Dalival SAS, une pépinière qui revendique une propreté sanitaire
Pépinière spécialisée en fruits en noyaux, installée à Montélimar, Dalival SAS - anciennement Darnaud - est confrontée aux contraintes émergentes d’un métier arboricole parfois isolé.
Une fusion réussie. Depuis 2013, Arbres Fruitiers Darnaud s’appelle Dalival SAS. La société, créée par Marcel Darnaud en 1933 du côté de l’Ardèche avant d’être délocalisée à Montélimar, a su traverser les époques. D’abord spécialisée en commerce d’expédition de fruits et de pépinières fruitières et viticoles, l’entreprise de la famille Darnaud - reprise ensuite par le fils Jean-Pierre - regroupe ses activités autour de la pépinière.
En 1998, Bruno Essner, alors responsable des pépinières du Valois, rentre au sein de la SARL Darnaud avant de racheter la société. Finalement, depuis 2012, c’est la société Dalival ; issue de la fusion entre les pépinières du Valois et la pépinière Davodeau-Ligonnière, qui poursuit l’histoire de la pépinière de fruits à noyau sur Montélimar. « Dalival SAS est aujourd’hui reconnue comme un acteur leader dans le monde de l’édition et de la pépinière de fruits à pépins et à noyau, explique Stéphane Blanck, responsable du site de Montélimar. La société compte dix sites en France, et seul celui de la Drôme produit des arbres fruitiers à noyau à savoir les pêchers, nectariniers, pruniers, abricotiers, cerisiers. Il faut dire que le climat s’y prête », poursuit-il. Au total, plus de cent variétés de ces espèces sont produits sur place. De plus, l’antenne montilienne développe depuis quelques années la production de poiriers et de pommiers.
Un calendrier variétal qui suit les évolutions du marché
« Nous ne détenons pas de variétés, puisque nous n’avons pas de centre de R&D en fruits à noyau. Toutefois, nous suivons les programmes de nos partenaires pour sélectionner et faire notre plan de greffage, afin de proposer à nos clients un calendrier variétal qui réponde à leurs besoins », poursuit Olivier Naudot, technico-commercial. Parmi leurs critères de sélection, le nombre d’heures de froid nécessaire dans un contexte de changement climatique, le calibre, la coloration, le rendement, et bien sûr le goût. « Auparavant, on recherchait avant tout la rentabilité, la productivité. Désormais, la coloration et le goût priment sur le reste, même si la sécurisation de la production reste un élément majeur dans le choix de la culture », prévient Olivier Naudot.
Depuis trois ans, le pépiniériste s’est lancé dans la culture hors-sol d’arbres fruitiers, pour assurer une qualité sanitaire. ©Dalival
Depuis trois ans, Dalival SAS s’est également lancée dans la culture hors sol, en pots. Près de 8 000 plants sont choyés sous serres avec filets insect-proof. « Nous nous rapprochons davantage de l’horticulture que de la pépinière classique. C’est un autre métier, mais nous avons la volonté de développer cette partie - à condition d’avoir le marché correspondant - puisque l’aspect sanitaire est aujourd’hui un enjeu majeur dans nos métiers, poursuit le technico-commercial. Cela nous permettra de répondre à une problématique sur quelques espèces, sujettes à des maladies, dans certaines régions de France, et ainsi partir sur des plantations saines », note Stéphane Blanck.
Toutefois, face à l’obligation des plants sains, le pépiniériste - au même titre que ses homologues - a dû subir une hausse des coûts non négligeable, entre un à deux euros par arbre. « C’est dur à valoriser car c’est quelque chose d’invisible… Notre rôle est de s’adapter au marché et à la demande grandissante en termes de qualité sanitaire. Cependant, les arboriculteurs ne sont pas prêts à payer les arbres plus chers. Heureusement, il existe des dispositifs d’aides européens de rénovation des vergers et d’aides à la plantation face à l’acquisition de plants sains certifiés », explique Olivier Naudot.
La concurrence étrangère, un point noir
Dalival SAS avait pris l’initiative depuis quelques années de réaliser des prélèvements asymptomatiques et des analyses sharka pour s’assurer une qualité sanitaire la plus propre possible. « Pouvoir revendiquer une propreté sanitaire sur un produit vivant peut aussi être un argument intéressant face à la concurrence étrangère, un autre gros défi à relever, avoue Stéphane Blanck. Au même titre que les arboriculteurs, les pépiniéristes font face à la concurrence espagnole et italienne. Ils vendent des arbres moins chers que cela nous coûte à produire ici, avec une main-d’œuvre beaucoup moins élevée là-bas », regrette le responsable de production. Ainsi, pour se démarquer, le pépiniériste de Montélimar s’attache à produire des plants qualitatifs et à être continuellement en veille sur les nouvelles variétés et la génétique pour proposer aux arboriculteurs la meilleure variété possible. Pour autant, d’autres problèmes viennent peser dans la balance : la suppression de produits phytosanitaires et la disponibilité de la main-d’œuvre. « Pour donner un exemple, depuis la suppression d’un de nos désherbants, nous sommes passés de 300 à 3 000 heures annuelles de désherbage manuel. Or, il est de plus en plus compliqué de trouver du personnel. L’accès à la main-d’œuvre est aujourd’hui mon plus gros stress, et ce, malgré la volonté de Dalival SAS de réduire la pénibilité du travail », indique Stéphane Blanck.
35 hectares sont dédiés à la production d’arbres fruitiers à noyau : pêches, nectarines, abricots, prunes, cerises… ©Dalival
Aujourd’hui, si la grosse majorité de la production de Dalival SAS - Montélimar est commercialisée en Vallée du Rhône et dans le pourtour méditerranéen, environ 15 % du chiffre d’affaires est réalisé par les ventes à l’export (pays de l’Est, Asie centrale, etc.). À l’avenir, le pépiniériste drômois entend renforcer ses liens avec les producteurs français, sa clientèle cible. « Le verger est en train de se réinventer complètement. Cela devient une affaire de spécialistes. Nous avons beaucoup de nouveaux vergers où l’on essaie de mécaniser au maximum pour réduire la main-d’œuvre, de protéger contre la drosophila suzukii, la grêle… Ces vergers coûtent chers à mettre en place et obligent les arboriculteurs à un certain nombre d’investissements. Il y a encore de belles entreprises arboricoles, ce qui nous permet de rester optimistes », décrit Olivier Naudot.
« Cela fait trente ans que je travaille ici. Le métier n’est plus du tout le même. J’ai vu toutes ces évolutions commerciales, relationnelles et techniques du métier… », conclut Stéphane Blanck.
Les chiffres clés
- 10 salariés permanents.
- 5 à 15 saisonniers chaque année.
- 400 000 porte-greffes par an.
- 35 ha de pépinières.
- 8 000 plants en culture hors-sol sous serre.