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« Le gaz vert a toute sa place dans la transition énergétique »

Le 29 septembre, en Drôme, deux tables rondes ont eu lieu sur la thématique « gaz vert, une énergie au service des territoires ». La place des projets de méthanisation portés par des agriculteurs dans la fourniture de biogaz était au cœur des débats.

« Le gaz vert a toute sa place dans la transition énergétique »
Table ronde réunissant notamment le directeur délégué territoire chez GRDF Aura, Olivier Bresson, la députée Alice Thourot, la présidente du Sytrad et maire de Portes-lès-Valence, Geneviève Girard, la maire d'Etoile-sur-Rhône, Françoise Chazal et une des associées de Méthavéore, Carine Courtial.

Le 29 septembre à Etoile-sur-Rhône (26), la société Méthavéore a accueilli la caravane du CoFarmingTour et celle d’AgridemainTour, deux initiatives destinées à promouvoir la capacité d’innovation de l’agriculture française. Objectif de cette rencontre : valoriser le rôle que peuvent jouer les agriculteurs dans la production de gaz vert. Méthavéore en est un parfait exemple. Porté par trois agriculteurs, ce site de méthanisation est le premier en Drôme à avoir été raccordé, en octobre 2020, au réseau GRDF pour alimenter en gaz renouvelable des logements sur les communes d’Etoile-sur-Rhône, Portes-lès-Valence et Valence.

Acceptabilité sociétale

« Nous sommes convaincus que le gaz vert a toute sa place dans la transition énergétique », a affirmé Olivier Bresson, directeur délégué territoire chez GRDF Auvergne-Rhône-Alpes lors de cette rencontre. Pourtant, force est de constater que les agriculteurs rencontrent souvent des obstacles pour concrétiser leurs projets de production de biogaz. A commencer par l’acceptabilité sociétale de la méthanisation. Carine Courtial, l’une des trois exploitants agricoles à l’origine de Méthavéore, a expliqué comment, avec ses deux associés, ils avaient impliqué les élus locaux dès le début de leur réflexion. Françoise Chazal, maire d’Etoile-sur-Rhône, a témoigné de ce voyage effectué en Suisse avec les trois agriculteurs pour découvrir un site de méthanisation implanté en plein cœur d’un village. Pas d’odeur, une parfaite cohabitation avec les voisins, cet exemple a convaincu l’élue de soutenir le projet Méthavéore. « Ce type d’installation apporte de la valeur sur le territoire par la valorisation des déchets, la production du digestat, engrais organique… Mais il faut une appropriation par les collectivités », a insisté Olivier Bresson.

Priorité à la production alimentaire

Ces débats ont été l’occasion pour la députée drômoise Alice Thourot de « faire passer un petit mot à certaines administrations qui, parfois, peuvent freiner et décourager des porteurs de projet ». Une administration qui a profité, elle, de ce temps d’échange pour rappeler qu’elle doit être garante de la préservation de tous les équilibres du territoire. « Les Cive [cultures intermédiaires à vocation énergétique, utilisées comme intrant dans les unités de méthanisation agricoles, ndlr] sont un vrai sujet en Drôme, où la tension sur la ressource en eau est forte, a indiqué Dominique Chatillon, chef de service à la direction départementale des territoires (DDT). Cette ressource doit clairement être destinée à des cultures alimentaires dans le cadre de la reconquête de la souveraineté alimentaire nationale ». Un point de vue partagé par Thierry Mommée, élu à la chambre d’agriculture de la Drôme, qui a souligné : « De façon générale, la production d’énergie ne doit pas concurrencer la production alimentaire ».

Pour Olivier Courtial, associé du projet, l’expérience Méthavéore montre qu’il est possible de concilier ces enjeux. « Nous avons remplacé 40 % de nos surfaces en maïs par du blé dur qui nous permet de libérer tôt nos sols pour implanter des sorghos à cycle court qui produisent de la biomasse destinée au méthaniseur », a-t-il détaillé, affirmant ainsi consommer globalement moins d’eau sur ses cultures depuis la mise en place des Cive. Autre point qui suscite des débats autour de la méthanisation agricole : le risque d’appauvrissement en carbone des sols. « Il faut effectivement veiller dès le départ à disposer de gisements exogènes qui permettent [via le digestat, ndlr] de rapporter aux assolements du carbone, a reconnu Olivier Courtial. Notre projet n’est pas basé sur l’idée de produire du gaz mais bien de chercher une autre alternative pour amender nos sols agricoles. »

Juste répartition des projets

Tous ont convenu que les projets de méthanisation doivent prendre en compte l’ensemble de ces paramètres mais également être pertinemment répartis sur le territoire. Objectif : éviter que des déchets d’industries agroalimentaires locales n’aillent jusqu’en Belgique ou dans le nord de la France pour être méthanisés.

D’ici fin 2023, le tri obligatoire des déchets biodégradables dans les ordures ménagères pourrait aussi amener les collectivités et les citoyens à regarder d’un œil plus clément l’arrivée de méthaniseurs sur leur territoire. Ceux-ci apportant une solution de proximité au traitement de ces biodéchets. Olivier Bresson en est convaincu : la production de biogaz est un « service rendu à la patrie : une énergie renouvelable, qui apporte de la valeur localement et favorise une économie circulaire ». En France, selon lui, plus de 300 méthaniseurs injectent déjà du gaz vert dans les réseaux.

Sophie Sabot