propriétaire de l’EARL les Chambres à Alixan, a vu les choses en grand. Cet arboriculteur de 37 ans expérimente de nouvelles cultures sous serre en parallèle de l’exploitation de ses vergers et de ses grandes cultures.
Pour « sécuriser son chiffre d’affaires », le producteur mise sur la diversification avec des cultures assez exotiques : kiwis jaune et rouge, agrumes (clémentines et pomelos) et avocats. L’Alixanais, qui représente la quatrième génération sur l’exploitation familiale, ne s’arrête pas là. En 2025, il souhaite investir dans une nouvelle serre de 5 000 m².
Limiter les dégâts
Sorti du collège, Anthony Oboussier avait déjà en tête le métier d’arboriculteur et son installation. Il a passé une grande partie de son enfance dans les vergers de pêchers et d’abricotiers au côté de son père. Le Bourcain a donc suivi un baccalauréat arboricole à la MFR d’Anneyron. Toutefois, à cette époque, la sharka infestait les vergers et de nombreuses parcelles étaient arrachées. De quoi questionner sa volonté de s’installer en arboriculture.
Il s’est donc lancé dans un BTS technico-commercial agroalimentaire pour développer sa fibre commerciale. Passionné par le vin, Anthony Oboussier a suivi une formation dans le commerce du vin à l’Université de Suze-la-Rousse. Licence en poche, il a travaillé dans l’export de vin à l’étranger, notamment dans des vignobles en Australie. À son retour, il a rejoint l’exploitation familiale. « J’ai repris le goût du travail de la terre. Le contexte avait évolué et il n’y avait pas de repreneur après mon père. Je devais faire perdurer l’exploitation et en assurer la continuité », confie Anthony Oboussier.
« Aujourd’hui, je ne déclenche plus l’irrigation sans mes sondes et j’économise de l’eau et des intrants », confie Anthony Oboussier. ©ME-AD26
En 2013, il saute le pas et s’installe. Jusqu’en 2019, il a renouvelé le verger de 25 hectares avec de nouvelles variétés plus adaptées. Aujourd’hui, des grossistes et des grandes surfaces en achètent la production. Intéressé par l’innovation agricole, l’arboriculteur a visité plusieurs vergers équipés de serres. « Nous sommes trop soumis aux aléas climatiques en extérieur. Nous pouvons perdre la totalité de la production. Sous serre, nous sommes à l’abri de ces aléas climatiques, nous pouvons limiter les dégâts et assurer un chiffre d’affaires ».
Kiwi, agrumes et avocats
Sous serre, il a opté pour la culture de kiwis jaunes et rouges sur deux hectares, des fruits sensibles à la bactériose, au vent et à la pluie. La mise à fruits va démarrer en octobre 2025. « Le circuit de commercialisation est déjà verrouillé. Les variétés sont détenues par des clubs à qui je vends ma production », ajoute-t-il. Sur la surface restante, l’arboriculteur s’est essayé au maraîchage. Une activité qu’il a abandonnée après trois années de difficultés (ravageurs, pertes de production).
Ainsi, en mai 2024, il a planté des agrumes et des avocatiers à la place. Il a suivi deux formations en lien avec la chambre d’agriculture des Pyrénées orientales au sein d’une pépinière. « La reprise des plants est très bonne avec une belle pousse. Tout me laisse à penser que ça peut fonctionner », précise l’arboriculteur. Ce sont des produits de contre-saison. D’avril à septembre, je suis déjà au maximum d’activité avec les récoltes de fruits. Les agrumes et avocats se récoltent de novembre à février ».
Pour Anthony Oboussier, ces cultures sont « innovantes ». Il aime « faire des expérimentations et découvrir de nouvelles productions. J’ai planté 120 arbres. Ça n’est pas un gros risque ». Pour financer ses serres, d’un montant de trois millions d’euros, Anthony Oboussier a opté pour un projet clé en main avec un bail sur trente ans signé avec l’entreprise Reden Solar. Tourné vers l’avenir, l’arboriculteur a décidé de construire une seconde serre de 5 000 m² en 2025.
Cette fois-ci, il investira lui-même dans la pose de panneaux photovoltaïques pour revendre l’énergie produite. Il choisira d’y planter des agrumes ou des avocatiers selon les résultats des premières plantations. « Je souhaite continuer dans la voie de la diversification pour assurer une continuité de production et de revenus. Une fois les fruits vendus, il y a moins d’activité durant tout l’hiver mais les charges, elles continuent de taper dans les économies, rapporte l’arboriculteur. Les coûts de production des vergers ne cessent d’augmenter contrairement aux prix de vente ». Pour faire face à cette situation, Anthony Oboussier a donc misé sur « la diversification par une production plus rare et sous abris ». Les agrumes de l’EARL les Chambres devraient mûrir d’ici deux ans et ses premiers avocats d’ici quatre ans.
Des avocats résilients ?
Selon Anthony Oboussier, « la production d’avocats sous serre réduit de 30 à 50 % le besoin en eau grâce à l’ombrage. On observe moins d’évapotranspiration et le stress hydrique diminue ». Il souhaite observer la consommation d’eau sur le long terme. « À ce jour, le besoin semble similaire aux pêchers », estime l’arboriculteur. L’irrigation fonctionne avec des sondes connectées. Anthony Oboussier en a installé sur ses vergers extérieurs dès 2019 et en 2022 dans ses serres. « Sur l’application mobile, les prévisions sont bien faites avec des données météo qui intègrent la pluviométrie et donnent des prévisions sur le besoin d’irrigation. Aujourd’hui, je ne déclenche plus l’irrigation sans mes sondes et j’économise de l’eau et des intrants », confie le professionnel.