Accès au contenu
ARTISANAT

Daniel Aubenas, le couturier des crèches : « Ce que je construis, c’est le reflet d’une maison »

À La Roche-de-Glun, Daniel Aubenas crée tout au long de l’année des décors qui prendront place dans des crèches de Noël. Sa créativité n’est plus à démontrer. Dans le sud de la France, on le surnomme d’ailleurs le « couturier des crèches ».

Daniel Aubenas, le couturier des crèches : « Ce que je construis, c’est le reflet d’une maison »

Chez lui, point de petit Jésus ou encore de santons. Son dada, ce sont les décors. À 57 ans, Daniel Aubenas - électricien de formation - est ce que l'on appelle un « créchiste ». Enfant, il est vrai qu'il aimait partir en forêt avec sa mère pour ramasser de la mousse afin, ensuite, de décorer la crèche familiale. Mais le déclic ne vint que plusieurs années plus tard. « Le voisin, originaire de Toulon, construisait des maisons en molasse pour sa crèche. Mon fils me demanda alors pourquoi je ne faisais pas de même », explique Daniel Aubenas. Des voisins, sa famille ou même d'autres professionnels l'y encourageront également. Une activité qu'il mène avec amour, plaisir et passion depuis désormais quatorze ans.
Daniel Aubenas se rappelle très bien de ses premières pièces. Il utilisait alors des pierres présentes dans son jardin, ou encore les épines d'un pinparasol. Au fil du temps, les matériaux ont évolué. Avec un point commun cependant : le souci d'utiliser des ressources naturelles.

Un travail minutieux

Ses décors sont de vieilles fermes, des mas, des clèdes ardéchoises, des cabanes de pêcheurs, des chapelles ou encore des guinguettes. Des pièces uniques, reproduites le plus fidèlement possible. « Il peut m'arriver de m'arrêter en voiture et de prendre en photo une maison. Et si je ne l'ai pas, je prends un crayon et je la dessine », raconte-t-il aussi.
Les tuiles des maisons sont faites en argile. « Elles sont moulées sur le doigt puis cuites au four à 1 000 degrés pendant quatorze heures », explique-t-il volontiers. Les glycines ou les pieds de vigne sont réalisés avec du thym ; les poutres des maisons sont par ailleurs des branchages ramassés au bord du Rhône. Des pigments naturels sont également utilisés pour apporter des touches de couleur. Difficile d'estimer un volume exact d'heures de travail : il faut dire que les étapes de fabrication sont nombreuses. « Peut-être entre quinze et vingt heures par pièce », indique toutefois Daniel Aubenas.

De vieilles fermes, des mas provençaux, des clèdes ardéchoises, des chapelles ou encore des guinguettes sont reproduites le plus fidèlement possible par le créchiste.

L'émerveillement des enfants et des plus grands

« Ce que je construis, c'est le reflet d'une maison. Une bâtisse où le soleil tape, où il y a de la vie. Ce sont des demeures qui ont une âme. Certaines, avec leurs pierres toutes bien calibrées, ont traversé le temps. Il n'y a rien de plus beau que de voir une ruine au milieu d'un champ de lavande. Ça, ça me parle et ça me fait vibrer », explique-t-il aussi. Force est en tout cas de constater que cette passion est communicative. Les bâtisses respirent en effet la vie. À la guinguette par exemple, on imaginerait presque les traces de pas laissées sur le sol. Sous la glycine, les chaises et les tables sont prêtes. Pourquoi ne pas aller danser avec les personnages qui y prendront place ? Au pied d'un vieux pressoir, le jus de raisin semble couler à flot... À l'intérieur des bâtisses, des tables ou mêmes des rideaux : voilà des lieux et des instants de vie figés pour l'éternité.

Ces créations, uniques, plaisent aussi aux jeunes générations.

L'intérêt des jeunes générations

Daniel Aubenas n'est en tout cas pas le seul à vibrer. « Certains clients souhaitent une reproduction d'une maison de famille ou d'une école où ils ont passé une partie de leur enfance. Dans une crèche, il y a bien sûr la Nativité. Mais, autour, il y a de la vie. Des lieux qui nous parlent. Il y a beaucoup de crèches personnelles », poursuit-il. Plus que d'une simple décoration, la crèche devient ainsi un véritable élément patrimonial. C'est aussi perpétuer une tradition.
Et qu'on se le dise, les jeunes générations savent aussi montrer leur intérêt. « Il y a de plus en plus de jeunes qui achètent des crèches. Une étable, une échelle, ça fait rêver. Il y a des notes de romantisme, de nostalgie. Les jeunes aiment le beau. Il y a aussi de nouvelles générations de santonniers qui, de leurs côtés, décident de s'ouvrir à d'autres horizons et sortir des santons naïfs ou encore figés », ajoute-t-il aussi.
Afin d'assurer la commercialisation de ses pièces, Daniel Aubenas n'hésite pas à participer à de nombreux salons (Fontvieille, Arles, Tarascon, Toulon, etc.). Des pièces sont également disponibles dans certains magasins à travers l'Hexagone. Le bouche à oreille semble également important. « Parfois, certaines personnes, de passage à proximité, me contactent afin de pouvoir passer à l'atelier », indique encore Daniel Aubenas. Les 9 et 10 décembre derniers, il était d'ailleurs l'invité d'honneur du salon des santonniers d'Orange. Preuve que sa notoriété n'est plus à démontrer. 

Aurélien Tournier

 

Des crèches exposées  dans la Drôme

Si beaucoup de familles choisissent de mettre des crèches au pied de leurs sapins, plusieurs lieux accessibles au public en accueilleront également lors de ces prochaines semaines. Focus sur deux d’entre elles.

Romans-sur-Isère : quand la chapelle des Balmes revêt sa parure d’hiver

Depuis 1999, la chapelle des Balmes accueille en son chœur une crèche monumentale et animée, une œuvre collective des amis du quartier romanais éponyme. Au total, près de 210 personnages - dont une quinzaine animés - prennent place dans le décor. Et les bénévoles ont aussi souhaité rendre hommage aux habitants du territoire ainsi qu’à son patrimoine. Les visiteurs pourront ainsi admirer un menuisier raboter son bois ou encore un producteur de poireaux. Des métiers exercés dans les environs. « Il y avait beaucoup de maraîchage ici autrefois. Il y aura aussi une ravioleuse ainsi qu’un fabricant de pogne », note l’un des bénévoles. Sans oublier les lavandières au bord d’un ruisseau. L’école du quartier est même représentée. Chaque année, le décor est renouvelé. De quoi émerveiller les visiteurs. Ils étaient 6 500 l’an passé.
3 Du 17 décembre au 7 janvier,
de 14 h à 18 h. Entrée libre.

A Léoncel, une grande crèche de Noël

Au magasin Saint-Hugues, à Léoncel, ce sont entre 800 et 1 000 santons qui prennent place dans la crèche. Et certains décors ont même été fabriqués par Daniel Aubenas ! Une crèche qui souhaite mettre à l’honneur le Vercors et Léoncel. « Il y a un marché, des champs, on fauche le blé, etc. On montre également les métiers qui participent à la construction de l’abbaye. Les santons racontent la vie quotidienne du Vercors », explique Catherine Mackowiak, à l’initiative de ce projet. Près de 1 300 visiteurs se sont déplacés l’an dernier.3 Jusqu’au 28 janvier, chaque samedi et dimanche, de 14 h 30 à 17 h 30 ; tous les jours du 23 décembre au 7 janvier (fermeture le 25 décembre).Renseignements au 06 79 56 01 56 et sur abbaye-leoncel-vercors.com