Tous les chemins mènent… à l’herbe !
Selon une enquête réalisée en Bretagne, la moitié du temps d’astreinte de l’éleveur relatif au pâturage correspond au temps de trajet entre les pâtures et le bâtiment. D’où l’importance de chemins bien aménagés pour améliorer les conditions de circulation, en réduire la durée et optimiser la saison de pâturage.

Le changement climatique permet de disposer d’herbe tôt en saison et en arrière-saison, deux périodes à risque en termes de pluviométrie, limitant souvent l’accès aux prairies. Un réseau de chemins bien aménagé permet de s’affranchir de la portance des parcelles et d’allonger de quelques jours, voire plus, la durée annuelle de pâturage. Sans compter les effets bénéfiques sur la production (meilleure efficacité du pâturage), la santé et le confort des vaches (moins de boiteries), sur leur propreté (synonyme de gain de temps à la traite).
Mais avant tout investissement, il convient d’organiser son pâturage, de définir le nombre de parcelles à desservir selon que l’on pratique du pâturage tournant ou dynamique… Il faut, par ailleurs, prendre en considération les modalités d’utilisation qui diffèrent selon le type d’animaux et les effectifs pâturant : un cheptel de plus de 75 vaches laitières déplacées plusieurs fois par jour nécessitera des chemins plus soignés par exemple. À intégrer également, le passage éventuel d’engins agricoles, les contraintes pédoclimatiques… Répondre à ces critères va ainsi conditionner la largeur des chemins, leur forme, la structuration des couches, le type de matériaux.
La largeur
On considère une largeur moyenne de 3 mètres pour un cheptel de moins de 80 vaches laitières (VL), de 4 m entre 80 et 110 VL, 5 mètres au-delà. Sachant qu’en sortie de bâtiment et début de parcours, les chemins doivent être assez larges pour assurer une bonne fluidité de circulation. En position terminale, le chemin peut se réduire, surtout s’il est stabilisé. Pour des vaches allaitantes, on visera 2 à 3 mètres pour des troupeaux de moins de 75 vaches, 4 à 5 m de 75 à 100 têtes et 5à 7 m au-delà. La stabilisation n’est pas obligatoire sur la largeur totale du chemin. Au-delà de la largeur du chemin, le plus important est la largeur des portes des paddocks.
Limiter la stagnation des eaux de pluie
L’eau ruisselante comme stagnante est le principal obstacle à la pérennité des chemins, avec la formation de zones boueuses, de nids-de-poule, de fissures… Pour éviter ces situations, deux profils de chemins sont conseillés : le profil bombé au centre (sur relief plat, pente de 2 à 3 % de part et d’autre) avec évacuation de part et d’autre, et le profil en pente latérale (de 3 à 5 %) pour une évacuation sur le côté. L’effet drainant de ces pentes peut être renforcé par le choix de matériaux adaptés pour la couche de surface du chemin. Un système d’évacuation rapide de l’eau en périphérie des chemins (ex : fossés) va par ailleurs assurer une meilleure pérennité de ces derniers. Certains préconisent aussi de planter des haies le long de l’accès pour absorber l’eau qui s’écoule. Enfin, un chemin en plein soleil séchera forcément plus vite après la pluie.
Multi-couches
La structure du chemin doit comprendre des couches « clés » pour conforter sa résilience et un entretien limité. Une couche de fondation ou remblai (de 20 à 40 cm d’épaisseur) est essentielle pour assurer la stabilité à moyen et long terme. Elle se compose de matériaux plus ou moins grossiers (calibre 0 à 100 mm) coulés avec un matériau très fin (sable humide) pour une meilleure cohésion du matériau principal (terre, tout-venant, graviers, béton concassé finement…). Il est conseillé de bien damer la couche au fur et à mesure de son remplissage.
Géotextile : pas obligatoire
Afin de limiter les remontées d’humidité et de terre issues du sol dans la couche de remblai de base, la pose d’un géotextile peut être envisagée mais compte tenu de son coût (2 à 3 €/m2 hors main-d’œuvre), elle ne se justifie que sur des chemins en zones humides et/ou soumis à fortes charges.
Dans ce millefeuille, la couche intermédiaire de stabilisation (1 à 3 cm) va assurer le bon contact entre les couches superficielles de finition et de remblai. Elle aide également à amortir les chocs sur le chemin. Peu onéreuse mais essentielle (hormis pour les chemins conçus avec dalle bétonnée ou caillebotis), elle se compose de petits graviers ou béton de brique finement concassés. Enfin, c’est la couche de finition superficielle (3 à 10 cm d’épaisseur selon le matériau) qui garantit la pérennité du chemin comme le confort des animaux, et par conséquent, le retour sur investissement du chemin. Elle peut être composée de matériaux très variés mais fins, très cohérents et non abrasifs : béton, caillebotis de récupération, dalles alvéolées, sable humide… Soumise aux aléas climatiques comme aux poids des animaux et des engins, un entretien tous les 3 à 4 ans est recommandé.
Sources : Guide « Accéder aux parcelles », réseau Herbe et Fourrages Centre-Val de Loire ; « Aménager des chemins d’accès stabilisés au pâturage » Fidocl conseil élevage ; « Des chemins qui mènent à l’herbe », Ecovégétal.