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CONSEILS

Pâturage : sortir les bêtes dès que possible

Après l’importante pluviométrie en Rhône-Alpes en 2024, les parcelles de pâturage ont souffert. Comment préparer la mise à l’herbe des troupeaux dans ces conditions ? Éléments de réponse avec Jérôme Gachet, expert fourrage au Fidocl Conseil Élevage en Haute-Loire.

Pâturage : sortir les bêtes dès que possible
Les éleveurs devront profiter des conditions météorologiques favorables et de portance suffisante pour mettre les animaux à l’extérieur dès que possible, même à raison de deux ou trois heures par jour. ©Jérôme Gachet

Les fortes intempéries connues en fin d’année 2024 ont fortement impacté les zones de pâturage et contrarient la mise à l’herbe de ce printemps.
« Sur la partie automnale, les pluies importantes ont rendu les conditions de portance compliquées. Nous avons donc potentiellement des sols qui ont souffert, avec un peu d’asphyxie. Cela va donc entraîner une dégradation de la flore pour les années à venir », explique Jérôme Gachet, expert fourrage au Fidocl Conseil Élevage en Haute-Loire. « Par ailleurs, de manière générale, il y a eu pas mal de croissance de l’herbe sur l’année 2024 - malgré des zones plus sèches dans certains départements de la région - avec de l’herbe qui s’est maintenue jusque tard dans la saison. Faute des pluies, nous avons laissé beaucoup d’herbe en entrée d’hiver avec de forts résiduels. Pour toutes ces raisons, il va falloir être très rigoureux pour bien gérer la mise en l’herbe », conseille-t-il. Dans ce contexte, les éleveurs devront profiter des conditions météorologiques favorables et de portance suffisante pour mettre les animaux à l’extérieur dès que possible, même à raison de deux ou trois heures par jour, pour favoriser la consommation des pousses hivernales et redynamiser une croissance de qualité au printemps. « C’est une contrainte pour l’éleveur, mais c’est ce qui permet de faire une transition alimentaire très progressive. La vache peut avoir un comportement très dynamique et efficace au pâturage. De plus, cela permettra de venir nettoyer toute cette pousse automnale et hivernale », poursuit Jérôme Gachet.

Limiter le piétinement

L’expert fourrage encourage également les éleveurs à lâcher les bêtes sur de grandes surfaces, plutôt que sur des petites zones. « Les sols sont encore très humides par endroits. Pour limiter les piétinements, on recommande de répartir l’effectif du troupeau sur une grande surface. Quant aux parcelles qui auront le plus souffert de matraquage et de piétinement des animaux, on recommande plutôt de s’orienter sur une alternance fauche et pâture pour réorienter une certaine typicité de la flore », indique-t-il.
Pourtant, certains éleveurs qui ont des stratégies de production assez élevées, n’aiment pas prendre ce genre de risque. « C’est souvent une contrainte pour eux, mais je tiens à rappeler que nous avons la possibilité de valoriser la biomasse automnale et hivernale avec des lots d’animaux à moindres besoins. Dans des contextes comme celui-ci, il est nécessaire d’adapter son troupeau en fonction des parcelles », prévient l’expert fourrage.
Par ailleurs, les chantiers de fertilisation doivent avoir lieu dès que possible, en respectant bien les délais par rapport au pâturage des animaux (3 à 4 semaines minimum pour des lisiers ou engrais, 6 à 8 semaines pour des fumiers). L’adaptation sera donc de mise une nouvelle fois, d’autant plus que ces situations sont amenées à se répéter. « Toutes les études qui ont été faites préviennent et démontrent que ces aléas climatiques et ces périodes de précipitation aléatoires vont être de plus en plus fréquents dans la région. On observe également, de manière générale, un automne plus long, plus doux. On aura donc de plus en plus cette période de seconde croissance de l’herbe sur la partie automnale », note-t-il. 

Amandine Priolet