Accès au contenu
Viticulture

Syndicat de la Clairette  de Die : retrouver un équilibre de production

En assemblée générale le 8 avril dernier, le syndicat de la Clairette de Die et des Vins du Diois a dressé le bilan de l’année 2024. L’occasion de rappeler les nouveaux défis qui s’offrent aux viticulteurs de l’appellation.

Syndicat de la Clairette  de Die : retrouver un équilibre de production
©AP_AD26
Étaient présents à la 117e assemblée générale du syndicat de la Clairette de Die et des vins du Diois Marie Lafargue (directrice), Fabien Lombard (président) et Matthieu Begou (trésorier).

Après un hommage rendu à Serge Martin, viticulteur à Saint-Roman disparu la semaine dernière, Fabien Lombard, président du syndicat de la Clairette de Die et des Vins du Diois, a évoqué le bilan de l’année écoulée. « Faute de gel de printemps – notamment sur le haut de la vallée – et la pression du mildiou, nous avons été confrontés à une récolte historiquement faible avec 50 450 hl en Clairette de Die “Méthode ancestrale”, contre 64 046 hl en 2023 », regrette-t-il. Toutefois, cette érosion est légèrement compensée par la hausse des volumes en Crémant de Die (2 993.7 hl en 2024 contre 1 944 hl en 2023) et en Coteaux de Die (256.4 hl contre 113.6 ha en 2023). « Pour nous adapter et faire face à l’érosion de la Clairette subie depuis dix ans, nous devons renforcer progressivement l’appellation Crémant de Die afin d’arriver à rééquilibrer notre production », stipule le président. Ce dernier rappelle que la Clairette de Die représente à ce jour près de 90 % du vignoble. Vincent Viard, vice-président du syndicat, soulignait quant à lui la remarquable évolution des surfaces liées au Crémant de Die, passant de 21.1 ha en 2020 à 65.9 ha en 2024. Au 31 juillet 2024, les stocks étaient – toutes appellations confondues – de 150 325 hl.

Baisse de pression de la flavescence dorée

Par ailleurs, les travaux d’arrachage devront être achevés au plus tard le 2 juin prochain. « L’arrachage concerne 98 ha d’appellation Clairette de Die – soit près de 8 % du vignoble -, sans compter les arrachages volontaires non primés, qui pourraient représenter une trentaine d’hectares. Les vignerons arrachent pour pouvoir retrouver de la rentabilité et de la valeur dans leur exploitation, tout en diminuant le coût de production », prévient Fabien Lombard.
Aussi, la lutte contre la flavescence dorée reste un enjeu majeur pour le syndicat, fléau qui existe au cœur du vignoble depuis dix ans. Durant la campagne 2024, 25 parcelles comportaient de la flavescence dorée, sur lesquelles 61 ceps ont été contaminés. « La maladie baisse de manière régulière, ce qui nous permet d’adapter notre stratégie de lutte pour 2025 », annonce Marie Lafargue, directrice du syndicat. La zone de lutte obligatoire concerne l’ensemble des communes de l’AOC. En revanche, « nous allons essayer de réduire le nombre de traitements sur certaines zones », poursuit la jeune femme. À ce sujet, les résultats d’une étude réalisée par Santé Publique France et l’Anses* intitulée PestiRiv devraient être publiés cet été. Elle consistait à mieux connaitre l’exposition aux pesticides des personnes vivant près de vignes ou éloignées de toute culture. L’enquête a notamment été réalisée dans six régions viticoles, dont Auvergne-Rhône-Alpes.

Le rosé bientôt intégré au cahier des charges

Dans ce contexte, la filière travaille à l’élaboration de cépages résistants (contre le mildiou et l’oïdium) pour réduire l’empreinte des pesticides en vigne (14.4 %). Les premières plantations sont attendues pour 2035, après plusieurs années d’observations agronomiques.
Enfin, le syndicat travaille à la modification des cahiers des charges des appellations, et notamment à celui de l’AOC Clairette de Die pour y faire inscrire le rosé, « en intégrant l’accord trouvé avec Cerdon, c’est-à-dire sans l’utilisation du cépage Gamay », indique Fabien Lombard. Pour ce faire, les cépages de muscat et de syrah ont été retenus. « Avec l’utilisation de la syrah, la réglementation passe de vin mousseux de qualité aromatique (VMQA) à vin mousseux de qualité (VMQ), avec une prise de mousse de 9 mois minimum contre 2 ou 4 mois pour un VMQA », conclut Marie Lafargue. 

Amandine Priolet

* l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
  

A l’occasion de son assemblée générale, le syndicat avait convié Florent Chauvin, sommelier, à faire une intervention sur les accords mets et vins afin de mieux valoriser la Clairette et le Crémant de Die, décomplexant totalement l’invitation des bulles en apéritif et même au cours d’un repas. 

Charte graphique : donner une nouvelle dynamique

Charte graphique : donner une nouvelle dynamique
©AP_AD26

Devant un marché en érosion, le syndicat de la Clairette de Die et des Vins du Diois poursuit son cheval de bataille pour promouvoir son vin phare qu’est la Clairette et ainsi redynamiser ses modes de consommation. « Nous avons investi 80 000 € avec des fonds d’aides européens pour distribuer des kits estampillés « Clairette de Die » – composés de nouveaux verres à vin, de plateaux de service, de seaux, de nappes et d’ardoises - aux caves et apporter une nouvelle visibilité », indique Fabien Lombard, le président. De plus, le syndicat a retravaillé son graphisme, en proposant de nouvelles affiches, plus proches de la nature, à travers les montagnes, le soleil, et les produits du terroir, « pour faire de la Clairette une boisson décomplexée ».

Les volumes récoltés : une année 2024 à oublier

50 450.9 hl : Clairette de Die « Méthode ancestrale » 
3 223.8 hl : Clairette de Die « brut »   
2 993.7 hl : Crémant de Die 
256.4 hl  : Coteaux de Die  
670.3 hl  : Châtillon en Diois