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Santé du sol

Solvi’Terra : vers la création d’un laboratoire vivant pour la santé des sols

Alors que plus de 60 % des sols sont dégradés à l’échelle européenne - mettant en péril la sécurité des systèmes agricoles -, le projet Solvi’Terra, porté par plusieurs acteurs du territoire du Val de Drôme, vise à trouver des solutions d’avenir pour retrouver des sols vivants. Explications.

Solvi’Terra : vers la création d’un laboratoire vivant pour la santé des sols
©CA26
Ce projet multi-partenarial a pour objectif de proposer des solutions d’adaptation au changement climatique par le biais de la préservation des sols dans la vallée de la Drôme.

Depuis plusieurs années, les agriculteurs de la communauté de communes du Val de Drôme (CCVD) font face à des problématiques de sécheresse et des restrictions à l’accès à l’eau relativement fortes. Pour pallier à ces difficultés, la CCVD engage depuis cinq ans des travaux autour de la transition agroécologique du territoire. C’est dans ce contexte que le projet européen Living Lab1 Solvi’Terra (2024-2028) a vu le jour, porté conjointement par l’institut de recherche de l’agriculture biologique (Fibl France), la chambre d’agriculture de la Drôme, le groupe de recherche en agriculture biologique (Grab), Solagro et la CCVD.
« La question de la santé des sols est un enjeu majeur dans un contexte de changement climatique. Ce projet, qui rentre dans la Mission Sol2, a comme objectif de créer 100 laboratoires vivants en Europe - dont un dans le Val de Drôme -, issus d’une démarche collaborative entre tous les acteurs : agriculteurs, Cuma, chercheurs, bureaux d’études, conseillers techniques, collectivités territoriales... Au-delà des objectifs d’évaluation de l’état des sols, gravitent plusieurs enjeux : production et rendement agricole, climat et gestion de l’eau, biodiversité, ainsi que les aspects écologiques, économiques et sociétaux. Le sol est un environnement et un écosystème complexe. Le but est donc de pouvoir accompagner l’évolution des pratiques de gestion du sol afin de pouvoir assurer la durabilité de notre alimentation et la résilience de l’agriculture face aux aléas climatiques », déclare Florence Arsonneau, directrice du Fibl France.

Trouver collectivement des stratégies d’amélioration

Sur le territoire de la CCVD, le projet Solvi’Terra permettra d’établir une stratégie pour améliorer la santé des sols à horizon 2050. Depuis le mois de janvier, puis tout au long de l’année, des analyses de sol vont être réalisées suivant le référentiel européen Lucas (voir encadré). Grâce à un maillage tous les 2 x 2 km, 120 points seront prélevés et analysés au cours de l’année pour caractériser les aspects physico-chimiques de la terre (salinité, biomasse microbienne, carbone, granulométrie, pH, matière organique, etc.), l’activité biologique et mesurer la densité des sols. « Sur le terrain, nous observons à la fois la partie physique du sol, c’est-à-dire les problèmes d’érosion et la densité apparente, et la partie biologique du sol, via la présence des vers de terre, explique Marie-Pascale Couronne, conseillère agro-pédologue au sein de la chambre d’agriculture de la Drôme. L’étape suivante consistera, après l’étude de l’état des sols, à travailler collectivement autour de stratégies efficaces pour la préservation des sols face aux agressions climatiques, ajoute-t-elle. Nous allons donc davantage travailler sur la matière organique incorporée au sol, les couverts végétaux pour le couvrir, les rotations, les techniques du travail du sol… ».

Une expérimentation grandeur nature

Par la suite, la mise en place d’un réseau expérimental au sein de quinze fermes du secteur, sur plusieurs systèmes de culture (grandes cultures, arboriculture, polyculture élevage, Ppam…), permettra de tester les pratiques agricoles identifiées comme les plus innovantes et les plus intéressantes par rapport au contexte local. À terme, leur déploiement à plus grande échelle est attendu. « L’idée est de créer au fil des années ce laboratoire vivant pour la santé des sols, afin de continuer à accompagner cette transition. Il y a un enjeu fort à trouver le modèle de gouvernance et de financement adéquat, et c’est aussi l’objectif de Solvi’Terra », rappelle Florence Arsonneau. 

Amandine Priolet

1 Le laboratoire vivant ou « living lab » est une démarche d’innovation participative (…) qui vise à répondre à des problématiques complexes et multidisciplinaires à l’échelle d’un territoire (source : https://dicoagroecologie.fr/).
2 Le but de la Mission « Santé des sols et alimentation », est de s’assurer que d’ici 2030, 75 % des sols dans chaque État membre de l’UE soient « sains », autrement dit que ces sols soient en capacité de fournir l’ensemble des services écosystémiques essentiels (source : https://www.horizon-europe.gouv.fr

Contactez les responsables par mail : [email protected].

Le 14 mai, les participants à l’événement de Solvi’Terra se sont retrouvés sur l’exploitation de la Maison Boutarin à Crest avec les interventions de Laurent Quadrio, Marie-Pascale Couronne, Victor Étevenot et Lucas Courbis, conseillers de la chambre d’agriculture de la Drôme. 

 

Méthodologie

Qu’est-ce que le référentiel Lucas ?

L’enquête statistique sur l’occupation et l’utilisation des sols (Lucas) permet de fournir, grâce à des observations réalisées par des enquêteurs sur le terrain, des données sur l’occupation et l’usage des sols sur le territoire de l’Union européenne. « Les points Lucas se situent aux intersections d’une grille de 2 km de côté, totalisant environ un million de points dans toute l’UE. Au cours de l’enquête Lucas 2018, 750 enquêteurs ont visité sur place un échantillon d’environ 240 000 points, tandis que 98 000 autres points ont fait l’objet de photo-interprétations. Les points sont sélectionnés sur la base des informations relatives à la stratification », explique le site européen Eurostat. 
A.P.