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OLÉICULTURE

Olive de Nyons : récolte historique pour la coopérative du Nyonsais

Alors qu’elle vient juste de fêter son centenaire, la coopérative du Nyonsais - Vignolis pourrait enregistrer cette année un volume record d’olives collectées. Quantité et qualité sont là, et le marché s’annonce plutôt dégagé.

Olive de Nyons : récolte historique pour la coopérative du Nyonsais
L’activité de la coopérative est intense en ce mois de janvier. Les olives sont ici pré-calibrées avant d’être dirigées soit vers le moulin, soit vers un trieur optique pour les olives de table. ©AD26-S.S.

À la date du 11 janvier, la coopérative du Nyonsais-Vignolis estimait avoir rentré les deux tiers des olives de ses 350 oléiculteurs adhérents. Si les conditions météo le permettent, la récolte pourrait largement empiéter sur le mois de février tant les volumes sont abondants. « Nos prévisions se situent entre 1 300 et 1 400 tonnes. Ce serait le record depuis la création de la coopérative en 1923 », se réjouit Serge Roux, le président. En quantité comme en qualité, les voyants sont pour l’instant au vert, à condition que la météo continue d’accorder un peu de clémence à ce territoire qui souffre déjà suffisamment de difficultés en arboriculture, viticulture ou lavandiculture.

Après une récolte 2022-2023 de 600 tonnes [la moyenne se situe plutôt à 1 000 t, ndlr], cette récolte « record » est la bienvenue pour la coopérative. Elle va lui permettre de reconstituer ses stocks, tant en huile d’olive qu’en olives de table. « 98 % de notre production est valorisée en AOP Nyons », rappelle la directrice Anne Laurent. Soit chaque année environ 200 tonnes d’huile et 200 tonnes d’olives de table. Des volumes qui seront largement dépassés cette année même s’il est encore trop tôt pour avancer des chiffres. La part des olives encore sur les arbres qui partira en olives de table reste bien sûr soumise aux conditions de récolte à venir.

Aller plus loin dans la sélection des parcelles

Les dates de l’olivaison en AOP avaient été fixées cette année au 2 novembre pour les olives destinées à l’huile et au 4 décembre pour les autres. Anne Laurent précise que, pour les producteurs de la coopérative, la récolte des olives de table a réellement démarré entre Noël et le jour de l’An.

« Nous avons modifié notre fonctionnement en incitant les oléiculteurs à séparer chaque année, en fonction de la charge des arbres, les vergers destinés à l’huile de ceux destinés à l’olive de bouche. Nous voulons aller plus loin sur la sélection et inciter les producteurs à rechercher une olive mûre à point, que ce soit pour l’expression des qualités organoleptiques dans l’huile ou pour des olives de tables charnues et finement ridées », souligne Serge Roux. À noter, la coopérative ne facture pas la trituration en fonction du poids d’olives apporté mais en fonction de la quantité d’huile produite.

Si l’abondante récolte annoncée est certainement le fruit du phénomène d’alternance bien connu des oléiculteurs, elle pourrait aussi marquer les premiers frémissements d’une hausse attendue de la production en AOP Nyons sur les prochaines années. La crise viticole pousse en effet des exploitants à planter des oliviers.

Investissements prévus en 2024

« C’est une préoccupation depuis deux ou trois ans, reconnaît Serge Roux. Nous sommes déjà en train de réfléchir à comment réguler cette augmentation de production. » La filière olive de Nyons se porte plutôt bien pour l’instant mais « son marché reste un marché de niche », avertit Anne Laurent. « Toute la difficulté va donc être de lisser dans le temps cette augmentation de production et de préparer les marchés. C’est une responsabilité collective des membres de la filière », insiste la directrice. Serge Roux invite d’ailleurs à raisonner les nouvelles plantations dans une logique de « renouvellement du verger ». « Aujourd’hui nous avons d’anciens vergers magnifiques mais difficiles à cultiver, dont j’ai peur qu’ils ne finissent par être délaissés », souligne-t-il.

Du côté de la coopérative, se pose aussi la question de travailler encore plus efficacement les volumes apportés. « Les équipements de la coopérative [moulin à huile, embouteilleuse, trieur optique pour les olives de table, ndlr] sont sans problème dimensionnés pour accueillir un niveau de récolte comme cette année. En revanche nous allons investir en 2024-2025 sur la partie réception », précise Anne Laurent. Il s’agira notamment d’optimiser la gestion des flux en créant un bâtiment supplémentaire pour la réception et en améliorant l’effeuillage, l’épierrage et le pré-calibrage.

Sophie Sabot

Commercialisation

« Le produit du terroir rassure le consommateur »

« Le produit du terroir rassure le consommateur »

Serge Roux et Anne Laurent, président et directrice de la coopérative du Nyonsais-Vignolis, ne le cachent pas : les ventes de produits AOP Nyons ont connu « un petit ralentissement ». Inflation oblige, les consommateurs ont fait davantage attention à leurs achats, que se soit en grande distribution ou en épiceries fines. La coopérative s’est donc adaptée, par exemple en proposant des packagings plus petits, offrant ainsi des tarifs plus abordables pour les consommateurs et permettant aussi de mieux maîtriser les petits stocks de la récolte 2022-2023.

Pour Anne Laurent, il n’y a pas de raison de s’inquiéter de ce léger ralentissement. « Nous avons un atout : le produit de terroir. Le consommateur achète moins mais veut savoir ce qu’il achète, c’est une tendance forte », assure la directrice.

Pour l’instant, un tiers des volumes de la coopérative est commercialisé via ses deux boutiques (Nyons et Les Pilles) et son site internet. Un autre tiers est destiné, sous trois marques différentes, au réseau de distribution qui comprend des GMS, des épiceries fines, des jardineries, des bouchers, des primeurs… Le dernier tiers est vendu en vrac auprès de conditionneurs qui vendent sous leur propre marque et auprès de transformateurs (charcuterie, pain, ravioles…) qui recherchent un produit prêt à l’emploi. C’est d’ailleurs pour répondre à cette demande que la coopérative a investi en 2022 dans une dénoyauteuse-découpeuse qui permet de fournir des morceaux d’olives à intégrer dans les recettes des transformateurs.

Enfin, l’export ne représente que 10 % des débouchés de la coopérative. Une piste à explorer si la production venait à augmenter.

S.S.

REPÈRES

Huile

Selon les chiffres dévoilés par France Olive (interprofession oléicole) dans son dernier rapport d’activité, la production française d’huile d’olive sur la campagne (2022-2023) était estimée à 3 500 tonnes (contre 5 863 tonnes la campagne précédente), dont 31,3 % en AOP. La production en Drôme était estimée à 652 t. 

Olives de table

En olives de table, les chiffres présentés par France Olive concernent les olives prêtes à consommer des campagnes 2020-2021 et 2021-2022, soit dans les deux cas un peu plus de 1 650 tonnes par an. En 2021-2022, les olives noires de Nyons AOP ont représenté 36 % de cette production nationale, suivies par les olives vertes de la région Occitanie (35 %). Près de 50 % de la production française est labellisée AOP.

Consommation

Les Français ont consommé en 2022 :

- plus de 125 000 tonnes d’huile d’olive. Les huiles françaises représentent à peine 4 % de cette consommation ;

-plus de 105 000 tonnes d’olives de table dont 1,6 % d’olives françaises. 

Source : France Olive, rapport d’activité 2022.