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Irrigation

Des compteurs d'eau à renouveler et des volumes à faire sortir

Réglementation sur les compteurs d'eau, PTGE et projets de substitution ont été les principaux sujets évoqués en assemblée générale de l'Association drômoise des agriculteurs en réseaux d'irrigation individuels (Adarii).

Par Christophe Ledoux
Des compteurs d'eau à renouveler et des volumes à faire sortir
©CL-AD26
Philippe Breynat (président d'Adarii), Jean-Pierre Royannez (président de la chambre d'agriculture de la Drôme et de l'OUGC 26) et David Bouvier (conseiller départemental délégué à la préservation et à la gestion de l'eau).

Depuis la loi sur l'eau de 1992, les compteurs d'eau volumétriques sont obligatoires en agriculture. L'arrêté du 19 décembre 2011 impose leur renouvellement tous les neuf ans ou la réalisation d'un diagnostic tous les sept ans par un organisme habilité. « En cas de non-conformité, l'irrigant s'expose à une redevance majorée de 40 % ainsi que le prévoit la loi de finances de 2024. Et ces majorations s'appliquent à compter de 2025, a expliqué François Dubocs, conseiller irrigation à la chambre d'agriculture de la Drôme. Pour notre département, cela concerne 1 130 compteurs », a-t-il précisé lors de l'assemblée générale de l'Association drômoise des agriculteurs en réseaux d'irrigation individuels (Adarii), le 24 mars au siège de la chambre d'agriculture à Bourg-lès-Valence. Philippe Breynat, président d'Adarii (plus de 400 adhérents soit la moitié des irrigants individuels drômois), a proposé de s'appuyer sur les informations détenues par l'OUGC1 (marques, années de fabrication, numéros de série, coefficients de lecture) pour envisager des commandes groupées et négocier des rabais auprès des distributeurs de compteurs. Mais cela semble compliqué, des compteurs pouvant être achetés à moindre prix sur internet. Par ailleurs, Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme et de l'OUGC 26, a conseillé de « changer les compteurs au plus tard cet automne, les pénalités ne devant pas s'appliquer d'ici là ».

Huit PTGE en cours d'élaboration

Une partie des adhérents d'Adarii réunie en assemblée générale le 24 mars au siège de la chambre d'agriculture à Bourg-lès-Valence. ©CL-AD26

Autre sujet de cette assemblée générale, les projets de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE). Il s'agit d'une démarche visant à impliquer les usagers de l'eau d’un territoire (eau potable, agriculture, industrie, énergie, navigation, pêche...) dans un projet global en vue de faciliter la préservation et la gestion de la ressource en eau. « L'objectif est d'aboutir à un programme d'actions permettant d'atteindre dans la durée un équilibre entre besoins et ressources en eau disponibles, en respectant la bonne fonctionnalité des milieux aquatiques », a précisé François Dubocs. 

Chaque PTGE est porté par une collectivité locale ou par une commission locale de l'eau (CLE). En Drôme, huit PTGE sont en cours d'élaboration : Bièvre-Liers-Valloire (porté par la CLE du Sage2), Galaure (communauté de communes Porte de DrômArdèche), Drôme des collines (Arche Agglo et Valence Romans Agglo), Véore-Barberolle (Valence Romans Agglo), rivière Drôme (Sage - Syndicat mixte de la rivière Drôme), Roubion-Jabron (Syndicat mixte du bassin du Roubion et du Jabron), Lez (Sage - Syndicat mixte du bassin versant du Lez), Eygues (syndicat d'Eygues en Aygues). Pour l'Ouvèze et pour la Méouge, aucun PTGE n'est encore engagé à ce jour. 

« Nous avons demandé au préfet de la Drôme que pour chaque PTGE nous ayons un représentant de la chambre d'agriculture, de l'OUGC, d'Adarii et du syndicat drômois d'irrigation (SID), a indiqué Jean-Pierre Royannez. Il est important d'être présent et de se battre pour mobiliser dès le départ la ressource en eau nécessaire au territoire avant de réfléchir à sa répartition. » La lourdeur du processus des PTGE (groupes de travail…) et sa longueur (environ deux ans) ont été pointées. « Il ne faut pas lâcher », a averti Jean-Pierre Royannez.

Des projets de stockage

Le stockage de l'eau a été mis en avant par les adhérents d'Adarii. « Pour arriver à faire sortir des volumes, ce sera difficile, a reconnu David Bouvier, agriculteur dans le Nord-Drôme et conseiller départemental délégué à la préservation et à la gestion de l'eau. Il faut trouver des solutions et tout le monde doit faire des efforts. » Il a incité les représentants agricoles à donner leur avis lors des réunions consacrées aux PTGE.

Un point a été fait sur les projets de retenues de substitution pour l'irrigation agricole. Sur la Drôme des collines, les études de préfiguration du SID aboutissent à des économies d'eau de un à deux millions de m³ pour un budget de 26 à 32 millions d'euros. « Rien ne pourra se faire sans des aides financières conséquentes. Et pour les mobiliser, le ou les projets devront avoir un intérêt collectif », a-t-il été indiqué. 

Sur la vallée de la Drôme, le projet de réutilisation des eaux usées traitées (Réut) sur Allex, Crest et Luc-en-Diois semble compromis là encore par les montants à engager ainsi que par les coûts des analyses d'eau. Quant au stockage sur la rive gauche, aucun site n'a pour l'heure été confirmé. Des éléments sont attendus d'ici la fin de l'année.

Christophe Ledoux

(1) OUGC : organisme unique de gestion collective des prélèvements d'eau à usage d'irrigation.
(2) Sage : schéma d'aménagement et de gestion des eaux.

Faible consommation d'eau en 2024

Avec 82 millions de m³ (Mm³) en 2024, les volumes d'eau consommés pour l’irrigation en Drôme ont été les plus faibles depuis 2009. Ces dernières années, ils ont oscillé ainsi : 156 Mm³ en 2020 ; 84 Mm³ en 2021 ; 152 Mm³ en 2022 et 113 Mm³ en 2023.

À noter, la sole drômoise de maïs grain et semence a diminué de 42 % depuis dix ans (22 256 ha en 2014 contre 12 909 ha en 2024).

La situation des nappes phréatiques interroge. Celle de la molasse à Claveyson est actuellement en alerte, probablement du fait de son inertie. Et le niveau de la nappe des alluvions de la plaine de Valence apparaît en baisse depuis juillet ! Pour les irrigants, et compte tenu des précipitations importantes depuis un an, « le réseau de piézomètres est à consolider afin d'avoir une vision objective de la situation ». À Grâne, le niveau de la nappe des alluvions est élevé.

C.L.