« Être agricultrice aujourd’hui, c’est casser les clichés »
Retrouvez les portraits de trois agricultrices drômoises à l'occasion de la Journée interntationale des droits des femmes.

Claire Rousset : « Être agricultrice aujourd’hui, c’est casser les clichés »
Installée en janvier 2024, Claire Rousset a créé le Gaec de la Morelle avec son père au Chaffal. La jeune femme de 24 ans gère un troupeau de 40 vaches laitières pour la production de lait en IGP Saint-Marcellin à l’Étoile du Vercors. Claire Rousset a suivi un Baccalauréat sciences et technologies de l'agronomie et du vivant au lycée du Valentin, un BTS en apprentissage au lycée de La Côte-Saint-André et une certification de spécialisation lait au centre d’élevage de Poisy. « Être agricultrice aujourd’hui, c’est casser les clichés qu’on peut avoir sur la femme. En tant que jeune fille, il faut arriver à être crédible. Nous, nous n’avons pas de gros bras mais nous pouvons faire le travail. Il y a plein de façons de travailler. Il suffit d’être organisé et d’optimiser le travail. Il faut savoir être assez forte pour faire face à certains hommes peu compréhensifs. Avant de m’installer, on me disait "tu ne vas pas t’installer en vaches, c’est trop physique, ça sera moins physique en chèvres ou brebis"», rapporte l’éleveuse.
Son conseil : « Ne pas avoir peur, faire face aux critiques et ne pas s’arrêter à ça ». Elle conseille la lecture de la bande-dessinée « C’est qui le patron? » de Maud Benezit.
Fanny Boutarin : « Aujourd’hui, l’avantage, c’est qu’on choisit »
Elle a mené sa carrière jusqu’à ses 40 ans avant de rejoindre son mari Stéphane sur sa ferme. Fanny Boutarin a été responsable d’innovation à la chambre du commerce et de l’industrie. « J’avais mon chemin à faire et c’est ce que j’ai fait. À mon installation, je n’avais rien à prouver à personne, j’avais déjà la reconnaissance de mon parcours professionnel », estime l’agricultrice. La maison Boutarin possède 60 hectares en céréales et semences dont dix hectares d’ail, qui représentent 70 % des revenus de la ferme. Pour s’installer, Fanny Boutarin a créé un atelier de transformation et une nouvelle structure pour faire de l’ail noir. « J’ai du sens à mettre à ma vie en lien avec cette ferme et mon mari. Nous sommes arrivés à un état d'épanouissement de notre couple et nous sommes très heureux de travailler ensemble. Chacun dans son domaine, on se nourrit mutuellement. La place des femmes dans le monde agricole change positivement. Les femmes qui reprennent une ferme, beaucoup le font par choix. Certaines sont aussi mères au foyer et ce sont de vrais choix. Aujourd’hui, l’avantage, c’est qu’on choisit ».
Son conseil : « Ne restez pas isolées, il y a des réseaux. Entourez-vous de personnes motivées ».
Anaïs Robert : « Ne pas lâcher le morceau et se faire respecter »
Âgée de 32 ans, Anaïs Robert s’est installée en polyculture et élevage caprin en transformation fromagère en partie en AOP Picodon. Elle a rejoint ses parents, Odile et Éric, sur le Gaec familial des Baratons en 2018 à Châteauneuf-de-Galaure. La Drômoise assure la partie élevage et la commercialisation. Si ses parents sont agriculteurs, la jeune femme s’est d’abord tournée vers des études en génie civil. « Et finalement, la passion des chèvres m’a rattrapée, confie celle qui s’est réorientée vers un BTS production animale. Les animaux me manquaient ». Bien intégrée sur la ferme familiale, Anaïs Robert a toutefois constaté que les femmes étaient peu représentées en agriculture. « Quand on est dans des réunions, il y a toujours moins de femmes. Sur le matériel, on se sent seule avec des sous-entendus comme "les femmes n’y connaissent rien", certains qui se demandent "qu’est ce qu’elle fait là ?" et d’autres qui demandent à "parler au chef d’exploitation" sans penser qu’ils l’ont en face d’eux », constate-t-elle.
Son conseil : « Ne pas lâcher le morceau et se faire respecter. Nous avons la même place que les autres. »
Propos recueillis par Morgane Eymin