Accès au contenu
Le passé séculaire du pastoralisme en Drôme

Qui étaient les bergers drômois avant la Révolution ?

Etre berger dans les montagnes drômoises aux 17e et 18e siècles, tel était le thème de l’une des conférences de la dernière la fête de la laine de Crest. Une histoire passionnante alors que se tient ce week-end la fête de de la transhumance à Die.
Qui étaient les bergers drômois  avant la Révolution ?

Comment travaillaient les bergers drômois aux17e et 18e siècles? Quelle place occupaient-ils dans une société rurale en mutation ?
« Le pastoralisme était alors partout », explique Alexandre Vernin, chargé de mission « patrimoines culturels et culture » au parc naturel régional des Baronnies provençales. S'intéressant aux territoires occupés et façonnés par cette activité, il évoque notamment le pastoralisme en forêt et sur les berges des rivières. « Les pratiques étaient différentes de ce que l'on imagine aujourd'hui. Le berger disposait de la totalité de l'espace ouvert mais il était contraint par les règles. Il était enserré dans un cadre territorial ».

Des rivalités

L'accès aux espaces pastoraux étaient parfois source de rivalités entre les communautés voisines. Il y a des exemples autour de Châtillon-en-Diois. « On a retrouvé dans les procès de l'époque des plaintes pour coups et blessures, des bêtes saisies par un propriétaire, voire égorgées », raconte Alexandre Vernin. Une réglementation stricte était censée éviter les conflits. Des transactions permettaient de faire pâturer chez d'autres, notamment lorsque les récoltes étaient terminées. Les déplacements quant à eux étaient accompagnés d'une surveillance des routes de transhumance. « On retrouve dans la toponymie des termes qui témoignent de ces pratiques : le "devès", le "défend", etc. »

Des bergers professionnels

Alexandre Vernin s'est aussi intéressé à l'insertion du pastoralisme dans l'économie. Il s'agissait souvent d'une économie domestique. Le cheptel représentait un élément du capital et des bergers professionnels étaient alors embauchés pour un an afin de s'occuper de troupeaux d'environ 150 bêtes. Ils étaient entretenus, on leur payait une chemise et, parfois, on leur donnait deux brebis et des gages en fin d'année (les acomptes étaient possibles !). Ils faisaient partie de la domesticité. Le métier de berger était pratiqué la plupart du temps par des jeunes (parfois des femmes), qui exerçaient là une activité temporaire. Les bergers âgés - restés dans la profession - étant minoritaires et souvent miséreux. La taille des troupeaux était très modeste : 20 à 30 bêtes, la présence des chiens était plutôt rare. « On observe une complexité des relations sociales autour des troupeaux, souligne Alexandre Vernin. Par exemple, on pouvait confier ses bêtes à quelqu'un qui vous devait de l'argent. Mais c'était aussi l'occasion pour un propriétaire d'occuper des espaces auxquels il n'aurait pas eu accès sinon. »

Une taxe pour le pulvérage

Pour ce qui concerne la transhumance, les routes étaient plus complexes autrefois. A côté d'une transhumance classique entre la Crau et les Alpes, il existait une transhumance inverse, par exemple pour des brebis de montagne emmenées à Arles pour l'hiver. Mais aussi des transhumances limitées à trente kilomètres en fonction de la présence d'herbe, depuis la montagne jusqu'à une zone de piémont. Toute une économie était associée à ces déplacements, avec des taxes et des impôts, dont le « pulvérage » lié à la poussière soulevée par les moutons...
Un changement de pratique s'est opéré après la Révolution, avec la vente et le défrichement des communaux. Et du fait de l'augmentation de la propriété privée, l'espace pastoral a diminué. A la fin du 19e siècle, l'exode rural a conduit au recul du pastoralisme et à l'émergence de la lavande. Les bergers sont devenus des serviteurs d'un domaine ou d'une ferme et ce jusque dans les années 1960-1970.
Quant au loup, il était bien présent aux 17e et 18e siècles, partout dans les massifs forestiers et y compris en plaine. Sa recrudescence à la fin du 18e a provoqué une réaction radicale avec la mise en œuvre de primes incitatives pour sa destruction. Disparaissant des plaines, « il n'est devenu un problème qu'à partir de la fin du 18e siècle, a noté l'intervenant. Et la peur du loup chez les habitants était d'abord celle du loup enragé. »
Elisabeth Voreppe

 

Une des moments phares de la fête est la traversée du troupeau dans les rues de Die.

Du 23 au 25 juin : Fête de la transhumance de Die au Vercors

La fête de la transhumance de Die au Vercors se déroule du vendredi 23 au dimanche 25 juin. Cette année, les organisateurs proposent d'explorer le thème suivant : « le pastoralisme a du chien ». Chiens de conduite ou de protection, toutes les questions pourront être posées sur leurs fonctions, les races, leurs limites, leurs gestions et l’attitude à tenir en leur présence. Des spécialistes et acteurs de terrain apporteront des éléments de réponses.
A noter, samedi à 21 heures au théâtre de Die, la projection du film documentaire « Entre chiens et loups ». Des images en vision nocturne témoignent de l’action des chiens de protection et leurs limites lors de l’attaque de loups sur troupeau. Le public pourra échanger avec Laurent Garde (Cerpam) et des représentants de l’Adem.
Egalement au menu de la fête, de nombreux stands, expositions, ateliers, projections, rencontres… Mais aussi du cirque et un bal Rock'n'Roll avec les Barbarins Fourchus ! Et bien sur, le grand défilé du troupeau dans les rues de Die ! 
Renseignements et infos sur le site internet https://fete-transhumance.com ainsi qu'auprès de l'office de tourisme du pays Diois (04 75 22 03 03).

 

Journée du mouton : un concours international de tonte

Plus d'une centaine de tondeurs est attendue pour le concours international de tonte, ce week-end au Lycée agricole de Ressins à Nandax (42), dans le Roannais. Les choses sérieuses commenceront le samedi matin, avec une première manche (phase éliminatoire). Suivront les demi-finales le samedi après-midi et le dimanche matin. Les finales commenceront en milieu de journée le dimanche. Et l'après-midi se déroulera également la finale du championnat de France, en marge du concours international. « Elle se fera avec les quatre meilleurs concurrents français du concours international », précise Mathieu Buffin, président de l'association des tondeurs de moutons.
Les critères de jugement sont la qualité de la coupe (en évitant les fausse-coupes), l’aspect final de la brebis, «  plus elle ressemble à un œuf, mieux c’est  », et le temps. Finalement, dans une épreuve de tonte, « il faut faire vite et bien », résume Mathieu Buffin. Le matériel de tonte pour les concours est le même que pour le travail au quotidien. Les tondeurs les plus aguerris modifient parfois les peignes de la tondeuse.
Dans une manche, le tondeur a vingt brebis à tondre. « Il met entre 12 et 15 minutes ». Les critères de jugement sont mondiaux. Ainsi, « un tondeur à Nandax sera jugé comme en Afrique du Sud ». Il faut savoir qu’un championnat du monde se tient tous les deux ans. Le prochain se déroulera en France, en 2019, au Dorat (Haute-Vienne). « Les Français se classent en général autour de la 10e place. On remarque que les pays qui sont bons en rugby sont aussi bons en tonte… », fait remarquer Mathieu Buffin.
LGF
Plus de 100 tondeurs sont attendus pour le concours international de tonte.