Triballat Rians : pour une production plus responsable
Les Laiteries H. Triballat Rians, riches d’un savoir-faire familial depuis 120 ans, se sont engagées dans une démarche « Laiterie familiale engagée », visant à promouvoir des pratiques durables du champ à l’assiette.

Implantées sur l’ensemble du territoire français, Les Laiteries H. Triballat Rians comptent deux fromageries en Auvergne-Rhône-Alpes, plus précisément à Saint-Félicien (Ardèche) et Aouste-sur-Sye (Drôme) sous l’intitulé « La fromagerie de la Drôme ». Si la renommée de l’entreprise familiale n’est plus à faire, après 120 ans d’existence, elle poursuit son développement et son engagement envers un monde plus juste et plus durable. Ainsi, depuis plusieurs mois, Hugues Triballat, président, et Dominique Verneau, directeur de la production laitière, se sont penchés sur la création d’une démarche RSE1, appelée « Laiterie familiale engagée ». « Notre démarche met en lumière l’ensemble de nos engagements et nos ambitions pour une production collective durable », a annoncé Hugues Triballat, le 13 avril dernier à l’occasion d’un webinaire. Sont associées à ce projet neuf organisations de producteurs (trois en lait de vache et six en lait de chèvre) et deux organisations non gouvernementales (ONG) : WWF (pour renforcer les pratiques d’élevage durable) et CIWF (pour faire du bien-être animal un enjeu majeur). Tous ont pris des engagements collectifs pour promouvoir des pratiques durables, du champ à l’assiette, avec l’ambition ultime de réduire l’empreinte environnementale. « Cela fait des années que l’entreprise s’est engagée dans des démarches vertueuses. Nous avons voulu formaliser nos engagements dans nos territoires », indique Dominique Verneau.
Hugues Triballat, président des Laiteries H. Triballat, et son fils Henri, qui deviendra directeur de la production laitière en septembre 2021. ©Laiteries H. Triballat Rians
Vers des pratiques plus durables en élevage
Dans un premier temps, l’entreprise s’attache à promouvoir l’élevage durable en préservant la durabilité des métiers (juste rémunération du lait, soutien au remplacement des producteurs de lait), en s’appuyant sur l’éthologie pour renforcer le bien-être animal (accès à l’extérieur, sociabilisation dès trois semaines des jeunes animaux), tout en réduisant l’impact sur l’environnement (arrêt d’importation du soja, alimentation protéique 100 % française, etc.).
Pour Lucille Bellegarde, représentante de CIWF (Compassion in world farming), s’engager dans cette démarche a « pour but d’emmener tout le monde vers des pratiques d’élevage durables et favorables au bien-être animal ». Plusieurs axes d’amélioration sont proposés. « Nous avons décidé de travailler sur l’accès à l’extérieur pour les chèvres laitières et au pâturage pour les vaches laitières. Notre travail va également reposer sur l’amélioration des conditions de vie des jeunes animaux (veaux, chevreaux) avec la thématique du logement et de la gestion des douleurs lors d’interventions chirurgicales. Enfin, la question de la longévité des troupeaux sera également un enjeu majeur de notre démarche ».
Le WWF (fonds mondial pour la nature) s’est aussi engagé auprès des laiteries H. Triballat Rians : « on sait que les pratiques agricoles, et en particulier l’élevage, sont des causes majeures de perte de biodiversité à l’échelle mondiale. C’est aussi 15 % des émissions de gaz à effet de serre. Si les impacts sont importants, il n’est pas question pour nous d’interdire l’élevage ni même de demander aux consommateurs de ne plus consommer de viande ou de produits laitiers, mais bien de consommer mieux, des produits ayant un moindre impact sur l’environnement », rajoute Arnaud Gauffier, représentant du WWF.
Réduction de l’empreinte environnementale
À ce titre, l’entreprise laitière a décliné ses engagements en plusieurs indicateurs de durabilité, dont celui de l’autonomie protéique des exploitations d’ici 2030 (100 % d’alimentation française pour l’alimentation animale), visant à diminuer la dépendance aux protéines d’importation et notamment le soja importé du Brésil. Dans un souci de réduction de l’empreinte environnementale, Les Laiteries H. Triballat Rians se sont également fixées comme objectif d’atteindre les 100 % d’emballages recyclables et de réduire de 25 % (soit 250 tonnes) leur consommation de plastique d’ici 2030. L’entreprise souhaite également développer un projet photovoltaïque et recourir à l’utilisation de biocarburant local pour distribuer l’ensemble de ses produits. « Depuis longtemps déjà, on s’attache à diminuer l’empreinte environnementale de nos activités de transformation », note Hugues Triballat.
Depuis 2020, le site Triballat de Rians est aussi « Refuge LPO2 » qui distingue la biodiversité sur un site industriel. Par ailleurs, l’entreprise veut s’attacher à perpétuer l’ensemble des savoir-faire (charte des ingrédients, formation interne par des certificats de qualification professionnelle) et les faire reconnaître lors de différents concours nationaux et internationaux. Dernier point abordé, la sécurité des 1 500 collaborateurs.
« La sécurité dans nos activités est un enjeu prioritaire pour nous, mais également la santé. En travaillant sur l’ergonomie,
le poste de travail, la gestuelle, nous avons réussi à réduire de façon conséquente les troubles musculo-squelettiques dans nos ateliers », conclut Hugues Triballat.
La qualité de vie au travail est donc largement prise en compte par les laiteries Rians.
Amandine Priolet
1 Responsabilité sociétale d’entreprise.
2 Ligue de protection des oiseaux
Étude : les consommateurs préoccupés par le bien-être animal
Lors du webinaire, une étude* sociologique sur le thème de l’alimentation et de l’élevage a été dévoilée. Réalisée auprès d’un public de milléniaux (consommateurs français âgés de 18 à 34 ans), cette étude a permis d’identifier les attitudes et les attentes de cette génération de consommateurs. Ainsi, 44 % d’entre eux ont indiqué vouloir une alimentation plus durable, plus respectueuse de la santé, de la planète, des animaux et des agriculteurs. « Près d’un millénial sur deux pense nécessaire la transition alimentaire. Il y a un éveil des consciences qui montre que la quête de sens est plus importante que la stimulation des sens, c’est-à-dire la recherche des saveurs », a expliqué Éric Birlouez, sociologue de l’agriculture et de l’alimentation. Pour autant, parmi ces 44 %, 19 % des répondants déclarent ne pas avoir les moyens financiers de mettre en pratique au quotidien cette alimentation durable et responsable. Parmi les 1 014 personnes interrogées, 58 % définissent le « manger durable et responsable » comme le fait de manger mieux, sans forcément manger moins, avec des produits plus sains, ayant moins d’impacts négatifs sur l’environnement. Aussi, selon 47 % des répondants, un produit laitier de qualité est un produit le plus naturel possible, sans substances chimiques ni ingrédients indésirables. 36 % jugent qu’il s’agit d’une production où le lait est produit dans le respect du bien-être animal. « C’est un résultat tout à fait inattendu, puisque les bienfaits pour la santé ou le bon goût passent après », avance Éric Birlouez. Mais le bien-être animal est un sujet bien souvent préoccupant pour les consommateurs. D’ailleurs, 49 % des 18-34 ans interrogés ont avoué que le mauvais traitement des animaux d’élevage était une raison qui justifierait leur choix de ne pas acheter de produits laitiers. Enfin, les milléniaux se montrent également très sensibles au fait que les éleveurs soient rémunérés dignement (47 %). Une reconnaissance de leur travail qui devrait constituer la priorité d’une marque de produits laitiers qui se dit « engagée ». Viennent ensuite les questions de limitation de l’usage de plastique et du recyclage des déchets (39 %) ou encore la protection des ressources naturelles et de la biodiversité (36 %). Au-delà de la sensibilité au respect de l’environnement, « les milléniaux sont préoccupés par deux axes majeurs, qui sont le bien-être animal et le bien-être de l’éleveur », conclut Éric Birlouez. Preuve que la transition alimentaire chez les 18-34 ans est en marche.
A. P.
*Étude réalisée en ligne par YouGov France, du 23 au 25 mars 2021.