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Formation

Des femmes démystifient la mécanique

Dernièrement, le Civam 26 a organisé deux formations sur la mécanique agricole à destination des femmes.

Par Morgane Eymin
Des femmes démystifient la mécanique

« Je n’avais jamais vu une femme sur un tracteur avant l’année dernière », « à l’école ou pendant mes stages, on ne m’a jamais fait conduire de tracteur ». Ces témoignages, qui peuvent sembler anodins, illustrent une forme de « genrisation » des activités attribuées aux femmes dans l’agriculture. Apprendre à conduire un tracteur, connaître la mécanique ou encore utiliser une débroussailleuse ?

Des tâches jugées parfois évidentes pour les agriculteurs mais qui ne sont ni innées, ni apprises par de nombreuses femmes sur les exploitations. Ainsi, pour lever ces freins à la mécanique agricole, le Civam 26 organise chaque année plusieurs formations en non-mixité. Elles s’adressent à toutes les femmes qu’elles soient agricultrices, conjointes, salariées agricoles ou habitantes en milieu rural. Une première formation s’est déroulée lundi 10 mars à Saint-Péray, sur le domaine Colombo et la seconde samedi 15 mars à Manas, à la ferme G du Pot.


« Surmonter les incapacités »

Les participantes ont pu découvrir ou redécouvrir les bases de l’entretien d’un moteur à quatre temps durant la matinée. Le groupe a bénéficié d’une partie théorique et d'une partie pratique l’après-midi pour « démystifier le tracteur ». Eva Chelepine, agricultrice installée depuis trois ans à la Ferme G du Pot, à Manas avec son conjoint, n’est pas à sa première formation mécanique. « J’en avais déjà effectué une, en mixité, dans un établissement mais on avait eu tendance à ne pas nous laisser faire et essayer. Entre femmes, c’est plus tranquille et on se conseille. Par exemple, si une tâche nous demande trop de force, on peut utiliser un levier. On peut travailler différemment. La partie théorique, très intéressante, me permet de bien comprendre comment fonctionne le tracteur et d’identifier les pièces. Côté pratique, revoir comment faire des vidanges m’a été bien utile », a témoigné celle qui a accueilli la seconde formation sur les moteurs à deux temps le 15 mars.

« C’est une démarche féministe. Ces approches permettent de surmonter les incapacités et lever les freins », a estimé Séverine Vivier. ©ME-AD26

Alys Mitchell, éducatrice spécialisée dans la Drôme, a souhaité quant à elle relier l’agriculture à son activité. La jeune femme, issue d’une famille d’agriculteurs, a déjà conduit des tracteurs dans sa jeunesse. « J’aime bien ça mais c’est vrai que ça fait longtemps que je n’en ai pas utilisé, a-t-elle confié. Par contre, je ne connaissais rien du tout à la mécanique alors la partie théorique était la bienvenue ».

Trouver des financements


Le Civam a demandé à Séverine Vivier, formatrice mécanicienne, d’assurer ces formations. Après des études en sciences et des emplois en mécanique, la professionnelle s’est fait connaître dans le milieu agricole régional « de fil en aiguille ». Elle a commencé à assurer des formations aux femmes pour « dédramatiser la voiture » avant de rentrer dans le réseau Civam, notamment en Ardèche en 2021. « C’est une démarche féministe. Ces approches permettent de surmonter les incapacités et lever les freins », a estimé Séverine Vivier. Samedi 15 mars, à Manas, la formatrice a montré aux participantes le fonctionnement d’un moteur thermique à deux temps, ses spécificités, les circuits d’allumage… Avec démonstrations sur tronçonneuses et débroussailleuses.

Ces formations peuvent être financées par Vivea, notamment pour les cheffes ou les collaboratrices d’exploitation. « Nous recherchons d’autres moyens de financement car, n’ayant pas le statut d’organisme de formation, nous ne pouvons assurer la prise en charge de ces temps pour les salariées agricoles. Malheureusement, ces projets n’entrent pas forcément dans les enveloppes allouées donc c’est difficile de trouver des partenaires », déclare Gaëlle Suzanne, coordinatrice du Civam. Toutefois, certaines collectivités se sont déjà engagées à soutenir ce type d’initiatives à l’image de la communauté de communes de Montélimar, qui a pris en charge une partie des formations dans le cadre de ses projets alimentaires territoriaux (PAT). Le Civam a aussi reçu un appui financier de la Région via la direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets).

Contact Civam 26 : 04 26 42 33 97